Dorénavant a 30 ans

de &

Accident de B. Schwartz

Dans cette planche (remake d’une scène de L’Affaire Tournesol de Hergé), la surface globale est prise en compte. La compartimentation, par son austérité, met en relation chaque image au tout. Il en résulte une impression d’échos entre chaque image, de rappels visuels qui accentuent la tension dramatique de la scène.

Le lien entre les images n’est plus seulement narratif, il participe d’une logique supérieure, celle d’une dialectique du frag­ment et du tout. Chaque image est un fragment de la scène. Celle-ci ne peut être ressentie que par une vision globale de la planche, que par une synthèse des fragments.

Impression de rythme aussi : le temps représenté est un temps syncopé.

Plaisir de lire : cette planche fonctionne comme un tout. On peut la parcourir sans cesse dans tous les sens, émotion et vertige y sont.

Une place à Paris de B. Schwartz

Planche qui obéit un peu au même principe que la précédente (« Accident »). La différence est qu’ici, il n’y a pas de scène dramatique. Il s’agit plutôt de rendre un lieu – une place à Paris – par une lecture synthétique des images juxtaposées. Plaisir de lire, le lecteur n’est pas pris par une tension comme dans la précédente. Il doit s’investir lui-même, chercher des liens entre les images, imaginer une histoire, des histoires à partir des images-fragments. La lecture a sa part de création. Toujours travail de la surface, prise en compte de l’espace.

Balthazar Kaplan

En rythme, de Paul Klee

Ne s’agit-il pas d’une bande dessinée ? Certes, il n’y a pas d’images. Toutefois, ajoutez dans chaque rectangle le dessin d’une danseuse qui évolue, vous obtiendrez une bande dessinée pas très éloignées des précédentes [publiées dans ce numéro] (compartimentation de l’espace et mise en place d’une dialectique case locale / surface globale), avec un remarquable travail sur le rythme (jeu des formes plus ou moins grandes et jeu sur les trois couleurs noir, gris, blanc), une grande sensibilité dans le rendu (par l’absence de lignes géométriques) et une matière infiniment plus sensuelle que le graphisme courant de la « bédé ».

Deux remarques :
– L’un des éléments formels qui définit la bande dessinée est l’ellipse (entre chaque image). Un tel élément formel permet un très grand travail sur le rythme : il semble même presque évident que ce travail devrait être la dimension première de la bande dessinée. Or ce travail est quasiment absent de la « bédé ». Personne, à ma connaissance, n’a intégré dans sa technique de narration, d’expression, les recherches sur le rythme des grands peintres du XXe principalement de Klee, Kandinsky et Mondrian).
– Il est dommage que le graphisme règne autant en bande dessinée. Il est des techniques tellement plus riches en effets et en sensualité.

Balthazar Kaplan

Manhattan Transfer / Projet personnel

– Ce projet m’est venu à la suite des réflexions que m’avait suscité là mosaïque du baptistère de Florence (cf. « Retour à Florence » in Dorénavant n°2).
– Format : très grand 4 mètres sur 5, voire plus.
– Titre éventuel : MANHATTAN TRANSFER, allusion au roman de Dos Passos, dont on pourra s’inspirer partiellement.

– Explication : on prendrait comme fond un plan très détaillé de New York, avec les immeubles repré­sentés selon une fausse perspecti­ve. Sur ce plan, on représente I’histoire de plusieurs dizaines de personnes dont les existences peuvent se croiser. Ces histoires sont représentées par des bandes de petites dimensions par rapport à l’ensemble (7 cm de hauteur). D’une image à l’autre on travaille­ra l’étude du mouvement du ou des personnages pour que cela ne ressemble pas à une simple juxtaposition de cases façon jeu de l’oie. On travaillera particulièrement l’étude du rythme par l’emploi des couleurs et la dimension des cases (voir le tableau de Klee reproduit dans une page précédente).

Chaque bande racontera l’his­toire d’une personne (ou de plu­sieurs). Le temps de l’histoire est à choisir, il peut varier d’une bande à l‘autre. Exemple : la bande qui grandit à New York mais doit quitter la ville à sa majorité pour trouver du travail ailleurs. La totalité de l’histoire racon­tée sera à peu près de vingt ans. Dans le dessin, on fera des ellipses habiles qui maintiennent le mouvement et ne heurtent pas la lecture alors que le personnage vieillira rapidement ; par exemple : une dizaine de cases représentent une partie de base-ball improvi­sée dans une cour un peu crasseuse ; tout en maintenant le jeu sur les mouvements, en créant une continuité, le dessinateur vieillira discrètement son personnage, synthétisant ainsi les mille parties qu’a pu faire ce personnage entre 8 et 16 ans en une seule partie. La bande n°2 sera celle d’un des copains de rue du personnage numéro un, mais ce personnage n°2 ne quittera pas New York et on le verra vieillir jusqu’à l’heure de sa mort. Sur la planche, la bande 2 pourra se superposer au début avec la bande n°1, aux moments où les deux personnages se côtoyaient.

Un tel procédé permet particulièrement de raconter des histoires d’amitiés, d’amour, des vies de couple en visualisant ces destinées qui se coupent, s’unis­sent, se séparent, se recoupent, etc.

Petit calcul : surface de 4m x 5m soit 200 000cm2. Si l’on prend comme dimension moyenne d’une case 7cm ou 8cm, cela fait 56 cm2. On dispose donc de près de 2500 cases en comptant plus de 56 000 cm2 (soit un quart de la surface environ) pour l’espace entre les bandes (pas d’espace entre les cases, une simple ligne de démarcation). À raison de 100 cases par histoire, cela fait donc 25 histoires possibles à raconter, 25 destins qui se croisent, se côtoient ou s’ignorent.

Rapport à la surface : le plan de New York est choisi comme décor d’ensemble pour unifier ce jeu de bandes qui se croisent. Le nec plus ultra serait de faire découler l’histoire de la bande à I’endroit précis où la bande se situe sur le plan – ce qui suppose évidemment un grand travail de reportage. D’autres jeux sont possibles : le dessin du décor général peut intervenir dans le dessin d’une case soit en premier plan soit en décor de la case elle-même.

Conclusion 1 :
Le principe de cette planche est utilisable pour quantité d’autres projets, d’autres histoires. On peut choisir un lieu imaginaire et raconter dans chaque bande I’histoire d’un des habitants avec ses caractéristiques particulières. On peut également raconter le moment d’un attentat en prenant comme unité de temps pour chaque bande les cinq dernières minutes avant l’attentat et les cinq dernières minutes après. Exemple : la bande de la victime : ces cinq minutes de vie avant l’attentat, l’assassinat, puis les premiers témoins qui s’approchent du corps, la police, l’ambulance, sa femme, les journalistes, etc. La bande des auteurs d’ l’attentat (qui croiserait celle de la victime au moment de l’assassinat) : l’attente, les préparatifs, l’action, la fuite, la poursuite ; la bande d’un témoin, etc.
Un autre exemple : histoire policière avec un crime commis. Trente bandes qui se croisent : des récits de témoins et d’enquêteurs – parmi ceux des témoins, l’un est faux : celui du coupable. Pour trouver qui ment, il faudrait recouper les histoires racontées, déduire progressivement ce qui cloche, émettre des hypothè­ses dont une seule, répondant à toutes les possibilités, serait éxacte. Cela suppose un très grand travail de logique de la part de l’auteur, mais aussi du lecteur qui aura au fond à faire le travail de l’enquêteur. La lecture ici se mêlerait au jeu pur et simple.

Conclusion 2 :
À ceux qui me diraient qu’il ne s’agit pas là de bande-dessinée, je dirai que cela n’est réalisable justement qu’en bande-dessinée, c’est-à-dire par cette écriture née de la juxtaposition d’images.

Balthazar Kaplan

Journal (3)

C’est une bonne chose que des critiques et des revues nous attaquent avec une violence rarement observée dans ce territoire, cela prouve s’il était besoin que derrière l’épaisse entente cordiale et l’infecte courtoisie généralement répandue en dépit du bon sens, ces gens savent QUAND MÊME émettre un jugement. Qu’ils commencent à penser contre Dorénavant et la génération suivante apprendra à penser la bande dessinée’. Cela vaut bien la quantité d’exaspération et d’agacement publiée sur notre compte à tort et à travers.

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« Eux aussi, ils savent que rien n’est plus fatigant que d’expliquer ce que tout le monde devrait savoir. » (Ch. Baudelaire)

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Beaucoup ont raconté, peu se sont exprimés.

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Exprimer ce qui ne peut l’être de manière convaincante par le seul travail des mots (travail dans À PRÉSENT) : (« Tu ne cherches pas à raconter des histoires, mais à mettre au point un langage pour t’exprimer autrement » B. Kaplan, lettre d’août 1986).

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Forme particulière de la myopie particulièrement répandue en ces temps d’abdication de la pensée : confondre la bande dessinée avec ce qui se réclame d’elle (cartes postales, sérigraphies, illustrations, gadgets à trois sous, etc.).

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Note sur me financement d’une revue : En 1982, alors que nous faisions avec BK et quelques autres une revue que nous appellerons RP, il aura suffi simplement que l’impression de la revue dépende soudainement d’un seul membre du groupe, jusqu’ici solidaire de tout ce qui avait été entrepris, pour que ce membre, curieusement métamorphosé, abuse de ce pouvoir qui lui était délégué de fait. Il aura fallu saborder la revue – pour d’autres causes également – pour se défaire de lui. Qui finance une revue la possède de fait. Le rééquilibrage financier et des responsabilité qui s’est fait dans Dorénavant en août 86 est une bonne chose.

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Un rébus est fatalement de la bande dessinée, c’est même une forme intéressante de la bande dessinée.

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« Pour écarter tout malentendu, il importe de souligner dès le départ qu’il s’agit, dans les pages qui suivent, d’étudier ceux des courants contemporains qui paraissent avoir une portée universelle, et non de dresser un tableau de l’activité des historiens dans différents pays du monde. Une bonne part de la production courante – pour ne pas dire les neuf dixièmes – est sans originalité quant à la démarche fondamentale ; et si notre savoir s’en trouve souvent sensiblement enrichi, on ne saurait dire qu’elle renouvelle l’orientation ou la méthode de la recherche historique, ce à quoi d’ailleurs elle ne vise pas. Aussi pour brillants que soient certains de ces travaux, il n’en sera pas spécifiquement mention dans ces pages. » (Geoffrey Barraclough, TENDANCES ACTUELLES DE L’HISTOIRE)

Barthélémy Schwartz

Anthologie Dorénavant de la bande dessinée

(relevé des titres)

1 – DESSUS-DESSOUS (1906), Gustav Verbeek
2 – (Les) PHILEMON de Fred
3 – DR BEN CINE & D (1979), Joost Swarte
4 – PASSI/MESSA (1985), Joost Swarte
5 – LES POUX (198*), Nicole Claveloux
6 – TOUT EST BON DANS LE BÉBÉ (1985), Nicole Claveloux
7 – TANGO À BUENOS AIRES POUR CORTO (1985), Hugo Pratt
8 – L’affiche pour l’exposition au Grand Palais (1986), Hugo Pratt
9 – AUTOPORTRAIT AU PHOTOMATON (1928), Raymond Queneau
10 – TEXTUEL (1928), Michel Seuphor et Pietr Mondrian
11 – LA CLEF DES SONGES (1930), René Magritte
12 – L’HOMME AU JOURNAL (1928) René Magritte
13 – OBJETS MOBILES ET MUETS (1931), Alberto Giacometti
14 – L’AIR EST UNE RACINE (1933), Jean Arp
15 – DEAR LAURA (1982), Niki de Saint-Phalle
16 – ACTIVITÉ GÉNÉRALISÉE (1976), Jean Dubuffet
17 – NEW BOOK (vidéo, dix minutes, 197*), Zbigniew Rybczynski
18 – A LA CINQUE DE MA TARDE (montage-vidéo, 1984), Marie-Jo La Fontaine
19 – L’HEURE ENTRE CHIEN ET LOUP (1977), Deborah Tubeville
20 – THE GLASS HOUSE (1978), Deborah Tubeville
21 – MARY MARTZ (1979), Deborah Tubeville
22 – A SET OF MINE SELF-PORTRAIT (1966), Andy Warhol
23 – GREEN DISASTER (1963), Andy Warhol
24 – RED RACE RIOT (1963) Andy Warhol
25 – BLUE ELECTRIC CHAIR (1963), Andy Warhol
26 – ATOMIC BOMB (1965) Andy Warhol
27 – LARGE CAMPBELL’S SOUP CANS (1965), Andy Warhol
28 – MICK JAGGER’S PORTRAIT (1976), Andy Warhol
29 – TRENTE (1937), Wassili Kandinsky
30 – ONE MAN SHOW (1982), Keith Haring
(à suivre…)

Notes sur Hergé : Trois éléments déterminants[1]

II – Le hasard-rebondissement

– 1 –

Le déroulement d’une aventure de Tintin est à l’image des esquisses illisibles de son auteur : brouillon, irréfléchi, sans cesse brisé par des ruptures et des reprises. Ce en quoi les aventures de Tintin sont bien, à leur tour, à l’image du réel, fait de hasards et de correspondances, où l’individu ne maîtrise pas même le déroulement de sa SEULE journée, mais fait et agit généralement par hasard lors de concours sans fin de circonstances. Hergé n’est pas un auteur classique, mais un baroque caché DERRIÈRE un tracé linéaire clair et rassurant comme I’aiment les classiques.

– 2 –

Hergé devait être comme son personnage : à la fois minutieux à l’extrême et extrêmement brouiIIon. Ses crayonnés[2] incroyablement furieux[3] et passionnés, essuyés par la technique propre du calque et de la mise au net impeccable, témoignent moins d’un caractère sage, calme et serein que d’un esprit tendant à la dispersion, farouchement rappelé à l’ORDRE.

– 3 –

Hergé peut être compris comme un être extrêmement brouillon et désordonné ayant conscience de ce trait dominant de caractère et désireux de le soumettre à une volonté d’ordre et de paix. De fait, Hergé n’est ni totalement ordonné ni entièrement brouillon, il est à la rencontre de ces deux mouvements paradoxaux ou plus exactement à leur TENSION.

– 4 –

Cette remarque en appelle une autre : la volonté d’ordonner et la tendance l’éparpillement seront les deux lignes maîtresses de I’œuvre de Hergé. C’est à dire les deux forces principales qui participeront à sa réflexion, son ébauche et sa réalisation.

– 5 –

Une partie sera ainsi fortement éclairée par l’esprit raisonneur (Tintin détective, enquêteur, déductif) et I’autre par son envers (le rôle essentiel et paradoxalement RÉGULATEUR de l’imprévu et du hasard, Tintin GAMIN.)

– 6 –

Contre l’impression défendue par l’auteur lui-même[4] et par beaucoup d’autres, Tintin ne contrôle pas son mouvement, il est jamais maître do son jeu (il l’est assurément dans la PETITE DURÉE, quand il déduit d’une pierre lancée contre lui d’où elle provient[5], mais certainement pas dans La LONGUE DURÉE d’un ouvrage où le contraire est le moins qu’on puisse dire[6] ). À l’inverse, il est constamment BALLOTÉ par les événements et ne parvient à retrouver le fil déductif de l’histoire qu’au travers d’extraordinaires et d’invraisemblables Successions de hasards qui interviennent toujours à propos pour le faire REBONDIR, soit dans le bon sens de L’histoire soit sur une nouvelle piste. Si Tintin conclue toujours victorieusement ses aventures[7], c’est toujours malgré lui, on pourrait même ajouter CONTRE LUI tant il met de mauvaise volonté à se donner les moyens appropriés d’agir comme il l’a décidé.

– 7 –

Coke en stock[8] est un exemple particulièrement démonstratif du rapport qu’entretient Tintin avec le déroulement de son aventure. Du commencement au terme de I’ouvrage, Tintin n’entre et ne sort de son aventure que PAR HASARD[9]. S’il aboutit à ses fins, ce n’est que parce qu’iI est protégé par une étoile INCROYABLEMENT BIENVEILLANTE qui prend sur elle de réaliser ses projets les plus insensés par des détours tout aussi insensés[10] : Tintin, personnage perspicace et clairvoyant, va de l’avant sans réfléchir ne serait-ce qu’aux éventuelles conséquences MINIMALES de sa future intervention. Tout au long de ses vingt-trois aventures, Tintin se conduit comme un INCORRIGIBLE GAMIN. L’arrivée à bon port de tous ses retours d’aventure a toujours été due a d’invraisemblables concours de circonstance qui, toujours, ont corrigé ses errements répétés.

– 8 –

Tintin, en effet, n’agit pas de manière raisonnée mais impulsive, c’est un être éminemment passionnel[11]. Dans sa manière impulsive d’agir et son manque de prévoyance, Tintin se conduit comme un incorrigible GAMIN têtu n’en faisant qu’a sa tête[12].

– 9 –

Les aventures de Tintin sont soumises à la règle du HASARD-REBONDISSEMENT. Cette règle procède de la manière suivante : Tintin découvre une piste, en déductif infaillible, il la suit jusqu’à son terme[13] comme on retire jusqu’à sa dernière goutte à un fruit qu’on presse. Ceci fait, Tintin ayant épuisé les limites du raisonnable, I’invraisemblable intervient sous la forme d’un concours de circonstance particulièrement utile qui lui offre une nouvelle piste. Il s’agit d’un hasard providentiel qui fait REBONDIR l’enquête sur une nouvelle voie, d’un HASARD-REBONDISSEMENT.

– 10 –

Les aventures de Tintin sont ainsi toutes structurées de cette même manière : une première piste est menée à son terme (un 1er hasard fait apparaitre une nouvelle piste), la deuxième piste est menée son terme (un 2ème hasard fait apparaitre une nouvelle piste), la troisième piste est menée à son terme (un 3ème hasard fait apparaitre une nouvelle piste), la quatrième piste est menée à son terme, etc.[14]

– 11 –

Ce qui a été dit de l PISTE peut être étendu à l’ensemble des ACTIONS de Tintin[15].

– 12 –

Le HASARD-REBONDISSEMENT est un élément déterminant de l’action chez Hergé.

À suivre…

Barthélémy Schwartz

Notes sur Hergé

Esthétique de la transparence
Le cinéma additionne les images dans la durée. Son essence est le temps. La bande-dessinée juxtapose les images sur une surface. Son essence est l’espace. Le temps n’existe pas en bande-dessinée. Il n’y est pas représenté : « avec ces vues juxtaposées, on a un succédané pratique du temps et du mouvement qui se plie aux exigences du langage en attendant qu’il se prête à celle du calcul ; mais on n’a qu’une recomposition artificielle. Le temps et le mouvement sont autre chose » (Bergson, LA PENSÉE ET LE MOUVANT). On n’a donc en bande-dessinée que de l’espace. Toutefois la compartimentation de l’espace en images peut être conçue de telle façon que la représentation du temps se fasse transparente, c’est-à-dire qu’on oublie qu’iI y a représentation et qu’il y a surface – on a l’impression qu’il n’y a que du temps. Le meilleur exemple est l’œuvre d’Hergé : sa compartimentation, très classique, austère et linéaire, recherche la transparence. La réussite de l’œuvre vient du fait que le graphisme lui-même se fait transparent – on oublie qu’iI y a graphisme, plus exactement la lecture rend les formes dessinées vivantes grâce à l’épuration de son dessin, grâce à cette fameuse ligne claire. À I’opposé, Hugo Pratt, tout en obéissant à la même conception de la représentation du temps, montre continuellement du doigt son graphisme – (cette formule n’est en rien un jugement négatif sur Pratt, c’est une allusion à l’image de Descartes que Roland Barthes aimait reprendre à propos des œuvres modernes : avancer avec son masque (maintenir l’illusion référentielle) tout en le désignant du doigt (tout en montrant qu’iI s’agit d’une illusion) – Dans le temps de la lecture (non pas progressivement mais à chaque image), le dessin chez Pratt est d’abord dessin puis devient narratif alors que chez Hergé le dessin est d’abord et immédiatement narratif puis, on s’y arrê­te, se montre alors comme graphisme.

Balthazar Kaplan

Notices biographiques

« DORÉNAVANT N°2 : Il y avait Bruno Lecigne et l’équipe des Cahiers, voici Balthazar Kaplan et Barthélémy schwartz qui sur des bases différentes parlent avec le même ennui de notre bonne vieille BD. Au sommaire de ce numéro : Dorénavant et la BD, Dorénavant et la critique et les BD de Dorévant. On aime ou on laisse tomber dès les premières lignes.28 pages. »
(Circus n°101, août 1986)

[ dessin de Le Gall sur la Gestalt Theorie…]
(Cahiers de la bande dessinée n°70, juillet/août 1986)

Notes

  1. Voir chapitre II.
  2. Voir les crayonnés de L’ALPH’art (les pages publiées).
  3. Plus particulièrement le crayonné de L’ALPH’art où Haddock est attaqué d’une extrême violence par les coups de bec forcenés d’une Castafiore-oiseau.
  4. (Numa Sadoul) : « Mais Tintin a-t-il jamais été le maître de son destin ? On peut se poser la question.
    (Hergé) : Tout de même, dans les premiers albums, il était davantage “agissant”, il maîtrisait le jeu, décidant d’aller là où de faire ceci. Lors que dans LES PICAROS, tout est subi, tout est le fait de hasards ou de manipulations extérieures. »
    (in ENTRETIENS AVEC HERGÉ (1976), in ouvrage de Numa Sadoul, TINTIN ET MOI).
  5. LES BIJOUX DE LA CASTAFIORE, page 16 : quand Matéo le gitan lance une pierre dans la rivière pour éclabousser Tintin, ce que ce dernier découvre aussitôt.
  6. COKE EN STOCK : Tintin part pour le Khemed pour remettre sur son trône l’émir et arrêter Rastapopoulos, pour se retrouver lamentablement, peu de temps après, perdu en pleine mer sur un radeau, impuissant.
  7. « Voici le célèbre reporter entouré de quelques des courageux policemen qui l’aidèrent à capturer les bandits. » (in L’ILE NOIRE).
    « Et c’est grâce à notre jeune compatriote Tintin que la bande du crabe aux pinces d’or, au grand complet, se trouve aujourd’hui sous les verrous. » (in LE CRABE AUX PINCES D’OR).
  8. Relevé des HASARDS-REBONDISSEMENTS dans COKE EN STOCK :
    1ER hasard, page 1 :
    Tintin et Haddock rencontrent PAR HASARD le général Alcazar alors qu’ils sortent d’un cinéma. Cette rencontre imprévue est introduite par une CORRESPONDANCE : Haddock parle justement d’Alcazar au moment exact où il le heurte. Alcazar perd son portefeuille aux pieds de Tintin avant de partir. Ce premier hasard sera exploité avec perspicacité par Tintin. Quand il aura épuisé tout ce que pouvait lui donner ce premier hasard, Tintin sera de nouveau sans piste. Il sera bon alors qu’un second hasard intervienne pour l’aider un peu.
    Tintin et Haddock se rendent à l’adresse que leur a indiquée le général (l’hôtel Bristol) pour lui rendre son portefeuille. Là, ils apprennent qu’il n’y a pas d’Alcazar dans l’établissement : en toute logique, ils examinent le portefeuille pour découvrir un moyen de le contacter. Ils trouvent ainsi le numéro de téléphone d’un certain « JDMC » qu’Alcazar doit appeler, ce que fait alors Tintin. Comme il se présente comme un ami du général, l’interlocuteur coupe la communication. Ce premier hasard ayant tout donné, Tintin est à présent sans piste. Il rentre avec Haddock à Moulinsart où ils ont la surprise de trouver le jeune Abdallah et sa suite, arrivés SANS PRÉVENIR au château.
    2ÈME hasard, page 10 :
    Ce sont les Dupondt qui l’apportent. Comme ils interrogent Tintin sur sa rencontre avec Alcazar, ils lui avouent de MANIÈRE INATTENDUE que ce dernier loge à l’hôtel Excelcior et qu’il est mêlé à un trafic d’armes. Comme pour le premier hasard, Tintin va épuiser la somme des pistes que pourra lui apporter ce nouvel hasard. Après, il sera bon de lui en fournir un troisième (dès la page 14).
    Tintin se rend à l’hôtel Excelsior, il voit une vieille connaissance : Dawson. Tintin laisse à Haddock le soin de remettre le portefeuille à Alcazar et, lui, suit Dawson des qu’il quitte l’hôtel. Cela le mène à un petit entrepôt ou il est confirmé que Dawson vend des avions de guerre (des mosquitos) à Alcazar et donc à d’autres. Une mauvaise farce d’Abdallah (un réveil caché dans la poche) met brutalement fin à la piste. Tintin doit ren­trer à Moulinsart.
    3ÈME hasard, page 14 :
    Tintin apprend par la presse qu’un coup d’État a eu lieu au Khemed et que le père d’Abdallah, l’émir Ezab serait prison­nier des rebelles. Les mosquitos de Dawson auraient, dit-on, particulièrement aidé les insurgés. Tintin et Haddock partent aussitôt pour le Khemed avec comme fol objectif de libérer l’émir et d’y voir plus clair dans l’affai­re embrouillée des mosquitos… Sans savoir comment ni avec qui, ils partent au Khemed, certains de réussir avec si peu de moyens. Quand ils arrivent au khemed, la police avertie par Dawson leur refuse I’entrée dans le territoire, ils doivent, aussitôt descendus, remonter dans l’avion. Fin de la piste apportée par le troisième hasard. Échec de Tintin.
    4ÈME hasard, page 18 :
    Une bombe, placée dans l’avion, devait éliminer Tintin et Haddock, mais un quatrième hasard va leur sauver la vie et leur appor­ter une nouvelle piste : ce qua­trième hasard n’est pas la bombe, mais l’incident technique connaît l’avion qui, le contraignant à se poser à cinquante kilomètres du Khemed, évite à l’avion d’exploser en plein vol. Une fois à terre, les passa­gers descendus, la bombe peut exploser. Tintin et Haddock en
    profitent pour partir seuls vers la frontière. Parvenus pendant la nuit jusqu’à la capitale du Khemed, iIs se font héberger par OIiveira, une connaissance locale de Tintin. Grâce à son aide, ils parviennent à rejoindre le camp de l’émir et de ses fidèles, situés qyekqyes quelque part dans le Djebel. Là, l’émir leur apprend qu’un certain Di Gorgonza, propriétaire de la compagnie l’Arabair, qui fait du trafic d’esclaves, est I’homme qui a permis aux rebelles de le renverser. Pour rétablir l’émir, Tin­tin ne voit qu’une solution : élimi­ner Di Gorgonza. Il décide donc d’aller à La Mecque où se trouve le siège de I’Arabair, sans savoir s’il pourra effectivement nuireà Di Corgonza. De la même manière qu’il était parti pour le Khemed avec l’idée folle de rétablir l’émir avec la seule aide de Had­dock, Tintin cette fois se rend à La Mecque pour empêcher Di Gorqonza de nuire d’avantage. Les moyens sont aussi dérisoires qu’auparavant face à l’objectif fixé. Il est à noter ce fait non négligeable que Tintin et Haddock n’arriveront jamais à La Mecque, les hasards de Ieurs errements Ies auront entre-temps égarés aiIleurs…
    5ème hasard, page 38 :
    Le bateau qui devait les mener à La Mecque est coulé par des mosquitos du gouvernement. Il est désormais hors de question de se rendre à La Meque, I’urgent est de survivre à la mer. À défaut de trouver Di Gorgonza là-bas, ils le trouveront là où ils sont, en pleine mer, par le plus grand des hasards. Sur leur radeau improvisé, ils recueillent Szut, pi­lote malheureux d’un des mosquitos. Les naufragés sont sauvés par la présence d’un yacht qui n’est autre que celui de Di Gorgonza justement… Celui-ci se débarrasse d’eux en les remettant à Allan et son cargo, lequel doit les aban­donner à la police du Khemed les recherche.
    6ème hasard, page 43 :
    Alors que tout semble perdu (Tintin a cessé de maîtriser le moindre des évènements depuis qu’il a quitté l’émir), que ni l’émir n’a été rétabli ni Di Gorgonza arrêté (Tintin apprendra d’ailleurs de la bouche providentielle de la Castafiore JUSTEMENT à bord de CE yacht, la présence de Di Gorgonza à bord), un sixième hasard très opportun va renverser du tout au tout la situation, sans que Tintin ait en quoi que ce soit agit sur ce qui se passait pas plus qu’il n’agira véritablement – en dehors du fait d’appeler au secours à la radio – dans ce qui se passera À PARTIR de ce renversement, et ce jusqu’au terme de l’ouvrage. La dernière initiative qu’aura prise Tintin aura été, au Khemed, de chercher à se rendre à La Mecque (avec le succès qu’on sait). Depuis, tout aura été subi par Tintin, il n’aura dû qu’à la présence incontournablement bienveillante de sa bonne étoile, de non seulement s’en sortir vivant mais aussi de PARVENIR À SES FINS : rétablir l’émir en mettant Di Gorgonza hors d’état provisoire de nuire !
    Ce sixième hasard prend la forme particulière d’un incendie à bord qui chasse Allan et ses hommes du cargo. Tintin, Haddock et Szut réparent les dégâts et prennent en main le navire dans les soutes duquel avaient été enfermés des futurs esclaves noirs. Di Gorgonza apprenant la bévue d’Allan envoie alors un sous-marin ayant pour mission de torpiller le cargo. Tintin lance un SOS.
    7ème hasard, page 54 :
    Non seulement cet appel est entendu, mais précisément par un CROISER AMÉRICAIN !
    8ème hasard, page 58 :
    Avant de se rendre au croiser, le capitaine du sous-marin envoie un plongeur poser une bombe sur la coque du cargo. Par chance extraordinaire, l’ancre est lancée au moment précis où le plongeur se trouve en dessous, et l’assomme. La bombe tombe dans les profon­deurs et est avalée par un requin malheureux qui, visiblement aurait mieux fait d’apparaître aux pages 37 et 39. Tintin, Haddock et Szut sont recueillis à bord du croiser qui intercepte aussi­tôt le yacht, lequel se sauve à l’aide d’un sous-marin monoplace. Tintin aura si bien contrôlé ce qui se passait lors de cette aventure qu’il lui aura fallu attendre la page 59 d’un ouvrage qui en compte tout de même 62, pour apprendre de la bouche du commandant américain que Di Gorgonza était en fait Rastapopoulos ! (ce qui me fait irrésistiblement penser, bien qu’il n’y ait aucun rapport manifeste à la fin de la CHASSE AU SNARK où l’on apprend à la fin que le snark était en fait un boojum). Rastapopoulos finale­ment empêché momentanément de nuire, l’émir reprend le pouvoir pendant qu’Alcazar renverse le général Tapioca. Un journal peut titrer : « UN NOUVEL EXPLOIT DE TINTIN », c’est bel et bien comme un INSUPORTABLE GAMIN que Tintin, en semant le désordre par sa seule présence en des lieux secrets sera finalement, et presque MALGRÉ LUI, parvenu à ses fins.
  9. COKE EN STOCK : c’est par une CORRESPONDANCE que s’ou­vre l’ouvrage, et par une succes­sion vertigineusement explosive de HASARDS que se conclue l’aven­ture. Voir également le SCEPTRE D’OTTOKAR : c’est par hasard que Tintin découvre la mallette que le professeur Halambique avait oubliée sur un banc.
  10. Ne pas oublier que dans COKE EN STOCK, c’est tout de même Rastapopoulos qui se voit contraint de recueillir Tintin abandonné à son sort en pleine alors qu’il avait fortement travailler à ce qu’il s’y trouve ! Qu’il ne dépendra que d’un incendie providentiel que Tintin échappe à Allan, etc.
  11. LE TEMPLE DU SOLEIL, page 18 : Tintin s’interposant entre un jeune enfant et trois hommes qui le malmenaient.
    COKE EN STOCK, page 13 : Tintin décidant de se rendre immédiatement au Khemed après la seule lecture d’un journal lui apprenant la chute de l’émir.
  12. Il y a dans Conversation avec Hergé (Benoit Peeters, LE MONDE D’HERGÉ), un passage de l’interview où Hergé déclare être particulièrement têtu au point de s’en tenir à une première idée quand bien même son entourage l’en dissuaderait. Il serait certainement très vexé, mais n’en démordrait pas.
  13. COKE EN STOCK, page 3 : la piste du numéro de téléphone d’Alcazar, la piste JDMC, etc.
  14. Relevé des HASARDS-REBONDISSEMENTS dans L’AFFAIRE TOURNESOL, (les grandes lignes essentiellement).
    1ER hasard, page 14 :
    Suite aux étranges bris de verre, Tintin et Haddock pénètrent dans le laboratoire de Tournesol, alors que ce dernier part à Genève pour un congrès. Là, ils SURPREN­NENT un visiteur masqué qui par­vient à s’échapper, abandonnant dans sa fuite un paquet de cigarettes sur lequel est griffonné le nom de l’hôtel suisse où doit descendre Tournesol. Tintin et Haddock partent aussitôt pour Genève et se rendent à l’hôtel en question. Par malchance, ils manquent de peu Tournesol qui vient de prendre le train pour Nyon où un ami l’attend (dixit le maitre d’hôtel). Ils prennent un taxi pour la même direction, mais entre Genève et Nyon une automobile leur fait une queue de poisson, et le taxi plonge dans l’eau. Ils parviennent malgré cette embûche et une seconde tentative manquée d’assassinat contre eux à trouver la maison de l’ami de Tournesol (le professeur A. Topolino). Ce professeur a été assommé par un inconnu qui a kidnappé I’infortuné Tournesol. Tintin retrouve la même marque de cigarettes prouvant sinon qu’il s’agit d’un même homme, qu’au moins l’inconnu du laboratoire et le kidnappeur de Tournesol travaillent de concert. Sur ce, une bombe placée par les ravisseurs dans la maison explose. Par miracle, Tintin etHaddock sont Indemnes. la piste du paquet de cigarettes a été menée à son terme. Un second hasard est désormais nécessaire.
    2ème hasard, page 28 :
    Un mégot de cigarette est jeté par terre d’une voiture appartenant à l’ambassade de Bordurie. Ce mégot non seulement tombe aux pieds de Tintin et Haddock, mais se révèle être de la même marque que les cigarettes déjà rencontrées. Il décident le soir même d’aller faire un tour dans le jardin de l’ambassade.
    3ème hasard, page 29 :
    Par le plus merveilleux des hasards, le jour et l’heure choisis pour aller à l’ambassade sont les mêmes qu’ont choisi des agents de Syldavie pour ravir Tournesol aux bordures. Des coups sont échan­gés entre les Bordures et les Syldaves, à l’avantage des derniers qui parviennent à repartir à bord d’un canot à moteur, avec Tournesol. Tintin et Haddock profitent de la confusion pour s’envoler a bord de l’hélicoptè­re d’un des partis, à la poursuite des nouveaux ravisseurs du professeur. Ils observent ainsi les Syldaves abandonner le canot sur l’autre rive du lac et repar­tir à bord d’une lourde automobile. L’hélicoptère tente de l’in­tercepter, elle passe malgré tout. La piste des ravisseurs est perdue, Tintin et Haddock abandonnent l’hélicoptère.
    Et pourtant… Un passionné d’automobile, un certain Arturo Benedetto Giovanni Giuseppe Pietro Archangelo Alfredo Cartoffoli de Milano accepte de partir avec eux à la poursuite de l’automobile (page 6). Finalement, ABGGPAAC de Milano retrouve la voiture des ravisseurs qu’il contraint à s’arrêter au bord de la route. Tintin inspecte l’automobile. Il n’y a pas de trace de Tournesol. La voiture repart, le passionné de voiture aussi, laissant Tintin et Haddock seuls et désemparés.
    4ème hasard, page 40 :
    Apercevant un avion de tourisme s’apprêtant à se poser, ils se dirigent dans sa direction pensant être près d’un aérodrome, en vue de reprendre la poursuite. En fait d’aérodrome, ils retrouvent, abandonnée, la voiture des ravisseurs et ceux-ci entrain de pousser Tournesol dans l’avion qui vient de se poser dans un champ. Tintin court après, en vain. Rarement, une piste aura été menée aussi vite à son terme et aussi vainement.
    5ème hasard, page 40 :
    De retour bredouilles à Genève, ils apprennent par la presse que l’avion en question a été intercepté par les Bordures qui récupèrent ainsi Tournesol. Tintin et Haddock partent aussitôt pour la Bordurie. Pris en charge dans leurs déplacements dans la capitale locale par deux policiers, ils apprennent que seul le colonel Sponsz, le chef de la sureté, sait où est enfermé le professeur. Dans le même hôtel qu’on leur a réservé, ils rencontrent, sans qu’elle les voit, la Castafiore qui doit faire un récital à l’opéra ce soir-même. Tintin et Haddock se débarrassent leurs deux policiers et se réfugient à l’opéra dans le but de contacter la Castafiore.
    6ème hasard, page 53 :
    C’est naturellement ce jour précisément que choisit le colonel Sponsz pour assister au récital. Tintin et Haddock se rendent à la loge de la Castafiore.
    7ème hasard, page 53 :
    Au moment précis où ils sont reçus par la cantatrice, Sponsz demande à son tour à être reçu (scène qui fait penser au trio type du vaudeville : le mari, sa femme, l’amant, lequel se cache généralement en catastrophe quand le mari entre dans la chambre à l’improviste). Tintin et Haddock se cachent dans la penderie. IIs apprennent là, de Sponsz qui l’explique à la Castafiore, pourquoi Tournesol a été enlevé, et que deux délégués de la Croix-Rouge seront autorisés à voir le professeur. Les laissez-passer signés étant dans une poche du manteau du colonel, juste­ment rangé entre-temps dans la penderie (action qui fait à elle seule un nouveau hasard, le colonel aurait pu CONSERVER son manteau). Grâce à ce prodigieux concours de circonstances, Tintin et Haddock utilisent les laissez-passer, se font passer pour les délégués de la Croix-Rouge et libèrent Tournesol. Au cours de leur fuite, ils volent un tank pour passer la frontière.
    8ème hasard & dernier hasard, page 59 :
    La route de la frontière est barrée par une double ou triple rangée de mines déposées sur le sol que ne peuvent éviter Tintin et Haddock : par fortune, celles qu’ils écrasent sont défec­tueuses. Fin de I’aventure, Tournesol est sauvé, les trois rentrent ensemble à Moulinsart.
  15. LE SCEPTRE D’OTTOKAR, page 23 : Tintin est éjecté de I ‘avion par une trappe, il ouvre le parachute du siège, mais celui-ci s’ou­vrant, il le lâche. Tintin atterrit finalement sur une charrette de foin inespérée qui amortit sa chute, Milou, lui, s’étant retrouvé tout simplement sur le sommet du parachute, n’avait plus qu’a attendre que celui-ci se pose (une remarque de style : le fait même que le siège qui est sensé provoquer la perte de Tintin AIE un parachute est une faute de goût, il est évident que lorsqu’on jette quelqu’un par-dessous bord d’un avion, on ÉVITE de lui donner un parachute, à moins que cela soit POUR RIRE)
    L’ÉTOILE MYSTÉRIEUSE, page 55 : Tintin aux prises avec une araignée géante, trébuche. L’araignée court sur lui mais est, heureusement, écrasée par la chute d’une pomme, également géante.
Dossier de & en janvier 2016