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QRN sur Bretzelburg

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Le Marsupilami avale une radio miniature. Un Roi est drogué. Les militaires sont pourris. Trinitro et Helmut organisent la résistance. Fantasio est torturé par le docteur Kilikil. Franquin est un génie. Greg n’est pas mal
non plus.

Suite à un quiproquo, Fantasio est enlevé par la police secrète du Bretzelburg. Elle l’a confondu avec un radio amateur qui a échangé quelques discussions avec leur roi, prisonnier et drogué dans son propre château. Spirou se lance au secours de son ami et déjoue le complot qui avait plonger le pays dans la misère.

Il y a des lectures d’enfance que l’on oublie, des que l’on ne peut relire sans difficulté, d’autres que l’on aimerait ne pas avoir lu. Chacune d’entre elles remue des souvenirs. Très peu de ces albums ne prennent aucune ride.
Et pourtant, en voilà un qui justement paraît en 1966 avec un défaut de fabrication qui fripe toutes les couvertures mais rentre dans la catégorie des chef d’œuvres intemporels. L’histoire commence à paraître en 1961 dans l’hebdo du groom, puis s’arrête pour des raisons de santé défaillante de l’auteur, avant de reprendre en 1963 au beau milieu de l’anthologique scène de torture où Fantasio subit le crissement de craie insupportable du docteur Kilikil. On ne le saurait pas que l’on ne s’en rendrait pas compte, mais le tour de force de Franquin est impressionnant. La magie est intacte, la simple lecture
de ces cases vous fait grincer des dents.

On retrouve dans QRN sur Bretzelburg un contexte historique daté qui sent bon la guerre froide, mais suffisamment subtil pour qu’il reste d’actualité,
dénonçant militarisme, torture, censure et systèmes totalitaires qui ne sont malheureusement pas passés. On y voit des files d’attente devant les magasins et des bus à pédales ( !), des militaires abrutis, des révolutionnaires débonnaires et rigolos, et des pleutres témoins de leur temps. Le tout est dessiné d’un trait d’une énergie débordante, fascinante, de la queue du Marsupilami à la moindre baffe distribuée par Fantasio, des équipements radio aux trains de marchandises. Un régal. Les dialogues ne sont pas en reste et les perles sont courantes. Un seul regret : la version que l’on trouve dans le commerce a été amputée de pas mal de pages et de cases « pour que ça rentre dans le format ». Il en existe une autre, une intégrale, épuisée et bien coûteuse. On trouve heureusement sur le net tout ce qu’il faut pour combler ce manque.

Site officiel de Dupuis
Chroniqué par en octobre 2005