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Extraits Naturels de Carnets 2

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Nous voilà peut-être arrivés aux ultimes limites de l’autobiographie en bande dessinée, genre plus que fertile ces 10 dernières années. Ici, Lolmède ne raconte pas une expérience individuelle marquante, comme ont pu le faire d’autres auteurs — David B par exemple — ni même ne propose un point de vue particulièrement sensible à la Fabrice Néaud, mais décide de porter sur ses carnets sa vie de tous les jours. Et il y a fort à parier que votre vie de tous les jours soit un poil plus excitante que celle de Lolmède.

Car que raconte Lolmède ? Il raconte comment en promenade, le chien de sa mère a failli être égorgé par un molosse, il raconte comment il est allé donner un coup de main à son frère pour faire du ciment, il raconte comment il a visité une ferme où l’on fait du foie gras …
Non seulement ce que raconte Lolmède n’a strictement aucun intérêt, mais son point de vue sur sa vie est celui d’un gentil beauf, qui s’amuse de l’accent de l’Antillaise caissière à Carrefour. Le degré zéro de l’autobiographie cambroussarde donc, à peine exotique pour un lecteur réunionnais, d’une vacuité telle, qu’on se demande s’il ne s’agit pas d’une formidable farce …

Peut-être qu’il faut lire les cahiers de Lolmède comme un subtil 3ème degré, qui se moque de lui-même et de son récit. Il faut l’espérer, car ce n’est pas le dessin malhabile — et uniquement malhabile, donc pas très intéressant — qui sauvera le récit. On hésitera donc toujours entre le rire entendu devant la farce, et la déprime profonde devant un histoire vraiment premier degré.

Site officiel de Laurent Lolmède
Site officiel de La Comédie Illustrée
Chroniqué par en décembre 2000