Tôkyô Eden

de also available in english

Tôkyô, paradisiaque ? On pourrait le croire, à arpenter ses rues en companie d’Arima Rikuto — jeune, oisif, riche et beau, et doté d’une impressionnante galerie de conquêtes féminines. Du Rainbow Bridge sur la Baie au «Blue Note» d’Aoyama, tout semble fait pour la promenade nonchalante, les après-midis romantiques et les soirés au clair de lune. Tout serait vraiment parfait s’il n’y avait pas une ombre à ce «Jardin des Délices» où Rikuto s’ébat joyeusement — le souvenir de Tsubaki, celle qui l’a quitté pour un autre il y a quatre ans, et qu’il cherche à oublier.

Au fil des pages de ce récit en deux volumes, Watase Seizo se montre à l’image de son personnage — dilettante, épicurien et un rien poseur, plus affairé à construire un portrait d’un Tôkyô vaguement mondain et résolûment idyllique, qu’à chercher à faire avancer son histoire. Alors oui, il y a un peu de la bande de Futuropolis (Avril, Goetting et Petit-Roulet) dans cette ligne claire et cet univers de cocktails, à des kilomètres de la production japonaise habituelle.
Mais en dehors de cette curiosité, Tôkyô Eden parait bien fade et sans véritable relief — au fil des illustrations qui pourraient être autant de cartes postales, Watase Seizo ne réussit jamais à faire exister, vibrer cette ville qui se retrouve réduite à ne plus être qu’un prétexte, qu’un vague décor sans substance.
Ne restent alors que quelques traits de lumière au détour d’une case où soudain, on se retrouve presque surpris par l’intimité d’un moment et la justesse d’une ambiance.

A ceux qui voudraient mordre à pleines dents dans la «Grosse Pomme» japonaise, on ne saura trop leur conseiller de se tourner vers vers le Tôkyô Tribes d’Inoue Santa (pour la passion) ou le GTO de Fujisawa Tooru (pour l’authenticité). Les autres pourront se contenter de cette ballade «paradisiaque», tranquille et nonchalante, pas désagréable en fait — mais pas inoubliable non plus.

Site officiel de Watase Seizo
Chroniqué par en février 2003