Numérologie, édition 2011

de

La frontière numérique

Vu l’ampleur de la question du numérique et ses multiples ramifications, les lignes qui suivent ne proposent qu’un rapide tour de la situation, afin de conserver à cette analyse une longueur raisonnable.

Etat du marché

En 2011, 1,1 million de livres numériques auraient été téléchargés en France, représentant un marché de 12 millions d’euros, selon l’institut GfK rapporté par Livres Hebdo le 17 mars 2012. Les perspectives sont prometteuses : « D’ici trois ans, le marché du livre numérique téléchargé pourrait atteindre 55 millions d’euros selon les projections “raisonnables” de GFK, encadrée d’une hypothèse basse à 33 millions d’euros, et d’une plus haute à 75 millions d’euros. » Mais l’article continue en précisant : « Il existe toujours un grand différentiel entre le prix moyen des ebooks disponibles en français, de 14,50 euros, et les 5,50 euros que les lecteurs jugent correspondre à sa valeur réelle. »
Sans aucun doute, l’offre numérique en bande dessinée souffre du même écueil : pour un prix sensiblement identique au papier, elle propose en réalité un produit dégradé. Portabilité limitée (car souvent restreinte à l’écran d’ordinateur), pérennité non assurée (car basée sur un service de location), qualité pas toujours au rendez-vous, navigation malaisée… sans compter l’éclatement de la collection sur plusieurs services, l’impossibilité de prêter son exemplaire et autres avantages de la version physique. Alors que l’on avait cru voir émerger une offre centralisée et unifiée avec l’annonce en mars 2011 de « Bande numérique », bannière qui regroupait la plupart des grands éditeurs sur la plateforme IZNEO[1], voici que le bel édifice se lézarde et voit Glénat et Delcourt quitter le navire et rejoindre la solution concurrente d’Hachette.

Pendant un temps, le modèle en vigueur pour les auteurs était de s’appuyer sur la notoriété d’un « blog BD » en accès gratuit pour attirer l’attention d’un éditeur, et se rémunérer alors sur sa déclinaison papier. Dans cette configuration, l’éditeur limitait sa prise de risque en publiant des talents au public déjà établi. La plupart des « blogs BD » les plus populaires ayant été édités, ce modèle montre aujourd’hui ses limites.
De même, les expériences de « crowdfunding »[2] comme Manolosanctis[3] ou My Major Company BD peinent à convaincre et n’ont pas encore réussi à accoucher de titres véritablement probants. Visiblement, ce modèle économique attractif pour l’opérateur (dont l’investissement se limite à la plateforme elle-même) se montre beaucoup moins efficace en tant que modèle éditorial.
On assiste désormais à une multiplication des initiatives d’auteurs qui se mettent en place sans l’implication d’éditeurs, et qui visent à valoriser un contenu avant tout numérique : Les autres gens, 8comix.fr, BDNag, La revue dessinée, etc. Facilité de l’outil Internet, attentisme des grands éditeurs ou dégradation de la relation de confiance entre auteurs et éditeurs (accompagnées d’une remise en question de la contribution effective des seconds aux premiers), les raisons possibles sont multiples.

Cette situation met en exergue l’écart qui existe aujourd’hui entre des éditeurs pour qui « bande dessinée numérique » est avant tout synonyme de « bande dessinée numérisée », et des auteurs qui y voient un nouveau domaine de création encore à conquérir. Ironie du sort, c’est un éditeur américain, Marvel, qui vient d’engager le Français Balak, expérimentateur connu sur la scène de création numérique pour son « Turbomédia ».
Il faut néanmoins souligner l’intérêt de deux initiatives soutenues par des éditeurs alternatifs. D’une part, le projet Grandpapier.org de la maison d’édition belge L’employé du moi propose depuis 2007 une plateforme de publication et d’expérimentation gratuite à l’usage des auteurs, qui s’est enrichie depuis d’une émission radio mensuelle. D’autre part, ego comme x propose depuis le début 2011 une collection de livres « imprimés à la demande » uniquement disponibles sur Internet. Cette approche s’accompagne également de la mise en ligne de livres épuisés ou considérés comme importants, offerts gratuitement à la lecture.
Dans l’un et l’autre de ces deux cas, Internet est considéré comme un espace où peut se développer une nouvelle relation avec le lecteur, et non pas comme une simple extension de marché à occuper.

Auteurs et éditeurs, une situation tendue

Début 2007, le Syndicat BD (en fait, le Groupement des Auteurs de Bande Dessinée, au sein du SNAC, le Syndicat National des Auteurs et Compositeurs) voit le jour sous l’impulsion d’un groupe d’auteurs[4]. Tout d’abord positionné comme médiateur entre auteurs et éditeurs, on le voit traiter des affaires telles que les retards de paiement des Humanoïdes Associés (alors sur le point d’être placés en redressement judiciaire), ou la question de l’erreur de fabrication du Vilebrequin d’Arnaud Le Gouëfflec et Obion pour le label KSTR (groupe Flammarion).
Au cours de l’année 2008, la question des droits numériques a pris de l’ampleur, et est rapidement devenue l’une des priorités de l’organisation. Entre autres manifestations marquantes, on notera la mobilisation des auteurs au moment du lancement de la plateforme IZNEO en mars 2010, avec « l’appel du numérique » qui réunira plus de 1 300 signatures (et non des moindres). Depuis, face au refus de transiger du Syndicat National des Editeurs (SNE), la situation s’est durcie et a fini par englober l’ensemble de la question de la rémunération des auteurs. Plusieurs auteurs n’ont pas hésité à mettre les pieds dans le plat[5] et évoquer sans détour leur paupérisation progressive.
Il semblerait que l’édition 2012 du Salon du Livre de Paris ait vu la situation se débloquer en partie, puisqu’un protocole d’accord sur le numérique serait bientôt signé. Néanmoins, les échanges tendus entre auteurs et éditeurs ont mis en lumière une crispation profonde autour de la valorisation des premiers (dans tous les sens du terme) qui dépasse la seule question du numérique et qui, elle, demande encore à être abordée.

Piratage et Scantrad

Sans aucun doute, l’ensemble des acteurs de l’entertainment confrontés à la « révolution numérique » a en tête le cas de la musique et a fait sien les arguments qui ont été déployés durant ces quinze années d’activisme de la part de la MPAA et de ses équivalents locaux.
Les études conduites par le MOTif[6] tentent depuis trois ans de décrire et d’évaluer les pratiques de piratage du livre en général, et de la bande dessinée en particulier. La dernière édition en date, « EbookZ 3 » (parue en mars 2012), se montre plutôt modérée dans son jugement : « le téléchargement illégal de livres est un piratage résiduel dans un secteur qui n’a pas encore connu de commercialisation numérique massive. » Soulignant la qualité globale de « l’offre pirate », il souligne que « contrairement aux films et à la musique, le piratage des livres et BD n’est pas encore immédiat : il ne touche que minoritairement les nouveautés en rayon. […] En matière d’ebooks pirates, les internautes semblent chercher davantage l’ouvrage de valeur sûre ou répondant à un besoin (ou une curiosité) immédiat, que la nouveauté à proprement parler. »
La bande dessinée demeure néanmoins la catégorie de livre la plus représentée, ce que plusieurs facteurs peuvent expliquer : une recoupement important entre internautes et lecteurs de bande dessinée (jeunes, masculins et éduqués), l’importance marquée des dynamiques de série et de collection, et enfin l’aspect technique de la numérisation qui fait qu’un album présente nettement moins de pages à scanner qu’un roman[7].
Si l’étude observe une « offre » en augmentation (autour de 8 000 à 10 000 bandes dessinées réellement accessibles), il est dommage qu’elle ne se prête pas à la même estimation concernant l’offre légale[8] – dont, pourtant, la comptabilisation devrait être plus simple. Fin mars 2012, soit après deux ans d’existence, IZNEO affichait un peu moins de 2 700 titres au compteur, soit un chiffre très largement inférieur à l’offre disponible en papier, estimée autour de 40 000 titres. On mesure alors combien la formulation de l’étude « EbookZ 3 » se montre mesurée (ou timorée, au choix) lorsqu’elle indique que « l’indisponibilité de l’offre légale semble constituer, dans une certaine mesure, un encouragement au piratage. »

Pour autant, la question des coûts réels de la mise en place d’une offre légale devient une sorte d’épouvantail que les éditeurs agitent dès que l’on vient aborder la question de la rémunération. Certains dirigeants se perdent alors dans des explications bancales dont on ne sait si elles reflètent une compréhension approximative des enjeux ou si elles visent à embrouiller l’auditoire[9]. Dans un contexte pour le moins tendu avec les auteurs autour de la question des droits numériques, on imagine bien qu’il ne s’agit pas de lâcher quoi que ce soit qui puisse appuyer les revendications de l’autre bord.
Cependant, un autre aspect peut expliquer la relative lenteur de la mise en place de l’offre légale par les éditeurs. En effet, cette offre numérique[10] se pose en concurrent de l’offre papier, et met les éditeurs face à un choix cornélien : investir sur l’avenir en risquant de fragiliser les revenus actuels, ou bien sécuriser ces derniers en attendant le développement du marché numérique. Notons que c’est cette attitude qui avait entraîné l’immobilisme des majors de la musique face au développement du MP3, et qu’il avait fallu l’irruption d’un acteur extérieur au monde de la musique, Apple, pour qu’une véritable offre numérique se mette en place.

Outre le piratage, le phénomène du scantrad[11] (ou scanlation, dans sa version anglo-saxonne) a été pointé du doigt comme un élément des plus nocifs. L’apparition du site OneManga dans la liste des 1 000 sites les plus visités publiée en avril 2010 par Google avait été accueillie avec une levée de boucliers. Peu de temps plus tard, l’alliance des 36 éditeurs de la Japan’s Digital Comics Association et de plusieurs éditeurs américains devait régler le problème une bonne fois pour toute[12].
Les éditeurs eux-mêmes reconnaissent la difficulté de chiffrer l’impact des scantrads sur les ventes, mais s’accordent sur leur influence négative (en particulier sur le démarrage des séries qui en serait atténué), et s’attachent à réaffirmer le caractère illégal de la pratique[13]. Il est néanmoins presque ironique de voir les éditeurs français critiquer une forme d’addiction de leurs lecteurs, addiction dont ils ont largement profité et qu’ils ont même entretenue en optant pour des rythmes de parution très élevés.
Cependant, leur situation sur le segment du manga est beaucoup plus compliquée que pour les albums : en effet, leur marge de manœuvre quant au développement d’une offre numérique est extrêmement réduite, et entièrement dépendante de la stratégie des éditeurs japonais[14]. C’est d’ailleurs plutôt de ces derniers qu’il faudrait attendre une proposition qui soit satisfaisante – mais les premiers pas de la plateforme JManga n’ont pas véritablement convaincu.

 

Conclusion

Crise, ou pas crise ? Depuis quelques années, la question reste en suspens au sujet du marché de la bande dessinée qui réussit en 2011 encore cet étrange paradoxe de reculer tout en continuant sa progression. Cependant, l’augmentation du chiffre d’affaires due à une forte appréciation des prix moyens ne saurait occulter l’érosion des ventes en volume. Alors que l’on constate la désaffection progressive d’un lectorat qui, globalement, se montre relativement peu attaché à cette pratique culturelle, le portrait qui s’en dégage n’est pas particulièrement encourageant pour les années à venir.

Si le début des années 2000 avait été porté par le phénomène éditorial Titeuf, on observe aujourd’hui les limites du modèle des séries franco-belges classiques basé sur une sortie annuelle, dont les dynamiques d’usure se retrouvent amplifiées par le désengagement important de la grande distribution en prise à ses propres difficultés structurelles. Le développement d’une approche patrimoniale afin de valoriser le fonds, ainsi que l’investissement sur de nouvelles catégories comme le roman graphique restent par ailleurs des activités générant des ventes marginales.
La forte croissance du manga jusqu’en 2008 a un temps compensé le recul des albums, mais le segment a atteint sa saturation et décroît à son tour. Plus encore que pour les albums, on y constate une importante disparité entre quelques séries best-sellers qui concentrent la majeure partie des achats, et le reste de la production qui réalise des ventes qui se comptent souvent en centaines d’exemplaires. A moyen terme se pose d’ailleurs la question du renouvellement de ces best-sellers, dans un contexte éditorial japonais peu rassurant.

Dans un marché pourtant orienté à la baisse, la production de titres ne cesse d’augmenter. Si la multiplication des structures d’édition participe à cette évolution, il faut souligner le rôle actif joué par les grands groupes qui ont renforcé significativement le nombre de sorties dans l’espoir de maintenir leurs ventes, tant pour les albums que sur le segment du manga. Le poids de ces grands groupes dans la chaîne de distribution/diffusion en fait d’ailleurs les principaux responsables de la surproduction qui fragilise aujourd’hui l’ensemble de la chaîne en amont des libraires (auteurs, éditeurs), et réduit de plus en plus ces derniers à un rôle de manutentionnaire.

En 2010, Livres Hebdo intitulait son dossier annuel sur la bande dessinée « Un virage très Net ». Début 2012, il faut reconnaître que la révolution numérique se fait encore attendre, en particulier du côté des éditeurs qui hésitent quant aux directions à prendre. Pourtant, les études annuelles du MOTif mettent en avant l’importance du développement d’une offre légale pour lutter contre le piratage. Pour le segment du manga, où les pratiques du scantrad sont particulièrement présentes, les éditeurs français restent largement tributaires des initiatives de leurs homologues japonais.
C’est enfin autour de la question des droits numériques qu’auteurs et éditeurs se livrent depuis deux ans à une guerre de tranchée, qui devrait bientôt trouver un accord. Cependant, cette situation a mis en lumière la paupérisation croissante des auteurs, et révélé un malaise qui est sans doute plus profond que la seule question numérique.

La limite de l’analyse des chiffres et des considérations structurelles, c’est d’occulter ce qui fait avant tout la bande dessinée : un médium, un espace où peuvent prendre place récits, personnages, regards, émotions et discours, et dont le potentiel créatif ne montre toujours pas signe d’essoufflement. Dans les pages qui précèdent, on aura donc peu évoqué de projets éditoriaux forts ou d’initiatives d’auteur originales, tout simplement parce que le raisonnement économique (souvent limité) ne sait pas en évaluer la valeur. Et finalement, peut-être que l’effritement des chiffres de ventes qui concentraient hier la majorité de la fascination des médias permettra d’évoquer la richesse de ce qu’est réellement la bande dessinée : non pas produit d’une industrie (quand bien même celle-ci serait culturelle), mais avant tout œuvre à découvrir.

Notes

  1. Plateforme créée à l’initiative de Média Participations, Flammarion et Bamboo.
  2. En bon français, la « production participative ». Le principe d’une telle plateforme repose sur une sorte de mécénat communautaire, dans lequel des particuliers sont appelés à investir sur différents projets, ces projets n’étant concrétisés que lorsqu’une certaine somme est atteinte (couvrant généralement les coûts de cette concrétisation). En contrepartie, les investisseurs obtiennent des avantages (album gratuit, tirage de tête, dédicace ou dessin original,etc. en fonction de la hauteur de la contribution), accompagnés parfois d’une redistribution des éventuels bénéfices dégagés.
  3. Annoncée en faillite en janvier 2012, et placée en liquidation judiciaire en attente de repreneurs éventuels.
  4. La page de présentation du Syndicat BD (http ://www.syndicatbd.org/presentation.html) liste treize membres fondateurs : Alfred, Christophe Arleston, Virginie Augustin, Alain Ayroles, Joseph Béhé, Denis Bajram, Valérie Mangin, David Chauvel, Franck Giroud, Richard Guerineau, Cyril Pedrosa, Lewis Trondheim, Fabien Vehlmann.
  5. On se reportera au message de Kris (https ://www.facebook.com/notes/kris/20-euros-nonisme-et-quelques-bagatelles-r %C3 %A9flexions-sur-la-r %C3 %A9mun %C3 %A9ration-des-auteu/10150183404601832), de Fabien Vehlmann (http ://vehlmann.blogspot.com/2010/10/auteurs-de-bd-vers-une-periode.html) ou à cet article de la Charente Libre (http ://www.charentelibre.fr/2012/01/02/bande-dessinee-la-bulle-eclate,1072679.php).
  6. Disponibles en ligne sur le site de l’organisation à l’adresse http ://www.lemotif.fr/fr/
  7. Sans même évoquer les problématiques de finalisation de ces fichiers numériques, comme la reconnaissance de caractères et la relecture, opérations beaucoup plus fastidieuses que le « simple » traitement d’une image.
  8. Reconnaissons néanmoins que dans le panel de 50 titres utilisés pour la comparaison « Offre légale vs. Illégale (BD) », l’étude précise que 29 d’entre eux (soit 58 %) ne disposaient pas d’une offre légale.
  9. On pense en particulier à l’entretien de Claude Saint-Vincent (PDG des éditions Dargaud) sur la question de la bande dessinée numérique dans l’émission Soft Power de France Culture. Podcast disponible en ligne à l’adresse http ://www.franceculture.fr/emission-soft-power-le-financement-de-la-bd-al-qarra-tv-free-mobile-la-culture-dans-les-salles-de-sp
  10. Dont les marges opérationelles semblent néanmoins être plus importantes que pour le livre papier, comme le suggèrent les résultats récents de plusieurs éditeurs américains, fortement positionnés sur le segment. Voir en particulier l’article « Chiffre d’affaires en baisse, marges en hausse » d’Adrien Azerman sur Actualitté, disponible en ligne à l’adresse http ://www.actualitte.com/actualite/monde-edition/economie/chiffre-d-affaires-en-baisse-marges-en-hausse-33190.htm
  11. Mot-valise (de scan et traduction) désignant les traductions amateurs, généralement de manga, diffusées principalement en ligne.
  12. On soulignera cependant que leur mobilisation semble s’être limitée à cette action d’éclat, et que les autres gros portails (« agrégateurs ») de scantrad n’ont en général pas été inquiétés depuis. On citera seulement la récente offensive de l’éditeur américain Viz, obligeant le site MangaStream à enlever de ses pages sept séries sous licence tirées de la revue Jump.
  13. On se reportera en particulier à cet excellent article de Total-Manga, disponible en ligne à l’adresse http ://www.total-manga.com/dossier-manga-scantrad-arguments-et-contre-arguments/editeurs-les-effets-du-scantrad-104-4-2283.html
  14. Des éditeurs japonais qui, s’ils mettaient en place une stratégie numérique globale et ambitieuse, deviendraient de facto les premiers concurrents des éditeurs locaux, sur lesquels ils reposent encore largement pour leurs revenus de licences. Sur un marché numérique qui est largement encore à l’état de potentialité, on imagine facilement leur réticence à prendre ce genre de risque.
Dossier de en avril 2012