Il pleut

de

Aux débuts de la Comédie Illustrée, Jean-Philippe Peyraud (épaulé par Christopher) nous avait gratifié d’une série de petits albums bien sympathiques, d’un trait fluide et élégant. Ça s’appelait Tasse de Thé, il y en avait cinq volumes, que l’on dévorait le sourire aux lèvres. C’était presque du sitcom en bande dessinée, les petites tranches de vie d’un groupe de copains que l’on retrouvait au fil des épisodes dans des scénettes pas bien éloignée de notre vie de tout les jours — l’humour en plus.
Ensuite, Jean-Philippe Peyraud s’était tourné vers d’autres éditeurs, le temps d’un petit livre, Vinaigre chez la Cafetière, Soit dit en passant au Cycliste, Celle qu’on regrette chez [treize étrange] — autres formats, autres explorations. Si les deux premiers se tournaient vers l’exercice difficile du strip, gag et chute en quatre ou six cases, Celle qu’on regrette montrait une nouvelle direction : moins d’insouciance, plus de sensibilité encore.

La page est définitivement tournée avec Il Pleut, qui marque le retour de Jean-Philippe Peyraud à la Comédie Illustrée. 48 pages d’un petit album sur papier ivoire, au dessin léger sur lequel se posent désormais quelques aplats gris. 48 pages qui ont le goût parfois amer et parfois tendre de la vraie vie, celle où il pleut de temps en temps.
Autour du thème de l’averse (passagère ou non), c’est là une demi-douzaine de petites scènes agrémentées d’instantanés pris sur le vif, quittant résolument les planches du sitcom pour les extérieurs. Et si le dessin simple et élégant continue de fasciner, les dialogues sont ici d’une remarquable justesse. Finie la belle efficacité des séries télévisées, où chaque réplique fait mouche — ici, les conversations hésitent, dérivent et s’égarent, naturellement.
Au fil de ces portraits, Jean-Philippe Peyraud pose les bases de son nouvel univers, à la fois mélancolique et sensible, souvent léger et parfois amer, un univers peut-être moins insouciant que celui des Tasse de Thé, mais tout aussi attachant.

Site officiel de La Comédie Illustrée
Chroniqué par en avril 1999