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D’une île à l’autre

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D’une île à l’autre d’un «il» toujours le même, c’est en voyageant que le «je» semble persister, c’est dans le paysage renouvelé, à l’échelle des pierres assemblées par le hasard ou par les hommes, qu’il semble périssable, éphémère. Entre les deux, sur ce bleu que l’on nommera océan, un parcours, des mouvements, des rencontres, des paroles et surtout une lecture.

Acceptabilité du voyage. Il rend vivant, nous accorde au monde, distances et temps se confondent dans ce déplacement, départ et arrivée sont choisis, et le retour nous rassure d’être là encore, d’être là toujours. Ici il y a deux voyages. L’un à Novella en Corse, l’autre à Hasting en Grande-Bretagne. C’est le livre, réunissant deux arrivées, qui fait naître un troisième périple dans la mesure où celui-ci est une lecture d’une lecture. La force du livre est là, dans le déchiffrement du paysage à nouveau lisible, de cet éveil aux écrits géologiques et architecturaux. Les rencontres, les paroles, les signalétiques installées en deviennent les aides, les ressenties, les commentaires ou les gloses. Ramené à soi dans ce livre à ciel ouvert, le lecteur-auteur fait échelle, sa vie à la distance d’un voyage, il devient le héros fragile par la voix intérieure qui énonce. Un être se retrouvant dans son essence grâce à «l’autour», 360° de textes aux phrases des chemins, aux paragraphes des routes, etc.

L’expression «récit de voyage» apparaîtra peut-être alors comme quasi tautologique. Tout récit serait voyage. Le voyageur serait un interprète, un rhapsode, de ce qu’il perçoit en se déplaçant. Il n’y a pas de récit, il n’y a qu’un regard-écoute fait parole en soi, énonciation interne provoquant ici et quelques fois une tentative de retranscription par des moyens dit d’enregistrement,[1] forcément parcellaire, impossible, acceptée là comme tel.
Mis en forme et réunis pour cette publication, D’une île à l’autre est un voyage dans le voyage, un récit dans le récit, une lecture d’une lecture, un livre dans/sur le grand livre.

Novella porte bien son nom, et celui d’Hasting ne sera pas celui d’un récit de bataille niant le voyage, les découvertes de paysages et les lectures de ceux-ci qu’il favorise. En Corse, Vanoli participait à des veillées où, à la chaleur d’un feu et entouré d’obscurité (sans rien à lire donc), l’on réinterprète de mémoire et où l’on commente le monde éclipsé aux regards. Veillée, réveil, éveil, c’est un peu de tout ça que partage et poursuit l’auteur dans cet échange d’un commentaire du monde née d’une lecture relative et s’appréciant tel.

Notes

  1. L’écriture, le dessin, la photographie, l’enregistrement audio ou vidéo. Vanoli se contente des trois premiers.
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Chroniqué par en novembre 2011