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Les Incidents de la Nuit

de

David B. grand lecteur, grand rêveur, fuit la nature tendant au haut mal, pour la culture où la souffrance n’est plus que rêvée (soi-disant).
La culture (évolutive, originelle et universelle) se manifeste plutôt la nuit, quand les lumières du labeur, zénithales et raisonnables, suivent leurs cycles parallèles et respectifs. Les incidents se font jour dans la nuit quand la culture se fait nature, quand les premiers dieux (les premières explications de la nature) se manifestent en tant que Enn, ou haine, ou N, ou n, etc.

Auteur se nommant par une lettre, David B., héros des jours dans le Haut Mal, devient ici dans les incidents, héros de la nuit (un héros qui n’est pas que de papier mais aussi de chair, d’ombre et d’os). Il y fréquente un libraire (Lhôm) qui parle à l’ange de la mort (Azrael), et il y arpente une librairie univers qui emprunte sa topographie aux espaces intérieurs (ou d’émotivité) de Monsieur Même, la créature de Forest et Tardi.

Pour cela David B. suit les chemins de Travers : Emile de son prénom, ancien soldat de Napoléon avec un N, homme sans visage car défiguré à Waterloo. Ce personnage sans figure (ou cette dé-figure) est à l’origine de tous les incidents (la revue, le rêve de David B., la bande dessinée que vous lirez ou avait lu, et aussi, bien sûr et par conséquent, de cette chronique …).
Dans sa volonté de comprendre, de savoir, de lire et d’écrire (cette même volonté qui fait l’histoire) l’auteur convoque les mythes qui font l’histoire de la culture. Et que voit-on d’entre les mots et d’entre les lignes ? Que finalement David B. ne fait pas l’ascension (dans la nature) mais va aux racines du mal dans la culture !
La problématique est là et elle s’amplifie en éclairant toute l’oeuvre de David B.

Le deuxième tome se termine sur un « Z » témoignant du sommeil du libraire. Mais restez sans inquiétudes, cette pause est temporaire. Lhôm ne pourra pas dormir tranquille ! La dernière lettre de l’alphabet n’est qu’un « n » couché sur le côté droit, qui même pour les lettres n’est pas celui du coeur ! C’est pourtant bien aux rythmes de celui-ci que d’autres incidents de la nuit viendront nous envoûter.

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Chroniqué par en avril 2001