Février rime avec énervé

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Février, c’est le plus mauvais mois de l’année. D’ailleurs, c’est pas étonnant qu’il dure si peu. Mais déjà, il dure beaucoup trop. Et même si on essaie de l’égayer un peu, avec la St Valentin ou Mardi-Gras ou la Chandeleur, ben ça marche pas. Février reste un mois pourri, où il fait froid, il neige et il pleut.

En plus, Février vient juste après Angoulême. Et si j’ai beaucoup de mal à éviter Février, d’habitude j’arrive à échapper à Angoulême en choisissant de ne lire aucun des pseudo-articles que l’on rencontre dans les médias en manque de sensationnel. Mais pas cette année. Parce que cette année, j’y étais.

Et comme il fait froid et gris dehors, je vais vous parler de toutes les choses qui font froid (et gris ?) dans le dos. Pas de raison que vous, vous puissiez passer un mois de Février tranquille et doré.

Alors, à Angoulême, j’ai vu des fanzines et des petits éditeurs relégués au fin fond d’un cul de sac. Le sang nouveau de la bande dessinée devait faire tache, alors on l’a caché derrière les marchands de tirages de tête, derrière les vendeurs de gadgets, derrière le « splendide » et pétaradant café-expo Joe Bar Team, tout là-bas, dans un coin sombre et plein de courants d’air. A publications obscures, stands obscurs. C’en serait drôle si ce n’était pas aussi triste.

Alors, à Angoulême, j’ai vu l’affront national que sont les Editions du Triomphe trôner en belle place dans la grande bulle. En pleine lumière.

Alors, à Angoulême, j’ai vu des membres de l’équipe de l’Association imiter le cri du mouton. Pour se moquer des gens qui défilaient dans les allées, et qui, de temps en temps, venaient acheter l’un de leurs bouquins. Pleins d’humour, quoi.

Alors, à Angoulême, j’ai vu des médias qui s’intéressaient un peu à la bande dessinée. Le plus souvent, pour les rentrées d’argent qu’elle leur permettrait de faire — publicité déguisée, avec la déontologie qui s’enfuit par la fenêtre. (Grabuge en profite, d’ailleurs, pour écrire aux Inrocks)

Alors, à Angoulême, j’ai vu des médias penser parler B.D. alors qu’ils ne parlaient que d’un film avec un gros mou et un petit énervant. Des médias commenter le retour d’un vieux cheval, avec Tintin au Pays des Soviets, et s’enthousiasmer bêtement sur la sortie d’un ouvrage de plus sur l’intrépide reporter : Tintin chez Jules Verne. (si vous voulez savoir ce qu’en pensent des gens qui l’ont vraiment lu, allez voir ce qu’en disent Jessie Bi et Univers BD)

Par contre, à Angoulême, j’ai échappé au fabuleux débat qui a secoué l’Assemblée, pour savoir si Tintin était de droite ou de gauche. C’est donc à ça que servent les députés ?

Alors, à Angoulême… Je vais arrêter là sur Angoulême. On est déjà le 14 février, plus que deux semaines à tenir. Février rime avec « énervé ». Mais en ce moment, février rime aussi avec « fatigué » et « déprimé ». Je vais attendre mars, qui rime avec… « farce » ? ? ?

Humeur de & en février 1999