Bilan d’une année maudite : 1996

de

Que nous aura appris 1996 en la matière qui nous préoccupe tant [1]  ?
Hein ! ? Hein ! ?

D’abord comme vous avez pu le constater, cette année maudite[2] aura été le point de conjonction d’un anniversaire (d’une soit-disant naissance il y a 10 fois 10 ans) et de méga-ventes de classico-francobelges post-modernes et anti-modernes (conjonction rarissime heureusement sinon y’aurait de quoi se flinguer).

Je ne sais pas si ce pseudo anniversaire a suscité les méga-ventes. Par contre ce dont je suis sûr, c’est de l’inverse.
Car cet anniversaire n’était pas celui de la naissance du média bande dessinée (que certains ne résument qu’à l’embullage des mots),[3] ni même de celui de la bande dessinée moderne (que certains ne résument aussi qu’à l’embullage des mots),[4] mais bien celui de la bande dessinée industrielle (que personne ne résume à l’embullage des mots)[5]  ; qui est celle des fortes ventes, des gros bénefs et de l’instinct grégaire des foules.
Là on vous l’accorde, cette bande dessinée (la bédé) est bien née aux E.U …

Une des preuves de ce que j’avance, il me semble, c’est qu’on n’a jamais hésité à rééditer des Töpffer, Christophe, Forton, McCay, etc … mais par contre personne ne s’est soucié de traduire et d’éditer cette grosse merde de Yellow Kid. Et si on évoque Outcault (son auteur) c’est pour tout de suite s’appesantir sur son débauchage (en dollars) du World de Pulitzer pour le quotidien concurrent appartenant à l’inévitable William Randolph Hearst (dont le nom est systématiquement suivi de cette phrase révélatrice : le fameux Citizen Kane de Welles).

Au delà de ça, les méga-ventes de 96 nous révèlent aussi que la place de la bande dessinée dans les médias faiseurs d’opinion n’a pas évoluée depuis les 60-70s.
Pour eux, la Bédé n’existe qu’au travers des classiques francobelges ou encore de celle de ces braves soixante-huitards (toujours attardés pour les médias attardateurs) qui ont rendu adulte la bande dessinée et lutté vaillament contre la censure et la loi de 49 ! Vindiou en c’temps là c’était aut’chose ! (mais j’arrête là car je vais tomber dans la rengaine ….)

Bien sûr, tu sais comme moi, ami(e) bédéphile, que depuis de l’eau a coulé sous les ponts. Mais cette eau, les auteurs et les avant-gardes qui la composent, n’est qu’anecdotique et souterraine.
Et pourtant c’est là qu’est l’eau potable, l’eau vraiment vive, celle qui vient de la source ![6].)) Là dans ces soit-disant égouts de la création, neuvième niveau au dessous de zéro !
Alors est-ce le monde ou la bande dessinée qui se fige et se déshydrate ?
Quel est l’a®gent( ?) pétrificateur et désertificateur ?

Notes

  1. Celle de la 9ème planète du système culturel bien sûr, car ami(e) tu n’as pas au bout de souris une apologie de la scatologie. Quoique …
  2. 1996 est l’anagramme de 1999 qui contient inversé le chiffre de la bête. On comprend mieux pourquoi elle est maudite !
    Vous voyez je peux dire autant de conneries qu’un(e) voyant(e) et me présenter comme un nouveau Froideval chez Dargaud. Hè ! J’pourra m’faire un max de tunes !
  3. Töpffer est l’inventeur du média bande dessinée. Le dire et le répéter ce n’est pas jouer l’érudit et/ou favoriser les querelles de chapelle. Il est le premier à répondre à la définition de la bande dessinée qui repose (je vous le rappelle) sur trois points : a) le rapport texte/image, b) la séquentialité, et c) la reproductibilité technique.
    Pour bien comprendre cette définition lire : La bande dessinée, par B. Peeters, coll. Domino, éd. Flammarion.
    Petit livre pas cher, qui n’a rien à voir avec ces chronologies imbéciles sur la bande dessinée, qui ne sont que des compilations de fiches de pseudo-historiens ou critiques qui ne se caractérisent que par une fuite permanente vers l’absence de toute réflexion.
  4. McCay fait rentrer la bande dessinée dans son ère moderne en créant pour le New York Herald le 15 octobre 1905 son Little Nemo in Slumberland.
    Il sera le premier à en utiliser toutes les possibilités (les cases, le/leur cadre, la planche, les onomatopées, les phylactères, la séquentialité et ses conséquences, l’utilisation de la couleur, etc …).
    McCay est le génial père de la bande dessinée moderne.
  5. Car il s’agit bien là d’emballage, avec du jaune (inédit à l’époque) qui rendit le Kid Yellow. Cette emballage en jaune du World donna naissance à l’expression yellow journalism, un éclair de lucidité des Amerloques, désignant encore de nos jours le journalisme à sensation (euphémisme français pour dire de merde).
    Emballage puis embullage sont les mamelles du comics !
  6. Eau minérale des Alpes (Suisses bien entendu (cf. note 3
Humeur de en janvier 1997