du9 in english

Les Folles Nuits de Jonathan

de

Jean-Paul Jennequin est partout en ce moment. Totalement incontournable :
– Directeur de collection aux éditions Béthy : Arnaque à l’arraché de Paul Pope ; Bitchy Bitch de Roberta Gregory.
– Traducteur aux éditions Delcourt : Les 500 pages de Cages de Dave McKean, c’est lui. Black Hole de Charles Burns, c’est encore lui. J’imagine que Les yeux à vif d’Adrian Tomine, c’est aussi lui.
– Journaliste (Cahiers de la BD, Scarce, 9e Art).
– Il auto-édite depuis 1994 la revue Bulles gaies consacrée à la bande dessinée gaie et lesbienne et, pour finir, il est l’auteur des Folles Nuits de Jonathan (sorti l’année dernière).

On peut donc comprendre que Jennequin connaît et aime la bande dessinée comme peu, mais … les meilleurs lecteurs ne font pas les meilleurs auteurs.

Que dire des Folles Nuits de Jonathan ?
Tout d’abord, il y a le dessin que je préfère vous laisser juger par vous-même.
Ensuite, il y a l’histoire …
Jonathan est un jeune gai de 19 ans, encore puceau, bla bla bla … De boîtes en saunas, de rencontres d’un soir en comings outs à répétitions … bla bla, et puis il y a son job d’été pour le salon du livre d’art.
Seulement, Jonathan n’est pas précisément un jeune homme intrépide qui emmènerait le lecteur à la découverte des backrooms ou autres lieux de dragues. (non pas que cela aurait fait un meilleur scénario !) Non, Jonathan est sage, très sage, à la limite de l’ennuyeux. Pas un héros, pas un anti-héros, un non-héros.

Quant aux folles nuits ? Elles ne sont que dans le titre. D’ailleurs, le dernier quart du livre ne suit pas Jonathan dans sa découverte de sa sexualité, mais dans son (ennuyeux) job d’été censé amener, tout à la fin, à une rencontre sentimentale.

Pour rester dans un univers gay, disons que c’est beaucoup moins émouvant que le journal de Fabrice Néaud, ou Steven’s Comics de David Kelly. Beaucoup moins drôle que les albums (hilarant) de Ralf König, les récits gay de Roberta Gregory (Bitchy Butch) ou les Dykes to watch out for d’Alison Bechdel.
Et puis, il y a un dernier défaut. C’est cher. 130 Francs !
Pour 230 pages, quand même, mais bon …

Il est vrai que cette bande dessinée cherchait à combler un vide dans la bande dessinée francophone, mais Jennequin aurait peut-être mieux fait de traduire des auteurs étrangers, ou de pousser des auteurs français à aborder ce thème qui concerne, si j’en crois Jonathan, 1 homme sur 10.

Chroniqué par en juin 1998