Carlotta

Il fait nuit … Dans un hôtel miteux, un flic est en planque. Ça fait déjà deux jours qu’il repère les lieux. Lorsqu’il rencontre Carlotta, il comprend immédiatement que ses informations étaient sûres. Personnage blessé, vie brisée, Carlotta ne peut pas être une jeune fille comme les autres. Le monde des adultes lui a montré ce qui pouvait exister de pire … Mat va être le déclencheur de sa rébellion. Avec une détermination forgée par la peur, elle va devenir un acteur impitoyable de la partie qui est en cours.

Carlotta est un ouvrage qui dérange. Il met ses lecteurs mal à l’aise, car il nous présente une partie horrible de notre société, qui est malheureusement bien réelle. L’exploitation perverse de l’enfance, des femmes y est abordée sans détour. Au-delà des faits en eux-mêmes, on peut se poser beaucoup de questions sur l’exploitation commerciale de ce genre de drame humain, sur l’auteur lui-même, Alex Varenne, qui a pour habitude de proposer des ouvrages érotiques ou très suggestifs.

Pourtant, le ton de cet album tranche avec le passif de l’auteur. Son thème déjà, ne prête pas à la rigolade. Les personnages sont durs. Le dessin est froid. Le texte minimaliste. Le personnage de Carlotta ne peut que faire monter en nous un sentiment de dégoût pour ses bourreaux et de la compassion pour ce petit bout de femme qui a dû en voir de toutes les couleurs. Le personnage du flic, Mat, accentue ce sentiment par son respect, sa gêne et sa pudeur envers Carlotta.

Cet ouvrage trouvera sa signification en fonction du regard de chaque lecteur. Les humanistes y découvriront un drame humain dans le personnage de Carlotta. Les aventuriers, une jeune femme rebelle qui va exterminer les causes de sa haine. D’autres pervers seront déçus par l’absence de scènes scabreuses. Les intégristes, eux, vont crier au scandale sur le thème même de l’histoire.

Quoi qu’il en soit, Carlotta est un ouvrage intéressant. Mais il ne doit pas se lire comme une bande dessinée classique.