Vues Éphémères – Rentrée 2018
Pour le chroniqueur en mal d’inspiration, le calendrier est heureusement riche en rendez-vous balisés. En septembre, donc, ce sera la rentrée — en attendant novembre et la Sélection Officielle du Festival d’Angoulême, en affrontant décembre et les bilans de l’année écoulée, pour conclure en janvier avec le sommet que représente le grand raout de Charentes.
Sacrifiant donc au traditionnel exercice de rentrée, Olivier Delcroix (rédacteur en chef Le Figaroscope/Le Figaro) propose « Les dix bandes dessinées incontournables qui font cette rentrée, » énumérées dans l’ordre de leur sortie (sorties qui s’échelonnent entre le 24 août et le 7 novembre — la rentrée va être longue). « Une grande réussite, » « une merveille de subtilité, d’humour et d’intelligence, » « le roman graphique le plus impressionnant de la rentrée, » « une bande dessinée d’une brûlante actualité »… l’immanquable s’accompagne forcément de superlatifs.
A la lecture de l’article, j’avoue que j’aurais souhaité un peu plus d’originalité — dans la constitution de cette liste, tout d’abord, qui fait la part belle aux séries installées (6 sur 10) et aux auteurs établis. Mais également plus d’originalité dans la rédaction de ce texte, qui montre avant tout que son auteur maîtrise le « copier-coller » et reprend à son compte des choses déjà publiées par ailleurs. Inventaire détaillé :
– Charlotte Impératrice, tome 1 de Nury et Bonhomme (Dargaud) / 1276 signes, dont 657 (51 %) « empruntés » à l’argumentaire éditeur publié sur le site de Dargaud
– Le Chat du Rabbin, tome 8, Petit panier aux amandes, de Joann Sfar (Dargaud) / 1317 signes, dont 260 (20 %) « empruntés » à l’argumentaire éditeur publié sur le site de Dargaud
– Le Chemisier, de Bastien Vivès (Casterman) / 1036 signes, dont 648 (63 %) « empruntés » à l’argumentaire éditeur publié sur le site de Casterman
– Malaterre, de Pierre-Henry Gomont (Dargaud) / 1736 signes, dont 1187 (68 %) « empruntés » à l’argumentaire éditeur publié sur le site de Dargaud
– Kivu, de Jean Van Hamme et Christophe Simon (Le Lombard) / 1271 signes, dont 441 (35 %) « empruntés » à l’argumentaire éditeur publié sur le site du Lombard
– Alix, tome 37, Veni Vidi Vici, de Giorgio Albertini et David B. (Casterman) / 1017 signes, dont 983 (97 %) « recyclés » d’un article précédemment paru sur le site du Figaro (et signé Olivier Delcroix)
– L’Arabe du futur, tome 4, de Riad Sattouf (Allary) / 850 signes, dont 237 (28 %) « empruntés » à cette chronique sur Europe 1 (mais peut-être elle-même issue d’un dossier de presse), et 284 (33 %) « recyclés » d’un article précédemment paru dans Le Figaro sur… le tome 2 de la série
– Les Passagers du Vent, tome 8, de François Bourgeon, Le Sang des Cerises (Delcourt) / 1131 signes, dont 1119 (99 %) « recyclés » d’un article précédemment paru sur le site du Figaro (et signé Olivier Delcroix)
– Blake et Mortimer, tome 25, La Vallée des Immortels, de Yves Sente, Teun Berserik, Peter Van Dongen (Dargaud) / 1772 signes, dont 1305 (74 %) « empruntés » à l’argumentaire éditeur, que l’on retrouve par exemple sur Amazon (… le site de Dargaud n’ayant pas encore créé de fiche dédiée à cet album)
– Lucky Luke, Un Cow-boy à Paris, d’Achdé et Jul (Dargaud) / 1268 signes, dont 533 (42 %) « empruntés » à cet article du Parisien (mais peut-être lui-même issu d’un dossier de presse)
Soit composition globale (pour 13 844 signes) : texte de récupération (55 %, se répartissant en 38 % d’emprunt et 17 % de recyclage), contenu original (36 %), chapô et intertitres (8 %).
(pour ceux qui seraient allergiques aux chiffres, j’ai indiqué sur la capture d’écran de l’article ci-contre les passages « empruntés » en jaune, et ceux « recyclés » en vert. On pourra ainsi également juger de leur ampleur)
Il y a quelques années, participant à une table ronde durant le Festival d’Angoulême, Jean-Louis « Cornélius » Gauthey avait expliqué (je paraphrase de mémoire, qu’il m’en excuse) : « depuis qu’on s’est rendu compte que les journalistes se contentaient de recopier les dossiers de presse, on a mis un soin particulier à écrire les nôtres. Comme ça, on est sûr qu’on parle bien de nos livres. » La preuve, par l’exemple.
(merci à Seb F. d’avoir attiré mon attention sur ce texte édifiant)

Super contenu ! Continuez votre bon travail!