Monkey vs. Robot

de

Kochalka signe une jolie fable, tout de malentendus, de naturel contre artificiel, et d’un conflit hors d’âge dans un décor semblant originel.

Entre les cousins (hédonistes) de l’homme et les créations (laborieuses) de l’homme rien ne va plus. L’homme le grand absent (éliminé par la nature ou par l’artificiel ?), n’est plus là (ou n’est pas là) et c’est aussi bien (ou c’est aussi pire).
Les robots occupés à fabriquer des robots dans leur usine, polluent la rivière qui, ainsi défigurée, tue un singe soudainement englué comme une mouette bretonne. Alors les singes se vengent, puis les robots aussi, démontés par le démontage (mis en pièces) de leurs frères. Ce cercle vicieux va alors aller crescendo en se rétrécissant dans un face à face singe contre grand ordinateur central de l’usine des robots. Explosion, destruction totale, déluge salvateur et survie d’un singe mais soudainement plus petit, plus fragile malgré son sourire [1] .

Cet album carré d’une centaine de pages, fait l’objet d’un façonnage et d’une mise en page soignés. Il est entièrement imprimé dans un vert participant et amplifiant ce combat dans une jungle intemporelle, entre jardin d’Eden et forêt amazonienne massacrée.
Ce traitement de la couleur (uniquement consacré au trait) et la quasi-absence de dialogues pourront vous évoquer l’album Cave in de Brian Ralph. Mais le style particulier de Kochalka écartera d’autres comparaisons. Monkey vs Robot n’atteint certes pas la profondeur émotionnelle d’albums précédents comme Kisser ou The horrible truth about comics, mais on aurait tort de les comparer. Le registre n’est pas le même et le ton de Kochalka évolue ici en conséquence pour notre plus grand bonheur.
Monkey vs Robot est une sorte de livre pour enfants pour adultes, et de ce fait invite au feuilletage et à la ballade relecture (en jungle). Cette tentative, à mon sens réussie, en fait toute sa valeur.

Notes

  1. Un sourire d’être vivant pour morale de la fable. Mais aussi un sourire à la fois victoire et témoignage de l’Histoire dans l’esprit du singe. Avec à la clef, une mémoire qui passera par un langage, pour la vie riche d’une expérience supplémentaire.
Site officiel de James Kochalka
Chroniqué par en mars 2001