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Week-end avec préméditation

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L’absence. Elle a ce parfum d’amertume qui nous serre la gorge et trouble notre regard. Elle sait nous faire remonter dans le temps à la recherche de souvenirs égarés. Qui, mieux qu’elle, peut désigner qui nous avons perdu ? Du plaisir qu’elle nous donne à ressasser nos vieilles images, elle nous condamne à porter son fardeau dans une douleur sourde et muette.

L’absence est au centre de ce nouvel ouvrage de Wazem et Tirabosco. Tous deux issu du collectif Atrabile, ils font partie d’une génération prometteuse de jeunes auteurs Genevois dont l’on ne parle hélas pas assez. Avec beaucoup de délicatesse ils nous racontent l’histoire de trois amis. D’une semaine à la montagne pour passer quelques vacances à une semaine de recherche pour essayer de se retrouver et de comprendre.

Cette histoire s’adresse à ceux qui ont perdu quelqu’un. A ceux qui cherchent à comprendre. Et comme à la fin du terrible et merveilleux film de Sophia Coppola, The Virgin Suicides, à ceux qui depuis, ont changé leur regard. En fait, cet album ne raconte pas une histoire, mais peut être une partie de la nôtre. C’est pourquoi il est sans doute irracontable, donc indispensable.

[François|signature]

Doublé pour Wazem, qui sort chez Tohu Bohu deux albums en même temps, l’un en tant que scénariste, l’autre en tant qu’auteur complet. Doublé peut-être un peu maladroit puisque l’on a comme une impression de redite entre ces deux albums : si Comme une rivière racontait les retrouvailles d’un père et d’un fils après la mort de la mère, Week-End … propose une trame assez semblable avec les retrouvailles de deux copains dans un chalet, en mémoire d’un troisième ami mort.

Le thème de la disparition, du souvenir, de la place vide est donc largement au centre de ces deux albums. Mais Wazem scénariste a du mal à dépasser le stade du projet d’écriture, et ses personnages semblent bien peu vivants. Il y a bien sûr, ici et là, des éclairs de vérité mais l’ensemble reste très artificiel, d’autant plus que l’on retrouve pratiquement les mêmes scènes dans les deux albums.

Le dessin de Tirabosco est en revanche tout à fait intéressant — tout comme celui de Wazem, même si ce dernier semble osciller entre plusieurs inspirations. Loin de tout réalisme pénible et laborieux, le dessinateur suisse semble trouver la transcription graphique juste et sensible des impressions de montagne. C’est sans doute là la vraie réussite de l’album.

[Appollo|signature]

Site officiel de Tom Tirabosco
Chroniqué par en décembre 2000