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Sekirara Kekkon Seikatsu

de

Alors que, pendant un bon moment, l’exercice autobiographique a représenté une part non négligeable des productions indépendantes européenne et américaine, force est de constater qu’il est résolûment absent de la création japonaise. Au mieux, l’auteur vient cabotiner dans les marges, ponctuant le récit d’une remarque sarcastique ou ironisant sur son propre travail. Au pire, ses interventions se limitent à quelques lignes sur le rabat de la jaquette de couverture.

Finalement, dans cet univers de vies par procuration, l’oeuvre de Kera Eiko est une bouffée d’air pur. En marge de son travail d’illustratrice et de sa série Atashi’n ‘Chi, elle a commencé il y a dix ans une sorte de journal de bord personnel. Après le premier Sekirara Kekkon Seikatsu («Toute la vérité sur la vie de mariage»), suivront ainsi Tatakau Oyome-sama («A l’attaque, jeunes filles !»), Issho ni Super («Ensemble au supermarché») et enfin 7-Nenme Sekirara Kekkon Seikatsu («Septième année de vérité sur la vie de mariage»).

Ici, pas de récit par le menu, pas forcément d’états d’âme ou de grandes interrogations, mais plutôt une foultitude de petites tranches de vie. Comme le dessin de Kera Eiko, c’est souvent simple, frais, tendre et drôle, mais aussi très juste. Et si l’on n’y sauve pas le monde, on y affronte sans trembler les petites manies de chacun, les expérimentations culinaires, les joies des tâches ménagères — bref, tout ce qui peut faire d’un quotidien à deux une véritable aventure.

Chroniqué par en novembre 2001