
En Vrac (n°10)
Quatre mois sans nouvelles de Gilles Rochier. Avouez qu’il y avait de quoi s’inquiéter. Les petites publications comme En vrac apparaissent et disparaissent souvent sans prévenir, et le lecteur se retrouve tristement devant le fait accompli.
Bonne nouvelle. En vrac existe toujours, seulement Gilles s’est marié, a eu trente ans, et on a gagné la coupe du monde …
Dans ce numéro, l’auteur se fait rétamer à la Nintendo, autopsie son carnet de croquis, réveille sa part d’ombre avec un Tamagotchi et dessine les yeux fermés.
Ça n’a l’air de rien, et pourtant la lecture d’En vrac me procure toujours un indicible plaisir.
Rochier n’aime pas trop qu’on le compare continuellement à Lolmède (qu’il adore). Pourtant, ils font, pour moi, partie des rares auteurs qui dépassent l’autobiographie pour, en racontant de petites choses anodines, nous faire passer autre chose.
Quel est cet autre chose ? Je ne saurais pas le définir précisément. Dans l’autobiographie, nous trouvons souvent des personnes qui se questionnent, de Lewis Trondheim à Mattt Konture en passant par Seth ou Fabrice Néaud. On pourrait dire que ces albums sont tournés vers l’intérieur, et qu’on s’y retrouve d’autant plus qu’on partage les interrogations des auteurs.
Gilles Rochier, comme Lolmède ou John Porcellino aux USA, propose des ouvrages qu’on pourrait presque définir comme plus humanistes. Tournés vers l’extérieur, les auteurs par leur regard sur la vie, sur leurs vies, nous ouvrent les yeux sur des aspects de nos vies qu’on pourrait avoir tendance à oublier.
J’exagère à peine en les qualifiant d’humanistes, et je sais que, justement, beaucoup de lecteurs restent à la porte de ces ouvrages : « Ils ne racontent rien » ; « c’est nul » ; « sa vie, j’m’en fous ». Ils sont souvent également attaqués pour leur dessin : « c’est moche » ; « mon gamin dessine pareil » ; etc.
Il est vrai aussi que les trois auteurs précités, ne sont pas toujours réguliers, par contre, ce que je sais, c’est que tous les lecteurs qui ont eu la chance d’« entrer » dans leurs ouvrages, ont pour eux une affection inconditionnelle.
En vrac ne coûte que 5 francs, Porcellino rarement plus de 10 francs, que puis-je vous dire de plus que d’essayer ?

Super contenu ! Continuez votre bon travail!