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Bonne année

de

Après avoir décrit les turpitudes de la jeunesse des années 70 (avec Quequette Blues notamment), après avoir décrit celles de la jeunesse des années 90 avec L’autoroute du Soleil, Baru s’attaque logiquement à celles de la jeunesse des années 2010 !
Au premier abord, on est un peu perturbé de voir Baru s’attaquer au roman d’anticipation mais force est de constater que le talent de conteur de Baru est resté intact.
Les aspirations des jeunes sont toujours les mêmes (draguer, danser, baiser) mais le contexte est de moins en moins favorable. Car Baru imagine un monde totalitaire (on a du mal à ne pas reconnaître Le Pen en chef du gouvernement même si nom n’est pas indiqué) où la solution au problème de l’insécurité a été trouvé facilement : les banlieues forment désormais un monde clos et hermétique (l’armée y vieille) où le SIDA est la règle, où les drogues sont gracieusement distribuées mais où une des denrées les plus rares est le préservatif !
Le monde change mais le problème crucial pour les adolescents (de la gente masculine) reste toujours le même, comment satisfaire sa libido ?

Heureusement, même dans ce monde hostile, les valeurs refuges restent les mêmes : amitié, entraide et débrouillardise (quelquesoit la couleur de la peau). Comme toujours chez Baru, ça sent l’urgence et les courses poursuites s’enchaînent (c’est dans le mouvement que le talent de dessinateur de Baru est franchement irrésistible) … on notera d’ailleurs que la majeure partie du temps, les personnages sont en déséquilibre soit parce qu’ils courent, soit parce qu’ils exultent …

Pour ce qui est de la construction du récit, Baru continue à expérimenter (après le « sectionnement » en épisodes apparemment distincts de Sur la route encore) : nous suivons ici des personnages différents qui au gré des rencontres se cèdent la place. Le tout est encadré par une séquence télé qui trouve son explication à la dernière case. Du grand art !

Site officiel de Casterman
Chroniqué par en avril 1999