Vues Éphémères – Été 2020

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Traditionnellement, du9 prend ses vacances autour du 14 juillet, faisant relâche pour six ou sept semaines, avant de revenir en septembre. J’écris « traditionnellement », parce qu’il ne vous a probablement pas échappé que cette ultime édition des « Vues Éphémères » de l’exercice 2019-2020 est datée du 31 juillet, signe manifeste que l’année passée n’a pas été comme les autres.
Il y a tout d’abord l’évidence d’une pandémie qui a bouleversé nos quotidiens, mis quelques mois la chaîne du livre en suspens, et dont l’issue toujours incertaine laisse planer bien des interrogations pour les mois à venir. A cette situation unique se combine les fluctuations inhérentes au fonctionnement d’un collectif flou, qui plus est quand il est engagé dans une initiative intégralement bénévole. Au fil des années, la vie vient souvent jouer les troubles-fêtes, amenant certain(e)s à prendre leurs distances avec la bande dessinées. D’autres sont parti(e)s écrire ailleurs, après avoir partagé un bout de chemin avec nous (j’aime à répéter que « du9, comme le crime, ne paie pas, » et cela a probablement aussi son importance). Parfois, c’est plus simplement le temps qui manque.

Depuis les premiers numéros photocopiés par Jessie Bi en février 1995, un quart de siècle s’est écoulé. Entre-temps, du9 est devenu un webzine, a changé plusieurs fois de livrée mais aussi de rédac’chef, et a connu des périodes d’activité moindre, voire même de silence prolongé. « Irrégulier et dilettante, » pour reprendre la formule de Gregg.
Régulièrement, revient la question de savoir s’il faut continuer, s’il ne serait pas le moment de mettre un terme à l’aventure. Après tout, ce qui fait la valeur de du9 est avant tout cette masse accumulée, ces centaines de dossiers et d’entretiens, qui constituent une forme de mémoire — bien plus que le suivi d’une actualité qui, finalement, n’a jamais été notre préoccupation.

du9 va donc prendre des vacances. Il est temps de redevenir « simple lecteur », et de laisser la bête se reposer. Elle dort, peut-être — mais elle bouge encore.

Humeur de en juillet 2020