Vues Éphémères – Décembre 2020

de

L’année 2020 tire à sa fin — enfin, pourrait-on dire, tant celle-ci a pu être éprouvante pour tous et toutes. Il n’aura pas échappé aux quelques lecteurs et lectrices qui viennent parfois se perdre dans les pages de ce site, que du9 n’a pas été particulièrement actif ces derniers temps. Cette humeur mensuelle, publiée dans les derniers jours de décembre, est en elle-même une bonne illustration de ce que peut être la trajectoire d’une initiative comme du9, animée par passion, mais qui se retrouve parfois reléguée au second plan lorsque la vie décide de s’en mêler. Collectif flou constitué au gré des rencontres autour de valeurs communes d’exigence (à l’égard des œuvres, mais également du regard qu’on peut leur porter), il a vu ces derniers temps bien des contributeurs continuer leurs explorations de la bande dessinée, mais ailleurs et parfois sous d’autres formes.

« Nous recrutons !« , annonçait le 28 décembre l’éditeur Fantagraphics, à la recherche d’un co-rédacteur en chef pour son (désormais) semestriel critique, The Comics Journal. Avec ses entretiens-fleuve et ses prises de position (parfois polémiques) en faveur d’une bande dessinée d’auteur, TCJ était un lieu important du discours critique outre-Atlantique au tournant des années 2000. Mais voilà, Internet (avec notamment l’explosion des réseaux sociaux) a progressivement fait passer ce genre de publication papier au second plan. Abondance de sites web traitant de l’actualité de l’industrie, immédiateté des échanges et des réactions, spécialisation progressive face à un panorama éditorial désormais résolument international — tous ces facteurs contribuent à une dilution de l’influence de ces institutions critiques vénérables.

Pourtant, il me semble que The Comics Journal, à l’instar de ce que cherche à proposer du9 à sa petite échelle, représente une part du discours critique importante qui s’inscrit dans une temporalité longue. Cela est particulièrement sensible dans l’approche qui préside aux entretiens, s’intéressant moins à la dernière parution qu’à l’ensemble de la carrière d’un.e auteur.e. Mais cela signifie aussi prendre le temps de la réflexion — le temps de l’écriture, aussi.

2020 s’achève, reste à savoir ce que nous réserve 2021. En espérant qu’elle soit au moins riche en lectures, en découvertes et en rencontres.

Humeur de en décembre 2020