La librairie spécialisée en bandes dessinées

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Les recherches ou études sur la bande dessinée se multiplient depuis une cinquantaine d’années mais négligent pour la plupart l’histoire des lieux où celle-ci est vendue. La librairie spécialisée est ainsi un objet d’étude particulièrement laissé de côté[1], alors que son poids économique, mais aussi symbolique, reste important. L’ensemble de ces librairies, par exemple, apparaît dans des études récentes comme le troisième vecteur de vente de bandes dessinées[2]. D’autre part, en tant que lieux créés pour et parfois par des amateurs, ces librairies ont su mettre en relation, au fil des années, différentes personnalités et, indirectement, être à l’origine de carrières, de revendications et/ou de mouvements esthétiques révélant certaines d’entre elles comme des figures de proue encore peu connues mais actives dans l’installation, la reconnaissance et la poursuite d’un neuvième art vivant.
Par leur histoire et leur évolution, les librairies de bandes dessinées témoignent aussi d’un moyen d’expression passé en quelques décennies de passe-temps édifiant pour mineurs à une forme de création contemporaine dynamique de plus en plus diversifiée, où se côtoient avant-gardes et succès populaires. Cette absence d’études semble d’autant plus paradoxale aujourd’hui que ces librairies figurent depuis quelques années maintenant dans les bandes dessinées elles-mêmes, soit de manière directe en tant que lieux précisément décrits, soit de manière plus générale par la description de la profession de libraire à travers des successions d’anecdotes à caractère souvent humoristiques.

Notes

  1. A l’exception notable des articles d’Olivier Vanhée sur les librairies Album et celles spécialisées dans les mangas. Vanhée, Olivier, « Les librairies Album et le réseau Canal BD — Les librairies manga » in Sorel, Patricia (dir.) et Leblanc, Frédérique (dir.), Histoire de la librairie française, 2008, Cercle de la librairie, 2008, p. 624-626.
  2. Les librairies spécialisées en bandes dessinées sont le troisième vecteur de ventes avec 19 % des lecteurs âgés de 15 ans et plus y ayant acheté des bandes dessinées au cours des 12 derniers mois. Elles se situent derrière les librairies ou espaces culturels généralistes et les grandes surfaces, mais devant les sites Internet généralistes. In Berthou, Benoît (dir.), La bande dessinée : quelle lecture, quelle culture ?, 2015, Paris, Bibliothèque publique d’information, 2015.
Dossier de en septembre 2017