Extrait de "Le Dossier Kokombo / Ile Pacifique / Le joyau Mongol"
Le Dossier Kokombo / Ile Pacifique / Le joyau Mongol
Dans les années 70, la bande dessinée avait grandi, elle n’avait plus peur des comparaisons et se sentait fondamentalement d’aventure (et d’exploration).
Son succès d’alors lui rappelait celui de Melville, Conrad, Kipling, Monfreid, etc … S’en croyant la digne héritière dans l’imaginaire collectif, elle se sentit apte à reprendre le flambeau.
Oublié pour longtemps, les essais de sens et de signes du type Moebiusiens (art z) ! Désormais l’on s’abandonnait totalement à l’irruption sauvage de la bande dessinée dans la littérature.
Dargaud créa alors sa collection Un homme une aventure et Casterman mit en route la revue (A Suivre) taillée sur mesure pour le maître absolu de cette tendance : Hugo Pratt.
A côté de lui sur ce même piédestal l’on pouvait alors trouver : Battaglia, Sio, Micheluzzi, Toppi …
A leurs lectures, on pense immédiatement à Pratt (en particulier avec Ile Pacifique qui évoque la ballade de la mer salée). La différence fondamentale avec Pratt est l’utilisation massive de la documentation photographique dans la construction des planches (là, on pense alors plus à Sio ou à Battaglia) et pas seulement comme documents.
Le travail de Toppi tient souvent plus du collage et du montage que du dessin. Mais il unit le tout par un sens étonnant de la planche, de la composition ainsi que par un travail du trait et du noir et blanc original.
Détails (ethnologiques) et abstraction s’alternent et/ou se mélangent pour mieux accéder aux contes ou aux mythes, du coin du feu et ainsi les démythifier pour mieux les mythifier dans le rapport au livre.
Toppi a aussi avec lui tout le langage du western spaghetti : Gros plan, effet de zoom, l’aventure sale, antihéros, etc … Les personnages transpirent beaucoup, sont aux carrefours d’impasses aux extrémités du monde (géographie !) tout en venant de nulle part, avec pour simple bagage un drame, une grande culture ou une soif de possession (voir les trois à la fois).
Toppi explore et parle d’explorateurs ce qui est logique car tel est le sens de l’aventure, tel est le sens qui nous manque aujourd’hui.
L’étrange planète fût délaissée rapidement dés le début des années 80, qui ne feront que la mimer pour mieux l’abîmer (la polluer). De toute façon, chez Toppi et ses camarades, la mélancolie régnait déjà et rien après la seconde guerre mondiale ne semblait pouvoir soutenir leur idée de l’aventure et de l’exploration.
Le premier a avoir mis (réellement, dans l’actuel !) en question ce style, fût Manara (la génération suivante) qui symboliquement (et intelligemment !) l’enterra avec son Guiseppe Bergman rencontrant H.P.. Toute la carrière de Manara est à comprendre à l’ombre de cette aune d’ailleurs.
Editorialement, l’enterrement se fera laborieusement avec de tristes résurgences comme le mensuel Corto. La mort cérébrale fût dure à admettre.
Lire Toppi et sa topique aujourd’hui n’est donc pas seulement se plonger dans un style, un coup de crayon, ou un type d’histoire, c’est aussi — et peut être avant toute chose — lire en filigrane une époque (et une culture dItalie !) allant de Breccia à Manara, avec un Pratt pour sommet.
Ensuite vient l’invitation à l’usage des mots : aventure et/de l’exploration (littéraire, géographique), pour ceux à qui ces deux mots évoquent autre chose qu’une attraction dans un parc de loisir ou des voyages organisés.
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