Persepolis (t1)

de

La première remarque que l’on se fait en ouvrant Persépolis, c’est « Tiens David B en fille », et c’est bien vrai que le dessin de Satrapi transpire des influences du pilier de l’Association.
Mais la lecture de l’album permet de faire abstraction de ce défaut originel assez rapidement, car Marjane Satrapi a quelque chose à raconter, et finalement, le graphisme emprunté non seulement ne devient plus une gêne mais parvient même à coller au propos de l’auteur.
Un propos inédit puisque ce que raconte Persépolis, sous forme d’autobio dessinée, ce n’est pas moins que la révolution islamique de 1979 en Iran, vue par les yeux d’une petite iranienne.

Bien loin des clichés de Jamais sans ma fille, Marjane Satrapi montre une société iranienne rejetant définitivement la dictature du Shah et tombant progressivement sous la coupe des islamistes.
Sans jamais pontifier, l’histoire de ces cocus de la révolution iranienne, de ces démocrates, de ces communistes oubliés de l’opinion occidentale au seul profit des étudiants islamistes, est exemplaire dans le traitement de l’événement historique : ici, le point de vue adopté est nécessairement subjectif et donc par là même sensible et touchant.
Bien sûr, ce premier album de bande dessinée n’est pas exempt de défauts de narration, mais le propos, parce qu’il est passionnant, fait bien vite oublier des maladresses de jeunesse. Le seul vrai regret est évidemment qu’il s’agisse encore une fois d’un premier tome, et qu’il faille patienter pour découvrir la suite de l’enfance iranienne de Marjane Satrapi.

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Chroniqué par en mars 2001