Max

de

Dessins aux charmes lointains si proches, exo-temporels comme dans exotisme ou, pour nous soutenir du risque informe à la manière des insectes, comme dans exosquelette.
Ca bouge et ça fait rire pour nous sédentaires globales tristes qui même en faisant le tour de la planète ne savons que la réduire à la taille de notre nombril. La pantomime, un peu plus large d’esprit, recentre la condition humaine à la structure de son corps (deux bras, deux jambes et une tête) et ces possibilités gestuelles [1] .
Humanisé, en formes, Max, muridé de son état, devient plein de promesses, comme les enfants jouant nous rendent adulte, plus grands…
Aaahh ! Ces petites maladresses miroirs de nos gestes et de leur futur majeur qu’ils apprennent avec applications. Hop ! Ah ! Ils tombent sur leurs fesses ! Oooh ! ! Ils pleurent…
Tout cela est finalement qu’une question d’échelle. Max a la néoténie tonique si essentielle à la bande dessinée animalière, principielle dans sa fonction divertissante, soutenant l’universalité du geste et du mutisme involontaire .

De fait ce petit livre n’est pas enfantin, il est enfance,[2] s’adressant à tous ceux (de tous âges) gagnés par l’adultat silencieux, leur extirpant les onomatopées du rire comme pour mieux leur (ré)apprendre les bases du langage, de la parole et de la sociabilité locale indispensable.
A sa façon et sans mot dire, Max est un hamster jovial toujours prêt, rongeur des mauvaises humeurs. Il nous fait son cinéma, de celui des débuts tout aussi plein de promesses dans sa nouveauté et ses améliorations techniques à venir. Sans le bruit la chute n’est pas douloureuse au spectateur, la pantomime filmée prend cette voie du corps qui reçoit et qui chute des hauteurs de notre monde moderne.
Les rires qu’elle inspire sont-ils plus régressifs et la sociabilité des salles obscures plus grégaire ? Peut être… mais ici il s’agit plus simplement de bande dessinée qui partage les leçons d’un silence ne se limitant pas qu’à la parole.

La certitude est que le « dumb show » de Max est à la croisée de ces héritages où la parole écartée repousse bien mieux le bruit de fond, tout en ayant fait plus directement et régulièrement la joie des lecteurs du célèbre magazine satirique anglais Punch [3] .
Qu’il y est injustement toujours plus petit et toujours plus risible n’est pas non plus la leçon. Max n’est pas la cata, c’est le cathartique. Laissons-nous juste aller au rire, ça vient de loin, d’avant d’avoir la parole et des premiers affrontements aux parasites sonores n’exprimant qu’un certain silence.

Notes

  1. De l’anthropocentrisme à l’anthropomorphisme.
  2. L’enfant, étymologiquement, est celui qui ne parle pas.
  3. Et ce à partir de 1952. Punch s’est arrêté en 2002 mais survit en ligne à . Cet album de Max eut une première édition en 1978 chez le même éditeur et est composé de 43 histoires.
Site officiel de L'Ecole des Loisirs
Chroniqué par en juillet 2003