du9 in english

L’ Histoire du Comic Book (t1) Des origines à 1954

de

Jean-Paul Jennequin est le spécialiste, en France, de la bande dessinée anglo-saxonne et plus particulièrement des comics. Ce livre, qui ne faillit pas à la réputation de son auteur, était de ce fait attendu, d’autant qu’il surgit dans un désert éditorial francophone quasi-complet, pour qui s’intéresse à l’histoire de la bande dessinée américaine, sans lire de revues spécialisées (comme les excellentes Scarce ou Back-up par exemple).

Les origines du comic book remonte aux années 30, mais J.-P. Jennequin sait nous en présenter de façon concise les antécédents, de l’apparition des strips dans les journaux et leurs suppléments dominicaux, en passant par les phénomènes éditoriaux des « dime novels » ou des « pulps ».
Pour ce premier volume, la limite de 1954 a été fixée par l’apparition emblématique du « comics code », établi et adopté par les éditeurs, suite à la campagne rageusement médiatique menée par le psychiatre Fredric Wertham.
Tout cela est exposé en détails, et entre ces deux dates, l’auteur ne se limite heureusement pas a égrainer de manière soporifique les titres de comics, leurs apparitions, leurs disparitions, etc. Les aspects les plus divers des comics books sont abordés, de leur fabrication, leur commercialisation, aux aspects mythologiques et symboliques de la thématique des super-héros qui leur est souvent consubstantiellement associée.
Il s’agit donc d’un ouvrage des plus complet, divisé en sept chapitres, agrémentés chacun d’encadrés approfondissant un thème (rôle des ateliers, des « editors », etc.), ou fournissant un document (traduction du comics code par exemple).

Les illustrations sont nombreuses et judicieuses, même si le format du livre ne peut pas toujours leur faire honneur, ni répondre à leur foisonnement. On regrettera aussi l’absence de tableaux ou de schémas, qui auraient pu décrire ou résumer les aspects plus purement éditoriaux et économiques, certes abordés, mais apparaissant parfois confusément au lecteur néophyte.
Au reste, le texte de Jennequin est toujours informé, impeccablement précis, et sait rester d’une constante clarté face à son immense champ d’étude.

Malgré la somme d’informations (parfois inédites en français) qu’il présente, ce livre s’affirmera moins comme un outil (même s’il possède plusieurs index très pratique), que comme une initiation consistante à l’histoire du comic book. Le sujet est d’une telle ampleur, que chacun des chapitres de cet ouvrage, auraient largement pu faire l’objet d’un livre.
C’est là, naturellement, la leçon la plus frustrante de cette Histoire du comic book, qui reste, par ailleurs, d’une lecture indispensable, toujours plaisante et stimulante pour qui s’intéresse à l’histoire de la bande dessinée.

Chroniqué par en février 2003