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Prisonnier des glaces

de

« Dans la collection les Ailes brisées ». La précision renseigne sur la grammaire de l’ouvrage. L’histoire importe-t-elle vraiment ? Elle est écrasée sous les références littéraires et cinématographiques que l’auteur continue de célébrer, livre après livre, sans jamais vraiment s’éloigner de l’autel. Ses personnages n’ont pas froid au yeux et se déchirent pour une femme fatale. Il s’expriment avec distinction, pour avoir sans doute fréquenté l’école de la troisième République.

Simon Roussin pratique l’entre-deux. Les thuriféraires de « la grande aventure en bande dessinée » exigent un académisme et le respect de codes graphiques qui ne sont pas les siens. Dans sa famille artistique — si on peut donner du sens à l’expression — les aînés ont fondé leur pratique contre ces codes, mais aussi contre des formes narratives jugées sclérosées. Lui s’en fiche, écrit des livres pour un public gourmand de singularités graphiques, qui devra aussi apprécier les vieux récits très normés.

Simon a fait son confort de cet équilibre. Il n’est pas le seul de sa génération mais pousse le bouchon plus loin que les autres. Visitez cet ouvrage aux grandes dimensions — grands espaces obligent — et ses planches somptueuses, une nouvelle réussite des éditions 2024.

[Texte initialement publié sur le site de l’excellente librairie Contrebandes, à Toulon]

Chroniqué par en décembre 2016