Chère Julia

de

A ce qu’il paraît, Dear Julia est désormais introuvable. Et c’est bien dommage. En effet, en quatre petits volumes carrés, Brian Biggs se montre un auteur sensible et subtil, livrant une histoire personnelle attachante.

Ce livre est de la matière dont on fait les rêves. A peine ouvert, il vous emporte dans son rythme étrange, dans cette narration calme et tranquille qui se permet d’hésiter, de revenir en arrière, de prendre son temps. Et l’on découvre un récit poétique, on en vient à oublier la mise en page immuable, toute simple, quatre cases carrées, dans laquelle Brian Biggs installe son dessin léger, ses petits tableaux fragiles, son découpage de cinéma.

C’est cela, la magie de cette œuvre : sans artifice, sans tape-à-l’oeil, elle captive et séduit. Dear Julia est une longue confession, une confession humaine et maladroite, la confession d’une vie en décalage, la vie d’un être à la poursuite d’un impossible rêve. Par petites touches, au détour d’une allusion, Brian Biggs réussit à esquisser un portrait d’une grande finesse, témoignant de sa maîtrise.

Enfin, ce livre est avant tout une ambiance, une ambiance particulière, un Lynch qui aurait oublié d’être malsain. Et on se prend à y revenir, à se replonger dans cet univers, comme on relit une lettre. Sans aucun doute, un auteur à suivre.

Site officiel de Brian Biggs
Site officiel de La Pastèque
Chroniqué par en avril 1998