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Comme une rivière

de

Retrouvaille — C’est le seul mot qui me vient à l’esprit à la lecture de cet album. Pour l’histoire tout d’abord, qui raconte les retrouvailles de Vlad et de son fils. Ce pauvre Vlad, perdu dans ses souvenirs qui vit encore avec sa femme, Macha, partie depuis bien longtemps pour un sommeil éternel. Ce pauvre Vlad qui retrouve son fils et une nouvelle saveur à sa vie.
Une complicité qui se construit peu à peu sur les ruines de souvenirs passés, entre deux êtres qui ne se sont jamais vraiment connus. Une belle histoire sur la découverte et la compréhension pudique de deux êtres qui force le respect du coeur.

Ce sont aussi des retrouvailles avec Wazem qui a signé récemment le scénario de Week-end avec préméditation. Après les excellents albums Le champs des pavots et Bretagne parus dans la même collection, Wazem nous propose une nouvelle facette de son talent où son dessin s’affirme plus personnel et se rapproche de ses travaux pour la revue Bile noire (collectif Atrabile). Un auteur talentueux qui mériterait enfin un grand format.

[François|signature]

Etrange paradoxe que celui de Wazem : voilà un auteur qui nous ravit lorsqu’il publie dans la formidable revue suisse Bile Noire où il s’essaie avec beaucoup de bonheur à l’autobiographie, et qui nous déçoit à chaque fois qu’il édite un album chez un éditeur important comme Les Humanoïdes Associés (même si c’est dans la trop confidentielle collection Tohu Bohu). A croire que l’idée même de toucher un public potentiellement plus important, lui fait perdre ses qualités indéniables d’auteur de bande dessinée.

Comme une rivière raconte l’histoire d’un vieil homme isolé en Russie qui perd un peu la tête et à qui vient rendre visite son fils étudiant aux Beaux-Arts de Moscou. Cette confrontation est l’occasion de revenir sur un passé douloureux et peut-être de faire se retrouver un père et un fils.
Le propos, on le voit, est assez ambitieux, mais le traitement est pour le moins décevant. D’abord, le début du récit est très long et on a bien du mal à se convaincre de continuer. Ensuite, les personnages ont tendance à « poser » avec des remarques pseudo-philosophiques définitives un peu barbantes.
Alors bien sûr, il y a de vrais moments de réussite, et notamment dans le traitement du rapport père-fils, mais l’ensemble donne cette impression d’un album d’intentions qui se voient sans jamais convaincre.

[Appollo|signature]

Chroniqué par en janvier 2001