Chroquettes

de

Jean-Christophe Menu trace-t-il un sillon sans fin ? Oui, puisque tout revient aux commencements sur une roue qui tourne entre 33 et 78 tours, sur un axe moteur fait de bandes dessinées et de musiques.
L’auteur en couverture est sur un roc et tout roule autour de lui (Rock ‘n Roll). Les ondes, les vagues plus ou moins nouvelles, sont poussées au grès des lunes, ou par cette anagrammatique équivalence Mune, cette conscience, ce yin, cette part de féminité céleste commentant son Menu du jour comme celui de la nuit.

L’auteur des Plates-bandes se retrouvant aujourd’hui dans Fluide ? Oui encore. Et une forme d’aboutissement qui plus est, depuis Le Lynx à tif des années 80 qualifié de « sous Fluide », à ce dernier qui, dirigé par Lindingre, a rarement été aussi intéressant (cf. p.12 et 13.). Menu y fait ce qu’il a toujours fait, y poursuit sont œuvre dans ce format idéal entre prépublication et album 56nbc (56 pages noir et blanc cartonné). Cette intégrité et cette liberté se retrouvent dans le façonnage même du livre, si typiquement Menu qu’il semble être édité par L’Apocalypse, ce renouveau eschatologique dont il est justement et autrement question en quatrième de couverture.

En trois décennies d’ouvrages, une thématique se dégage. D’une mine, d’une pointe, d’un saphir faire parler l’empreinte originelle (matrice) enroulée autour de son axe majeur. Le commun de la bande dessinée et de la musique « vinylique » qui le compose, serait celui de la voix enluminées (d’images pour la première, de sons plus moins amplifiés et rythmés pour la seconde) ainsi que son édition sur des supports désormais qualifiés d’analogiques.
Ce sillon plus ou moins caché se révèle aux yeux comme aux oreilles, affinés qu’ils sont par la lecture et l’écoute, attentifs à ce jeu de l’éloignement ou du rapprochement axial rendant les discours parfois centrifuges (chroniques, commentaires d’œuvres), parfois centripètes (chroniques autofictionnelles).

Ses ennemis pensaient que son irréductibilité le rendait prisonnier comme un Dalton. Il est vrai qu’il arbore des sillons tout autour de lui, des bandes dessinées sur ces hauts, pulls ou t-shirts, vêtements aux motifs autrement dénommés à rayures. Silhouette verticale dégingandée contenant l’horizontalité des lignes, celles-ci deviennent par là un symbole, voire l’assise ou le roc (cf. la citation en miroir de Neil Young en quatrième de couverture), des perspectives à multiplier et de supports à la création par partition de cases ou de notes. J.-C. Menu porte ainsi sur lui, tracé abstraitement, ce qui le fait tourner et le motive « indé-finiment ».

Site officiel de Fluide Glacial
Chroniqué par en avril 2016