Mes voisins sont formidables

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Mes voisins sont formidables était, avant d’être un bel album cartonné, deux comix souples parus chez le même éditeur, Le Cycliste. Dans le premier, on y découvrait un écrivain raté tentant de refiler ses romans publiés à compte d’auteur à ses voisins dérangés. Dans le second, on pouvait suivre la lente dégradation des liens d’un couple (elle enceinte, lui « petit fonctionnaire » dans le privé), à travers les habitants dérangés du même immeuble.

Dans la troisième partie qui apparaît dans ce livre, et uniquement dans la version cartonnée, une troisième histoire, rompant avec l’unité de lieu des deux premières, doit boucler la boucle en retraçant l’histoire de chaque personnage à la disparition de l’immeuble.
Du blanc et d’épais traits noirs assez jetés, comportant encore quelques maladresses, sert une série d’histoires sombres dans lesquelles la narration, souvent relevée de « voix-off » des personnages principaux, s’attarde sur la description d’un microcosme taré. Ce membre du F.N., ce chômeur avec gamin à charge, cet excentrique professeur de biologie amateur de céphalopodes, pourraient-ils être vos voisins ? Nos voisins ? On n’en est pas loin.

Un détail cependant pourrait gêner la lecture de cet album, qui manque peut-être d’exploiter pleinement un tel univers. Certes, on en apprend sur chaque personnage, mais toujours de manière indirecte, par l’écrivaillon (qui finira par trouver le succès), par le futur père de famille, ou par le détective privé dont nous suivons l’enquête dans la troisième partie, mais peut-être eût-il été plus facile dès le départ d’annoncer le sujet de l’album.
Alors je sais, vous me direz que le titre même de l’album, « Mes voisins sont formidables », le fait. Ce à quoi je répondrais oui mais non. Certes, oui, mais à la lecture du premier volet, on ne sait plus si c’est l’histoire de l’immeuble ou celle du personnage principal que l’on suit. Au deuxième, on est persuadé d’avoir suivi la piste du titre, et au troisième, on se perd un peu dans la campagne …
Le tout manque peut-être de liant, mais ça reste un bon premier album, allez savoir pourquoi.

Ah oui, à la fin de l’album, il y a un mini portfolio avec des dessins signés Andréas, Boiscommun, Cécil, Dérian, Dupuy & Berberian, Durieux, Malès, Riou et Vigouroux, Robin Taduc et Vallée. Jolie façon de boucler le nombre de pages blanches qui restent dans un cahier.

Site officiel de Le Cycliste
Chroniqué par en mai 2001