Avez-vous remarqué ?

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Avez-vous remarqué ?
On peut dire : littérairement, littéraire ; architecturalement, architectural ; musicalement, musical …

Mais avec le neuvième art ou bande dessinée ce n’est pas possible. Avec le cinéma (art de la même génération) vous pouvez dire : cinématographiquement et cinématographique. Le mot peut sembler bâtard car construit autour de graphie, donc de l’écriture.[1] Il n’empêche qu’on parle aussi de cinégénie, et de stylo camera (pour l’écrivain ayant un style cinématographique) et vice versa pour caméra stylo …
On dit aussi cinéaste et pas écrivain de cinéma.
Par contre on ne dit pas écrivain de bande dessinée mais dessinateur de bande dessinée. On dit aussi scénariste de bande dessinée et toujours pas écrivain de bande dessinée. A la rigueur on dit auteur de bande dessinée, mais l’expression est d’abord employée par le bédéphile qui a une valeur à/de la chose.

Un écrivain peut faire du cinéma et être bien vu.[2] Mais un écrivain qui fait de la bande dessinée ne le sera pas.

Les cinéastes peuvent faire appel à la désobéissance civile et être (heureusement) suivis. Les écrivains aussi (même s’ils auraient eu moins d’impact en cette fin de millénaire d’abord audiovisuel).
Les dessinateurs de bande dessinée n’auraient pas pu le faire même si comme les cinéastes ils n’existaient pas il y a 150 ans.
Les dessinateurs de bandes dessinées sont obligés de faire un dessin s’ils font une pétition (idem quand ils dédicacent d’ailleurs) sinon ils n’auraient aucun impact. Par contre le cinéaste n’est pas obligé de faire un film et l’écrivain n’est pas obligé d’écrire s’ils font une pétition.
Le dessinateur de bande dessinée est aussi confondu avec le dessinateur de presse (celui qui fait rire avec l’actualité du journal de l’actualité triste qui étalonne notre bonheur égoïste).

On dit aussi pour finir « album de bande dessinée » mais pas « livre de bande dessinée » (ou alors le mot livre disparaît et on dit bande dessinée tout court).

Conclusion : Y’a un problème ! (et albums de merde à la pelle !)
Pourquoi ?
Parce que la bande dessinée n’est pas un mot mais une expression, c’est un media composé de deux mots (littérature en estampe, l’écrit et le dessiné, l’abstrait et le figuré, etc …) qui n’ont pas su se réunir, s’unir, fusionner dans le langage, dans le concept.
Ces deux mots sont ses deux maux qui la condamne à n’être qu’un genre !.
Alors ?
du9 veut que la bande dessinée devienne adverbe et adjectif, montrer la pluralité du media qui n’est pas qu’un genre. Quitte à inventer un nouveau mot pour le désigner.[3], historiettas, fumetti, etc …
Le cahier des charges du mot à inventer pour remplacer l’expression bande dessinée est donc en résumé celui-ci :
1) Il ne devra pas être composite.
2) Il pourra être transformé en adverbe ou en adjectif.
3) Il devra suggérer à la fois l’idée de mélange d’images (au sens large) et de mots bien entendu, mais aussi et peut être surtout de séquentialité.
Donc si tu as des propositions ami lecteur lectrice mon amour, n’hésite pas à les faire dans le coin des accointances !))
du9 s’intéresse au media bande dessinée dans toute sa diversité de support et de genre. du9 n’est pas un repère de fan, mais de curieux appréciant la bande dessinée comme champ de liberté car sa dynamique se déplace encore du bas vers le haut.[4] Chose de plus en plus rare dans nos belle démocraties néolibérales pleines de professionnels du vide !

Notes

  1. Pour la photographie c’est pareil et pour la télévision aussi (visuel, visuellement). C’est donc bien après le/les huitième(s) art(s) que ça merde.
  2. B.H.L. ne fera donc jamais de bande dessinée. Ouf ! Finalement le monde n’est pas si pourri que ça ?
  3. Le terme bande dessinée n’est pas satisfaisant car composite. Son abréviation (b.d., bédé, etc …) ne l’est pas non plus, et la répétition inesthétique du son « é » infantilise le genre.
    Les termes histoires graphiques, romans graphiques, bulles dessinée, neuvième art, etc sont tout aussi inintéressant car composites là encore et voulant clairement se situer par rapport à des genres prestigieux pour en récupérer l’aura …
    L’import d’anglicisme est stérile voire comix par sa facilité. Par contre s’intéresser à la traduction littérale du terme bande dessinée ne l’est pas forcément : voyage (strip), images dérisoires (manga), images enchaînées (Lianhuanhua (Chine
  4. L’inverse = tee-shirts Van Gogh et les troupeaux de touristes opacifiant la Joconde à coups de flashs d’appareils jetables.
Humeur de en mai 1997