Chiu Row-long

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La bande dessinée taïwanaise est largement inconnue en francophonie, à la différence de ses homologues de Chine continentale ou de Hong-Kong. Elle était cependant invitée au Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême en 2012, et les visiteurs curieux de neuvième art asiatique ont donc pu découvrir sa grande variété de styles et de sujets, malgré un marché local très largement dominé par le manga. Conséquence de l'exposition Taiwan, an ocean of comics, la version française de l’œuvre majeure de Chiu Row-long, Seediq Bale vient de paraître aux Éditions Akata. Il s'agit aussi d'un événement pour l'éditeur dont c'est le premier ouvrage édité sous son seul nom.

Octobre 1930. Cela fait trente-cinq ans que les habitants de Taïwan vivent sous la coupe de l’Empire du Soleil levant, depuis que la Chine a cédé cette possession au gouvernement japonais suite à sa défaite lors de la première guerre sino-japonaise (1894-1895). Après une période d’oppression et de révoltes réprimées dans le sang, le Japon décide de s’orienter vers une politique d’assimilation des populations locales, chinoises et aborigènes. Ces derniers sont les premiers habitants de l’île (les austronésiens sont arrivés il y a plus de 6 000 ans) et leurs traditions séculaires, leur mode de vie ont résisté aux invasions hollandaises, portugaises puis chinoises. Cette détermination a un prix : ils ont dû aller vivre dans les montagnes. Le peuple Seediq a de plus en plus de mal à supporter la domination des Japonais. Ceux-ci ne perdent pas une occasion de les spolier d’une partie de leurs revenus commerciaux, de multiplier les vexations, d’abuser des femmes des différents villages aborigènes et d’avoir une attitude arrogante en toute occasion. Rudo Mouna, le chef respecté d’une des tribus de la région, n’arrive plus à prôner la patience. Pour lui, toute révolte mal préparée ne peut déboucher que sur une nouvelle répression sanglante. C’est alors qu’arrive la compétition sportive scolaire annuelle, c’est-à-dire un jour de fête réunissant notables de Taïwan et Japonais des environs. Le temps de retrouver son honneur, de mériter le titre d’homme véritable est enfin venu !

Seediq Bale est une bande dessinée de plus de 250 pages (304 avec les différents bonus de la nouvelle édition de 2011, celle-ci même qui a été traduite en français) réalisée par Chiu Row-long entre 1985 et 1990. La version française est sortie le 12 septembre 2013. À l’occasion de la venue de l’auteur à Bruxelles pour la Fête de la BD puis à Paris pour le lancement du titre, nous avons eu l’honneur de le rencontrer et de discuter un peu de son œuvre.

Herbv : Dans la biographie proposée à la fin de Seediq Bale, nous apprenons que vous êtes issus d’une famille d’illustrateurs et d’auteurs de bande dessinées. Vous aviez donc accès à de nombreuses bandes dessinées et autres sources graphiques, d’autant plus que vous avez connu le renouveau de la bande dessinée taïwanaise[1] avec le courant d’or (1980-1999), avant l’invasion du manga. Pourriez-vous nous parler de vos influences, de votre style que l’on pourrait qualifier de réaliste ?

Chiu Row-Long : Effectivement, nous sommes plusieurs à faire de la bande dessinée dans la famille. Mais lorsque j’étais jeune, les bandes dessinées taïwanaises étaient très encadrées par le gouvernement et nous regardions surtout des bandes dessinées japonaises[2]. À l’époque, mon père m’avait expliqué que je pouvais regarder autant que je voulais les mangas[3] mais que si je voulais faire quelque chose par la suite, il fallait que j’essaie de créer une œuvre taïwanaise, et non recopier les bandes dessinées japonaises. C’est un principe qu’il m’a inculqué et que je suis content d’avoir respecté. Concernant les auteurs japonais qui m’ont peut-être le plus influencé, on trouve Tezuka Osamu, Mizuki Shigeru (avec Kitarô le repoussant) et Chiba Tetsuya (notamment Ore wa Teppei). Néanmoins, lorsqu’il s’est agit de dessiner par moi-même, j’ai fait le maximum pour réaliser des travaux personnels, de ne pas être influencé et de ne pas copier leur travail.

Herbv : Je n’ai pas réussi à trouver votre bibliographie. Seediq Bale était-elle votre première bande dessinée professionnelle ? Aviez-vous fait d’autres œuvres auparavant ? Avez-vous d’autres titres qui pourraient être publiés en France ?

Chiu Row-Long : Avant Seediq Bale, j’ai fait beaucoup de bandes dessinées pendant mes études. La plupart d’entre elles étaient destinées aux enfants, un peu dans le style des dessins animés de l’époque. Après, j’ai continué à en faire, mais moins. D’ailleurs, j’en fais toujours. Néanmoins, je me suis concentré sur cette œuvre-là puisque je suis presque devenu l’ambassadeur du peuple Seediq. Comme je pense que c’est une bonne chose, que j’en suis heureux, je souhaite mettre l’accent sur ce travail et laisser le reste un peu de côté. En ce qui concerne de savoir si d’autres de mes bandes dessinées pourraient être publiées en France, il faudrait d’abord que je pense à celles que je souhaiterais mettre en avant. Ce n’est donc pas d’actualité.

Herbv : Pourriez-vous nous parler un peu de la façon dont a été réalisée votre bande dessinée Seediq Bale ? Quelle a été votre démarche artistique, notamment pour le dessin ? Avez-vous écrit un synopsis, un scénario ou réalisé un story board ?

Chiu Row-Long : Lorsque j’ai commencé à dessiner la tribu Seediq et la révolte de Wushe, j’ai adopté un style assez libre, plus dessin animé. Ensuite, j’ai commencé à montrer mes dessins aux aborigènes, notamment aux personnes âgées avec lesquelles je m’entretenais de leur histoire. Comme elles n’avaient jamais vu de bandes dessinées, elles m’ont dit : « Mais qu’est-ce que c’est que ça ? Tu nous as fait une grosse tête ! Regarde ! On n’a pas cette tête-là, on n’a pas une grosse tête comme ça ! ». Donc, c’est un peu à cause d’elles, ou plutôt grâce à elles, que j’ai décidé d’adopter un dessin le plus précis et le plus réaliste possible, ayant l’intention de faire une bande dessinée sur leur histoire, sur leur peuple. Il pouvait arriver, par exemple, que je me trompe, ou que je ne sois pas suffisamment précis, sur un dessin de vêtement ou sur un tatouage facial. Les aborigènes à qui je montrais mes dessins attiraient alors mon attention sur le fait que je dessinais quelque chose qui faisait référence à telle ou telle tribu et qu’elle était leur ennemie. Je n’avais donc pas d’autre solution que de faire des dessins très précis et tout à fait véritables. Il est clair que la plupart des lecteurs de Seediq Bale ne peuvent pas voir une petite différence de vêtement ou de tatouage mais les Seediq, eux, la repèrent tout de suite. Bien évidemment, par simple respect, il est normal de les représenter de la meilleure manière possible.
En ce qui concerne l’histoire, je n’ai pas écrit de synopsis ni de scénario. Le récit est celui d’une histoire véridique, celle de cette révolte que j’ai reconstituée grâce à quelques livres et, surtout, grâce aux entretiens que j’ai eus avec des survivants de la révolte de Wushe. J’ai noté petit à petit tous les faits, presque date par date. Néanmoins, je n’ai pas écrit d’histoire puisque le récit reprend des faits historiques tels que je les ai reconstitués. En ce qui concerne le dessin, j’ai fait les choses de manière assez naturelle et pas du tout élaborée. J’ai d’abord dessiné ce qui m’inspirait le plus, ce que je voulais représenter en premier, que ce soit un paysage, une action ou des personnages. Puis, à partir de là, j’ai relié les différentes parties. J’ai donc créé de manière assez désordonnée, mais spontanée, comme j’avais envie de dessiner. C’est un peu comme quand on fait un film : on n’est pas obligé de commencer par le début, on fait des prises de vue dans un ordre totalement différent du récit. Donc, j’ai fait des dessins et, après, je les ai remontés selon un ordre chronologique.

Herbv : Effectivement, vous semblez hésiter. La narration est d’abord de type bande dessinée avant de basculer plus franchement vers une sorte de reportage, un documentaire illustré, reposant sur une narration totalement différente, avec notamment un narrateur en voix off et une discontinuité de l’action entre les cases.

Chiu Row-Long : Oui, c’est une sorte de film documentaire. Il y a des moments où l’on peut dire que je suis en train d’interviewer des personnes en voix off, puis des moments où les acteurs de la révolte de Wushe s’expriment directement.

Herbv : Pouvez-vous nous dire comment vous avez découvert la culture Seediq ? Si j’ai bien compris, vous étiez jeune (environ vingt ans) et vous veniez de terminer vos études. Comment vous est venue l’idée de faire une bande dessinée sur la révolte de Wushe, combien de temps cela vous a-t-il pris ?

Chiu Row-Long : Ma découverte du peuple Seediq s’est faite un peu par hasard. J’avais terminé mes études, j’étais diplômé d’une école des beaux-arts. Je suis allé me promener en montagne et je suis arrivé là par chance. J’ai pu discuter avec des gens, notamment une dame âgée qui m’a assez rapidement, assez naturellement, parlé. Puis elle a commencé à raconter ces choses-là. Très rapidement, j’ai été très intéressé par leur mode de vie et par leur culture. J’appréciais beaucoup leur environnement, l’endroit où ces gens vivaient, où ils vivent toujours, et j’ai eu envie de faire quelque chose sur eux. À l’époque, je faisais des bandes dessinées et j’étais à la recherche d’un sujet typiquement taïwanais. C’était donc l’occasion rêvée et j’étais bien content d’avoir la possibilité de rester dans la montagne et de ne pas avoir à retourner en ville. Du coup, j’ai fait pas mal d’allers et retours, parfois en restant plusieurs jours sur place. Résultat, j’ai mis environ cinq ans à faire cette bande dessinée.

Herbv : En France, souvent, les bandes dessinées de reportage sont financées par un magazine, un journal ou un éditeur. J’imagine que ce n’était pas le cas pour vous, si ?

Chiu Row-Long : Non, évidement, aucun éditeur ne m’a soutenu. À ma connaissance, aucun éditeur de bandes dessinées à Taïwan n’aurait l’idée ou n’accepterait de financer à l’avance un tel projet. Néanmoins, les aborigènes sont des gens très accueillants et s’ils vous traitent comme un ami, vous pouvez rester simplement loger chez eux, manger avec eux sans que cela ne pose de problème ou que l’on ait quelque chose à payer. Par ailleurs, je publiais quelques bandes dessinées dans la presse, ce qui me permettait de gagner un peu d’argent.

Herbv : Les aborigènes taïwanais ont souffert, tout au long de leur histoire, des différentes invasions étrangères (européennes, chinoises, japonaises). Pensez-vous parler de ces différentes oppressions, notamment celles venues de Chine continentale, dans de futures bandes dessinées ?

Chiu Row-Long : Vous avez tout à fait raison de dire que les aborigènes sont les premiers habitants de l’île, les véritables Taïwanais. Avant les Chinois ou les Japonais, il y a eu d’abord les Européens : les Espagnols étaient installés dans le Nord de Taïwan et les Hollandais dans le Sud[4]. Peu après, les Chinois sont arrivés et se sont installés au milieu de l’île avant d’en chasser les Européens. Ensuite, il y a la venue des Mandchous, la dernière dynastie Chinoise[5], puis des Japonais[6]. Après, il y a eu l’arrivée du Kuomintang et enfin, de Tchang Kaï-chek[7]. Les aborigènes ont été repoussés dans les montagnes à de nombreuses reprises et par de nombreuses populations différentes. Bien sûr, on pourrait écrire d’autres bandes dessinées sur les populations qui sont entrées à Taïwan durant tous ces siècles. Mais j’ai le sentiment que c’est une autre affaire. J’ai réalisé Seediq Bale parce que j’ai eu la chance de rencontrer des personnes encore vivantes qui pouvaient me parler de leur culture et de la révolte de Wushe. Maintenant que ma bande dessinée est éditée en France et que je viens plus souvent en Europe, je pourrais faire quelque chose sur l’entrée des Espagnols ou des Hollandais à Taïwan, bien antérieure à celle des Chinois. Malheureusement, il n’y a plus de contemporains de cette période et la façon d’approcher leur histoire est tout à fait différente. La documentation est nettement moins importante, moins facile à trouver. Mais pourquoi pas ?

Herbv : Alors qu’au début de l’histoire, vous décrivez l’envahisseur japonais comme cruel, arrogant, abusant de sa situation, vous semblez, une fois la révolte commencée, faire très attention à rester assez neutre dans vos propos, notamment envers les Seediq collaborateurs. D’ailleurs, peut-on parler de collaborateurs ? Traditionnellement, les différentes tribus aborigènes passaient leur temps à se faire la guerre entre elles, un coup alliées, un coup ennemies. Ne peut-on pas considérer ainsi que certaines tribus considéraient que leur intérêt était de lutter contre certains Seediq plutôt que contre les Japonais ? Ils ne trahissaient pas Taïwan, ils agissaient simplement comme par le passé.

Chiu Row-Long : Effectivement, on pourrait penser que tous les aborigènes, par principe, s’opposaient aux Japonais ou n’étaient pas satisfaits de cette présence sur leur territoire. Cependant, ces derniers n’étaient là que depuis une trentaine d’années alors que l’opposition avec les autres tribus durait peut-être depuis trois ou quatre cent ans. Donc, oui, pour certains Seediq ou d’autres peuples aborigènes, s’allier aux Japonais permettait surtout de continuer à être ennemi de telle ou telle tribu. Par exemple, le héros du livre, Rudo Mouna, s’est opposé au Japon et il a organisé la révolte. Il a ainsi récupéré des armes, de la poudre, des munitions, etc. Finalement, il est tout à fait possible que d’autres aborigènes le craignaient et ont alors préféré s’allier aux Japonais. Pour eux, c’était le moyen de recevoir des armes pour pouvoir continuer à s’opposer à leurs ennemis ancestraux.

Herbv : À l’évocation des différents suicides chez les Seediq, je me suis posé la question de la sincérité, du plein gré de ceux-ci ? N’étaient-ils pas provoqués par certains leaders, un peu comme les suicides au Japon en 1945 ? En effet, au fur et à mesure que la défaite contre les Américains approchait, un certain nombre de suicides dans la population civile n’était pas spontanés mais provoqués par les militaristes. Les femmes, les enfants, et même des hommes de troupes, n’avaient pas particulièrement envie de mourir pour l’honneur. On a décidé pour eux,  sans leur demander leur avis, qu’il valait mieux mourir que vivre dans la défaite. Peut-on comparer les deux situations ?

Chiu Row-Long : Les personnes tatouées étaient des « Hommes Véritables »[8]. En principe, elles se sont suicidées de manière tout-à-fait volontaire parce que leur tatouage faisait qu’elles étaient déjà en relation avec leurs ancêtres. Se suicider, c’était certes abréger sa vie, mais c’était entrer en contact, retrouver les ancêtres. En ce qui concerne les personnes non tatouées, la situation a pu être différente. Comme elles n’étaient pas tatouées, elles ne pouvaient pas retrouver les ancêtres puisque ce n’étaient pas des hommes et des femmes véritables. Cela concerne aussi les enfants ou les adolescents. Bien entendu, on a dû plus ou moins les forcer à rejoindre le mouvement. Néanmoins, en ce qui concerne les véritables Seediq, les personnes tatouées, on peut dire que leur suicide a été sincère.

Herbv : Seediq Bale constitue l’un des premiers pas effectués par la société taïwanaise vers une meilleure connaissance de son passé, notamment de celui des aborigènes. Lin Li-chin, une Taïwanaise auteure de bande dessinée, installée en France depuis de très nombreuses années, a raconté dans Formose[9], à quel point la société taïwanaise était dans l’ignorance de son passé à l’époque du Kuomintang et que l’enseignement de l’Histoire était surtout une occasion d’endoctriner la jeunesse. Avez-vous ressenti la même chose ?

Chiu Row-Long : Effectivement, c’était comme ça à l’époque. La grande différence entre Li-chin et moi, c’est qu’elle était une très bonne élève. Elle a donc été complètement endoctrinée sans le savoir. C’est après s’être retrouvée en France qu’elle s’est rendu compte que les choses ne s’étaient peut-être pas passées comme elle l’avait appris. Moi, je n’aimais pas étudier, je n’étais pas un bon élève, je n’ai donc pas souffert autant qu’elle de cet endoctrinement. Oui, j’étais un enfant qui n’écoutait pas les adultes, un élève qui n’écoutait pas les leçons, donc je n’ai pas eu ce problème.

[Entretien réalisé le 12 septembre 2013 au Bureau de Représentation de Taipei en France, interprétariat assuré par François Brugier. Merci à Manuka pour ses corrections et à beanie_xz pour ses compétences en mandarin et sa connaissance de la bande dessinée chinoise des années 1990.]

Notes

  1. Quelques informations sur l’histoire de la bande dessinée taïwanaise ont été proposées lors de l’exposition Taiwan, an ocean of comics. Vous pouvez les retrouver sur une page qui lui est dédiée sur le mini-site Mangaverse à Angoulême 2012 réalisé par votre serviteur.
  2. Le terme « regarder » est bien la traduction la plus proche des termes utilisés par Chiu Row-long. Il faut comprendre que les enfants taïwanais avaient accès à de nombreux titres venus du Japon bien avant qu’ils n’envahissent le marché local dans les années 1990-2000. En effet, entre les années 1950 et le début des années 1990, et même un certain temps après, de très nombreuses bandes dessinées japonaises ont été piratées et traduites avec plus ou moins de bonheur : localisation des noms, titres inventés, traduction bâclée, etc. Ces éditions pirates étaient même exportées à Hong-Kong et en Chine continentale. L’ouverture commerciale de Taïwan au reste du monde durant les années 1990 a entraîné un recul très net des éditions pirates, au fur et à mesure du développement des éditions officielles et de la lutte contre le piratage.
  3. Le terme « manga », utilisé ici pour éviter une répétition, fait uniquement référence aux bandes dessinées japonaises comme il se doit.
  4. Les Portugais ont été les premiers Européens à découvrir l’île de Taïwan au cours du XVIe siècle et ils la nommèrent « Ilha Formosa », c’est-à-dire « Belle Île ». Puis, durant la première moitié du XVIIe siècle, les Hollandais ont installé et développé une colonie afin d’en faire une base facilitant leur commerce avec la Chine et le Japon. Ils ont alors fait venir des paysans de la région côtière chinoise pour les aider à développer l’économie de l’île. Les Espagnols, afin de lutter contre l’influence grandissante de leurs concurrents hollandais, ont essayé de prendre pied dans le Nord de l’île, avant d’être chassés par les Hollandais.
  5. Durant la seconde moitié du XVIIe siècle, les pirates marchands de Koxinga, véritable armée de plus de 25 000 hommes, ont chassé les Hollandais de Taïwan afin d’en faire une base arrière pour la reconquête de la Chine par la dynastie Ming, chassée du pouvoir central par les Mandchous, les fondateurs de la dynastie Qing. Ils sont défaits quelques années plus tard par l’armée Qing qui intègre alors l’île à leur empire.
  6. La mainmise du Japon sur l’île ne s’est pas réalisée sans heurts, par une simple cession : les populations locales, principalement chinoises, ont résisté et l’armée japonaise a dû livrer plusieurs batailles, durant pratiquement cinq mois, avant de l’emporter définitivement avec la chute de la ville de Tainan.
  7. Fin 1949, le Kuomintang (Parti national du peuple chinois), défait par les communistes de Mao, s’est réfugié sur l’île de Taïwan en compagnie de pratiquement deux millions de Chinois venus du continent. Il s’ensuit un régime encore plus autoritaire, avec la déclaration de la loi martiale (1949-1987), que celui mis en place après le départ des Japonais. Tchang Kaï-chek en est officiellement le dirigeant entre 1950 et 1975, année de sa mort.
  8. Le terme « Seediq Bale » signifie littéralement « Homme Véritable ». Pour le devenir, les hommes devaient avoir décapité un ennemi alors que les femmes devaient avoir maîtrisé la technique du tissage. En effet, l’homme est ainsi qualifié pour protéger la tribu alors que la femme démontre qu’elle sait s’occuper du foyer et préserver sa chaleur.
  9. L’ouvrage est disponible aux éditions Çà et là, et narre l’enfance de Lin Li-chin sous le régime autoritaire du Kuomintang et l’endoctrinement des diverses populations de Taïwan.
Hervé Brient
Entretien par en octobre 2013