IMHO, une aventure de dix ans (et plus si affinités)

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IMHO est une maison d'édition parisienne créée en septembre 2003 par Benoit Maurer. Elle se présentait alors comme une «plateforme éditoriale transversale, indépendante et cohérente». En mars 2004, la version française du manga de Mizuno Junko, Cinderalla, venait concrétiser cette nouvelle aventure éditoriale. Dix années de publications atypiques suivirent, qui font aujourd'hui d'IMHO un éditeur remarqué. Afin de célébrer cette étape symbolique, nous vous proposons, à l'occasion d'un entretien avec le fondateur d'IMHO, de revenir sur une aventure.

Hervé Brient : Avant de présenter IMHO, j’aimerais que tu répondes à une question qui provoque régulièrement une discussion entre fans : doit-on prononcer [imo] ou [i m h o] ?

Benoît Maurer : Les deux sont acceptés.

Hervé Brient : Voilà qui ne va pas nous aider à trancher… (rires)
Parlons maintenant de la présentation d’IMHO qui se limite à deux courtes phrases sur le site actuel[1] : «Maison d’édition indépendante créée en 2003» et «Bandes dessinées, littérature, essais».
L’indépendance revendiquée, est-ce une indépendance managériale, c’est-à-dire que l’on ne dépend pas d’une société mère ? Est-ce une indépendance économique au sens que l’on n’a pas besoin des revenus tirés des livres pour en vivre car ayant une autre profession, ce qui permet d’être totalement libre de ses choix ? Est-ce une indépendance éditoriale,  ne dépendant pas des modes, des genres ou des collections ? Ou est-ce un manifeste : publier de la bande dessinée dite «indépendante» (à supposer que ça veuille dire quelque chose) ?

Benoît Maurer : Il s’agit des trois premières propositions et surtout pas de la dernière. Quand nous avons créé IMHO en 2003, le marché de la bande dessinée était en plein boom en ce qui concerne le manga. À l’époque, la majorité des acteurs étaient des grosses entreprises comme Média Participations (Kana), Glénat ou Casterman. Il s’agissait de maisons non indépendantes économiquement parlant, car étant des filiales de plus grands groupes. Nous avons voulu aussi mentionner que nous étions indépendants «éditorialement»sur le choix des titres. Enfin, nous pensions pouvoir en vivre (j’y ai vraiment cru) mais finalement, cela n’a pas duré longtemps.
Le premier bilan que l’on peut faire d’IMHO, c’est qu’il s’agit d’une activité qui n’est pas vraiment viable économiquement. Il est vrai qu’au début, nous avons bénéficié de titres un peu forts comme ceux de Mizuno Junko, qui étaient attendus par une partie du public BD. Nous avions aussi des œuvres issues du magazine Garo comme Shôjo Tsubaki (La Jeune fille aux camélias) de Maruo Suehiro. De fait, cela a très bien fonctionné pour nous la première année. Je me suis alors un peu emballé en me disant qu’en multipliant le nombre de sorties, cela nous permettrait d’en vivre assez facilement. Malheureusement, cela ne fonctionne pas tout à fait comme cela en réalité et nous en sommes revenu à un système où nous sommes indépendant dans le sens où nous avons un «truc à côté» qui nous fait vivre. Ainsi, nous pouvons  nous amuser sur IMHO.

Hervé Brient : C’est d’ailleurs le cas de beaucoup de maisons d’éditions indépendantes.

Benoît Maurer : C’est le cas avec IMHO, Le Lézard Noir, Matière où, en effet, si l’on veut «en vivre», cela va nécessiter un certain volume de production et un changement de choix éditoriaux, ce qui biaise le modèle recherché. Par contre, nous ne sommes pas indépendants au sens revendicatif comme cela peut exister chez certains éditeurs comme L’Association. Nous ne sommes pas sur ce type de débat, cela ne nous intéresse pas.

Hervé Brient : D’ailleurs, comment en es-tu venu à créer ta propre structure d’édition ? Ce n’est pas après avoir été directeur de collection manga chez J’ai Lu puisque cette activité a commencé un peu après et en parallèle. Il semblerait donc qu’avoir participé à la création du magazine Japan Mania au tout début de la seconde vague manga en 2001-2002 t’ait donné des envies d’aller plus loin plutôt que d’écrire de simples articles sur la culture pop japonaise. J’imagine une envie de sortir du cadre d’un magazine. Avais-tu la volonté de dépasser cela, de devenir un acteur dans le monde de l’édition ?

Benoît Maurer : Cela s’est fait un peu par hasard. En fait, j’étais rédacteur en chef de magazines informatiques à une époque où la grande mode était d’éditer des magazines vendus avec un CD-ROM (c’était avant la révolution internet). À un moment, on m’a proposé un projet qui serait, en gros, en concurrence de la revue Animeland. Il s’agissait de Japan Mania qui a tenu un an et demi, si je me souviens bien[2]. C’est un peu tombé sur moi parce que j’étais à peu près la seule personne qui connaissait vaguement la culture japonaise, même si cette culture portait plutôt sur le cinéma, notamment d’animation. Du coup, j’ai commencé à travailler sur le projet et ça m’a plutôt intéressé.
Il faut se rappeler que c’était à un moment où sortaient de grosses séries comme Serial Experiments Lain. Ces animés étaient intéressants d’un point de vue purement visuel, il y avait un réel plaisir à les regarder. De plus, il y avait aussi un propos de la part des auteurs. En parallèle, il y avait les films de Oshii Mamoru et de Kon Satoshi, avec notamment Perfect Blue qui venait de sortir en salle. Il y avait donc un phénomène assez prégnant à l’époque.
À force de travailler sur le magazine, j’ai noué des contacts et j’ai découvert tout un univers que je connaissais assez peu, celui de l’édition. Quand le magazine s’est arrêté, j’avais un peu d’argent de côté et je me suis dit que je pouvais travailler sur un projet personnel. Il est vrai aussi que c’était à un moment où j’avais plusieurs amis qui créaient leur propre maison d’édition, par exemple sur la littérature américaine ou sur la littérature française, etc. Du coup, il y a eu une sorte d’émulation, ceux qui n’avaient rien fait se disaient qu’il fallait «qu’ils fassent quelque chose».
Au départ, le projet était de relancer Japan Mania car j’avais été un peu frustré par l’arrêt du titre. Cependant, quand j’ai vu les engagements financiers que cela représentait, notamment sur le poste impression, nous sommes partis sur quelque chose d’un peu plus «calme». Sur le livre, nous pouvions choisir le rythme et il n’y avait pas d’enjeu par rapport à la publicité, indispensable pour un magazine. Du coup, nous avons lancé IMHO. Ce côté «plus léger» se retrouve dans l’acronyme new wave «IMHO» qui veut dire «in my humble opinion» (à mon humble avis) et qui nous permettait de présenter un programme de manière humble, faussement humble. Cela permettait de dire, de se dire, que le public de «mangas classiques de type shônen» allait à un moment ou un autre arriver sur du manga pour lecteurs un peu plus âgés, un peu plus matures et que cela pourrait peut-être l’intéresser d’avoir un éditeur avec un projet différent.
D’ailleurs, pour revenir à la question de l’indépendance, il y avait une grande mode à cette époque : il y avait Frédéric Boilet qui essayait de faire une distinction entre la manga d’auteur et le manga «classique»[3]. Nous étions complètement en porte à faux avec cela parce nous étions en train de travailler sur des univers un peu pop d’auteurs plutôt otakus. De ce fait, nous ne voulions pas forcément nous retrouver mêlés à quelque chose qui était plus «autorisant», d’être assimilé aux indépendants, alors que cette notion ne s’appliquait relativement plus aux personnes qui travaillaient dans le manga au Japon. Nos auteurs évoluent dans une culture pop tout en restant dans un processus «industriel», même Mizuno Junko qui était éditée à l’époque dans un mensuel et qui devait réaliser sept ou huit pages par mois.

Hervé Brient : Justement, concernant Mizuno Junko au lancement d’IMHO, n’y a-t-il pas eu trop de difficultés à négocier les droits d’une version française ? En effet, si créer une maison d’édition manga est relativement facile, aller démarcher les éditeurs japonais pour obtenir des droits est difficile, toutes les portes se fermant si l’on ne peut pas montrer ce que l’on sait faire. Bref, pour éditer du manga, il faut déjà avoir édité du manga, ce qui n’est pas possible quand on débute.

Benoît Maurer : Bizarrement non. Pourtant, il est vrai que chaque fois que j’en discutais avec des connaissances, que je leur montrais mon projet, à chaque fois, ils me répondaient que j’allais m’apercevoir qu’il est très compliqué de travailler avec les Japonais. Par contre, en ce qui concerne la distribution, il n’en a pas été de même. En effet, s’il est simple de monter la structure proprement dite, la distribution reste le point le plus névralgique et le plus compliqué à mettre en place.  Là où j’ai le plus souffert, c’est  de trouver un distributeur. Pour le coup, j’ai eu plus de mal à en trouver un que de rencontrer des auteurs au Japon.
Concernant Mizuno Junko, j’avais déjà été en contact, via Japan Mania, avec son agent parce que l’on avait fait un article sur elle. De plus, nous étions en contact avec les gens de la revue américaine Pulp qui était publiée par Viz US et qui ne proposait que du manga «indépendant», du «pulp». C’était bien entendu avant que Viz US soit repris en main par ses propriétaires japonais[4]. À l’époque, chez Viz US, ils étaient trois ou quatre dans un bureau, peut-être une dizaine car je crois qu’ils avaient aussi un magazine de jeux vidéo. Donc le contact s’était fait facilement, ils m’avaient juste demandé de venir les voir, ce que j’avais fait. Et ça s’était plutôt bien passé, on avait d’ailleurs fini au karaoké – enfin bon, peu importe – et donc trouver des auteurs s’était fait très facilement.
En ce qui concerne Maruo Suehiro, il était représenté par une petite structure qui n’était jamais approchée étant donné que seuls les principaux éditeurs japonais étaient abordés à l’époque. Il n’y avait pas encore eu la deuxième vague d’éditeurs francophones et il fallait vraiment fouiller pour connaître vraiment tous les éditeurs japonais. Tuttle Mori, qui depuis est devenu un des principaux agents, ne travaillait absolument pas avec la France. Quand je les ai rencontrés à la Foire du livre de Francfort, ils m’ont répondu qu’étant donné que nous avions au moins un magazine, cela voulait dire que nous savions ce que nous faisions. Ils ont donc accepté de travailler avec nous même s’ils ne comprenaient pas trop nos goûts. Du coup, cela c’était fait naturellement.
Par contre, là où ça a été très compliqué, c’est sur la partie distribution. Du fait de notre positionnement sur du manga un peu bizarre et de notre statut d’indépendant, il a été difficile d’être compris. Du coup, nous nous sommes retrouvés au Comptoir des indépendants qui distribuait L’Association. Je pense qu’ils n’appréhendaient pas forcément bien ce que nous faisions et ils ont eu une surprise sur le premier livre parce qu’il a très bien marché.

Hervé Brient : Effectivement, Cinderalla[5] était un titre fort avec un bel univers graphique, quelque chose qui parle à un lectorat européen.

Benoît Maurer : Pourtant, nous n’étions pas connus, Mizuno Junko n’était connue qu’aux Etats-Unis même si l’on pouvait trouver ses bouquins chez Junkudo à Paris[6]. Donc, oui, ça a surtout été sur la distribution que j’ai galéré, plus que sur la partie auteurs. Il faut dire que tu t’intéresses plus à faire des livres qu’à les vendre, car dans ton esprit, ce n’est pas ton boulot.

Hervé Brient : Au début, effectivement, IMHO a une belle brochette d’auteurs comme Mizuno Junko, Shuehiro Maruo, puis un peu plus tard Kaneko Atsushi. D’ailleurs, qu’est-ce que ça fait de voir ensuite des auteurs que l’on a fait découvrir, que l’on a présentés au lectorat francophone, chez d’autres éditeurs ? Je pense à Maruo au Lézard Noir puis chez Sakka, je pense aussi à Mizuno, maintenant éditée par Soleil, et enfin Kaneko chez Ankama puis, une nouvelle fois, Sakka ?

Benoît Maurer : Concernant Maruo au Lézard Noir, il faut savoir que Stéphane Duval et moi avons créé nos maisons d’édition plus ou moins au même moment. Il faut bien garder à l’esprit qu’à cette époque, ni lui ni moi n’avions de site Internet pour présenter nos structures. Du coup, au début, nous nous sommes battus sur Maruo. À un moment, nous nous sommes rencontrés et Stéphane a insisté sur le fait qu’il aimait vraiment ce que faisait Maruo Suehiro, alors qu’en ce qui me concerne, c’était surtout La Jeune fille aux camélias[7] qui m’intéressait. Pour le reste, ce n’était pas trop «ma came», en tout cas pas à l’époque. Du coup, nous nous sommes mis d’accord.
Concernant les autres éditeurs, je suis plutôt content, en fait. D’une part, cela permet de travailler différemment les titres de l’auteur concerné. Par exemple, nous avons travaillé avec Soleil sur la venue en France de Mizuno Junko en octobre et cela s’est très bien passé. On a là un éditeur qui a un œil différent, qui touche un autre public, qui a des outils marketing et un meilleur contact avec les journalistes. Cela nous a permis d’avoir une sorte de force de frappe afin de promouvoir notre propre titre, en l’occurrence Pilou, l’apprenti gigolo.
Autre exemple, quand Ankama a sorti Soil, cela a relancé les ventes de Bambi[8] qui s’est retrouvée en rupture sur certains tomes. C’est d’ailleurs un problème avec les séries, d’avoir certains tomes en rupture. Il est certain que Bambi a été le titre le plus compliqué à faire pour nous, surtout quand on est dans une logique d’être rentable et de générer des salaires. IMHO n’est pas du tous adapté à travailler les séries. Faire vivre un manga d’Kaneko Atsushi sur la longueur demande des efforts très importants. Je pense d’ailleurs qu’Ankama en a pâti avec Soil. Sur onze volumes, il faut vraiment avoir un outil de diffusion/distribution et des outils de communication qui fonctionnent pour ce type de manga.

Hervé Brient : Il ne faut donc plus s’attendre à voir une autre série chez IMHO.

Benoît Maurer : Non. Nous avons sorti Opus l’année dernière mais cette série ne fait que deux volumes du fait du décès de son auteur, Satoshi Kon[9]. Le titre s’est très bien vendu, d’ailleurs. La Fille de la plage d’Inio Asano, cela nous conviendra très bien, car en deux tomes aussi.

Hervé Brient : Des diptyques, donc, et éventuellement une trilogie, rien de plus ?

Benoît Maurer : Oui. Hikari Club[10] peut être considéré comme une trilogie entre les deux volumes de Notre Hikari Club et celui de Litchi Hikari Club. Mais il ne s’agit pas réellement d’une série, il n’y a pas de suite. Typiquement, avec un auteur comme Kaneko, il est possible de faire des démarrages un peu forts, mais ensuite, on voit les ventes s’effondrer. En dehors du fait que c’est frustrant pour un éditeur de devoir réfléchir à la possibilité de ne pas finir un titre, c’est encore plus fâcheux pour le lecteur. Nous avons fini Bambi mais financièrement, cela a été un peu difficile. Je pense qu’il en a été de même pour Ankama avec Soil.

Hervé Brient : On l’imagine sans mal, les ventes de Soil étaient très faibles à la fin. À son lancement, IMHO annonçait, dans un entretien disponible sur Mang’arte, un programme mesuré en manga avec quatre titres par an. Dans les faits, nous avons eu trois titres en 2004, cinq en 2005, puis sept en 2006 (peut-être un effet Bambi). Ensuite, ce fut l’effondrement : trois titres en 2007, un en 2008, deux en 2009. Qu’est ce qui pourrait expliquer un tel coup d’arrêt alors qu’IMHO semblait avoir trouvé un élan et peut-être même un public ?

Benoît Maurer : À cette époque, nous étions dans l’optique de développer notre catalogue pour en vivre. Il ne faut pas oublier qu’entre Intermezzo de Tori Miki[11] et Bambi d’Kaneko Atsushi, cela représentait un certain nombre de sorties et, au final, ça a été un peu trop lourd à porter pour nous. Les dettes se sont accumulées, notamment des dettes imprimeurs. Nous avons subi de ce qu’on appelle la cavalcade, un phénomène bien connu dans le monde de l’édition : on fait un titre, ça marche. On fait un deuxième titre qui marche aussi puis on fait un troisième titre, qui ne se vend pas du tout. Du coup, on sort trois ou quatre autres titres car il faut rattraper les pertes du troisième. Ensuite, on en fait cinq ou six supplémentaires pour compenser les ventes plus ou moins mauvaises qui s’accumulent, et ainsi de suite. Néanmoins, il y a un moment où le système ne fonctionne plus. On ne peut plus imprimer et là, on ne sort plus qu’un livre dans le meilleur des cas. Puis c’est fini, il ne reste plus qu’à tout arrêter car il y a encore quatre ou cinq titres à rembourser à l’imprimeur et il n’y a plus de crédit fournisseur.
C’est aussi une période où nous avons été actifs dans d’autres domaines. Par exemple, nous avions commencé à sortir des essais en littérature. Début 2008, nous avons créé 2B2M, une structure presse, afin de générer de la trésorerie et d’éponger les dettes d’IMHO.

Hervé Brient : Heureusement, nous avons eu cinq sorties en 2010, quatre en 2011 et dix en 2012. Pourquoi une telle explosion en 2012 ?

Benoît Maurer : Ouaip, j’étais en forme en 2012 (rires). Il y avait beaucoup de titres qui étaient en retard et qui ont pu sortir à ce moment-là. Cela s’explique aussi par le fait que j’avais eu beaucoup de coups de cœur dans cette période. En ce qui concerne Kago Shintarô, je ne savais pas trop ce que ça aller donner. Le premier titre (Carnets de massacre) s’était moyennement vendu, peut-être parce qu’il n’avait pas été bien travaillé par le Comptoir des indépendants. Nous avons recommencé avec Harmonia Mundi et, cette fois, l’accueil a été plutôt bon. Du coup, nous avons continué à travailler sur l’auteur en sortant deux titres par an, et nous avons réussi à trouver un public. C’est aussi une bête question d’expérience qui nous a permis de mieux présenter le travail de Kago Shintarô[12] et de mieux maîtriser les coûts d’édition, notamment sur la partie impression. Cela dit, il s’agit d’un équilibre assez peu stable et plutôt passager.

Hervé Brient : Pourtant, manque de chance (ou non car IMHO n’est peut-être pas concerné par le phénomène), c’est à ce moment qu’il y a un retournement du marché manga. Celui-ci commence alors à régresser, ce qui se ressent surtout au niveau des ventes moyennes. Les retours se mettent donc à augmenter, ce qui n’est jamais bon pour un éditeur. As-tu ressenti ce retournement ?

Benoît Maurer : Non, ce genre de problématique nous passe un peu au dessus, en fait. Nous bénéficions d’un lectorat qui est très peu sensible aux effets de mode. Avec Le Comptoir des indépendants, nous avions des ventes moyennes un peu moins bonnes que maintenant. Nous étions entre 700 et 1 200 ventes en moyenne. En passant chez Harmonia Mundi, nous avons pu toucher un nombre un peu plus important de libraires avec un lectorat fidèle. Nous sommes entre 1 000 et 1 500 ventes par titre, même si nous avons des pics sur Kago Shintarô où cela peut monter à 4 000 ou 5 000 exemplaires.
Comme nous sommes sur de petits volumes de vente, cette baisse du marché ne nous touche pas réellement : à cent exemplaires près, cela ne change rien pour nous. C’est plus le titre en lui-même qui fait une différence sur les ventes.

Hervé Brient : On comprend mieux l’irrégularité des sorties chez IMHO. Effectivement, le métier d’éditeur représente beaucoup de travail. Entre le choix des titres, la négociation des droits, la recherche des traducteurs appropriés, tout le travail de maquettage, de relecture, la fabrication dont le choix de l’imprimeur, il faut aussi rédiger les argumentaires, communiquer auprès des commerciaux du diffuseur et auprès de la presse (spécialiste et généraliste), on a vite fait de prendre du retard quand on est une petite structure.

Benoît Maurer : Oui, je suis bon jusqu’à la maquette, surtout sur la partie négociation des droits. Cela ne me prend pas beaucoup de temps, ça «roule» et j’ai les titres. Après, dès que ça arrive à la maquette, cela devient plus compliqué. D’une part, nous faisons quand même pas mal de retouches manuelles sur le dessin. Par exemple, sur le dernier Mizuno Junko, il y a eu dans les 150 pages de retouchées, retouches faites à la main. Cela prend un peu de temps et donc de l’argent. Enfin, pour tout ce qui touche à la communication, il faut reconnaître que nous ne sommes pas très bons. À un moment, il y a eu une attachée de presse, mais là, je suis tout seul. J’essaye mais je n’y arrive pas trop, quoi (rires).
Il est vrai aussi qu’au bout de onze ou douze ans, il y a une légère usure. Pas réellement en ce qui concerne l’éditorial mais plutôt sur la motivation. Tout ce travail doit s’insérer dans un emploi du temps de plus en plus chargé.

Hervé Brient : Est-ce toi qui fais le choix des titres ou as-tu une sorte de comité de sélection ?

Benoît Maurer : Je vais une fois par an au Japon. Là-bas, j’achète pas mal de bouquins, et je les ramène. Ensuite, Aurélien[13] me fait des fiches de lecture pour m’aider à choisir. Il y a donc un premier coup de cœur qui se fait sur le graphisme de la couverture, notamment sur le titrage. Le choix d’un titre commence par cette première impulsion car, au Japon, les livres sont de plus en plus sous plastique. Donc, c’est vraiment sur la couverture que je fais une première sélection. Du coup, j’ai une grosse bibliothèque de sourcing, si je peux utiliser ce terme. Ensuite, c’est l’histoire qui emporte la décision finale. Il y a aussi des connections qui se font avec nos auteurs, qui parlent d’auteurs qu’ils apprécient, etc. Par exemple, Area 51, la série qui va paraitre chez Casterman en 2015, est un titre dont j’avais entendu parler par un mangaka qui m’avait dit : «Tiens, toi qui aimes les trucs de SF un peu barrés, il y a ça qui existe». Je n’avais pas trop accroché au graphisme, donc ce n’est pas allé plus loin en ce qui nous concerne.

Hervé Brient : Lorsqu’on étudie d’un peu plus près les différents types de titres publiés par IMHO, on constate que le catalogue est maintenant assez loin de l’idée d’ero-guro/mignon/trash des débuts. À l’époque, Mizuno Junko et Hino Hideshi avaient été rapidement rejoints par Nekojiru et Maruo, ce qui a catalogué IMHO dans beaucoup d’esprits («IMHO, ça ne m’intéresse pas, c’est trop gore pour moi»). Quelles étaient les intentions d’IMHO au début ?

Benoît Maurer : En fait, au début, nous avons beaucoup travaillé autour du catalogue Garo (Hino, Maruo, Nekojiru) ou des auteurs qui ont gravité autour (Mizuno). Après, je ne suis pas forcément comme Stéphane, sur Le Lézard noir, qui a une vraie volonté de travailler sur un domaine particulier, l’ero-guro. Ceci dit, il commence à changer car, maintenant, il fait plus du vintage, du patrimoine. Contrairement au Lézard Noir, nous n’avons pas une véritable ligne éditoriale. Nous sommes, en gros, sur la scène indé, la scène alternative. Résultat, tu as, graphiquement, beaucoup de choses différentes.

Hervé Brient : Comme en plus, vous touchez à peu près  le même lectorat…

Benoît Maurer : Pas tant que cela, à part sur Maruo où nous avons le même. Le Lézard Noir est vraiment plus sur la partie patrimoine du manga et sur des «vieux trucs» si j’ose dire, alors que nous sommes plus sur la partie contemporaine. Tous les deux, nous touchons un peu le même monde, mais  je pense que Le Lézard Noir a une image plus marquée, plus forte, tout en touchant un public plus restreint. Alors qu‘avec IMHO, vu ce que nous sortons… Par exemple, Tohu-Bohu : quand j’avais la librairie[14], nous en vendions souvent à des grand-mères pour leurs petits enfants. Avec les titres de Mizuno Junko, c’était plutôt à des jeunes filles de 14-16 ans. Chez IMHO, nous avons un lectorat qui est assez diversifié. Alors que sur l’ero-guro et le patrimoine, il s’agit quand même d’un lectorat un peu particulier.
Après, concernant l’ero-guro… Nous avons quand même une bonne moitié de titres qui sont un peu hardcore, il faut le reconnaître. Je pense tout particulièrement à Hayami Jun avec Le Labyrinthe des rasoirs[15]. Effectivement, il y a, chez IMHO, un intérêt sur ce genre de titres un peu extrêmes, un peu pulp, pas très «autorisant».
Tous mes choix un peu en vintage, en patrimoine, comme Doron Chibimaru[16], n’ont pas été de bonnes idées. Je pense que je ne suis pas bon sur le travail de ce genre de titre. C’est plus pour Cornélius, ou ce genre d’éditeur, qui va toucher un public qui est  plus intéressé par ce genre.

Hervé Brient : Effectivement, IMHO s’est rapidement diversifié  avec Bambi, Intermezzo et Le Piqueur d’Étoile[17]. Ensuite, il y a eu une confirmation de cette diversification avec des titres comme Nekokappa, Tohu-Bohu, Palepoli[18], etc. On voit là le résultat de ton intérêt de la scène indé qui fait que, petit à petit, IMHO publie des titres toujours très spéciaux, toujours très forts.

Benoît Maurer : C’est mon côté stompfest : faire quelque chose qui a du goût[19].

Hervé Brient : Il y a eu aussi une tentative vers l’érotisme qui semble ne pas avoir de suite. Pourquoi avoir publié Blue ? Le titre[20], quoiqu’excellent, ne se connecte pas trop avec la ligne éditoriale, de mon point de vue. Comment a-t-il été reçu ?

Benoît Maurer : Tu trouves que Blue ne va pas dans notre catalogue ?

Hervé Brient : Oui, par le graphisme pour commencer. Visuellement, il s’agit d’un style plus seinen, plus classique, des années 1990. Et c’est de la tranche de vie, érotique, certes, mais de la tranche de vie.

Benoît Maurer : J’avais beaucoup hésité à le faire. En même temps, c’est quand même bien barré, assez fantastique. Effectivement, sur le graphisme, on peut estimer que le titre tranche par rapport au reste de notre catalogue car on est sur quelque chose de plus classique, notamment avec un auteur qui est assez connu en France grâce à Tonkam. Pourtant, il faut rappeler qu’il a une grosse production au Japon qui est très intéressante.
Quant à l’érotisme, il ne faut pas oublier que cela concerne une grosse partie de nos titres comme ceux de Kago Shintarô ou les ero-guro, même si moins classiques. Pour moi, toutes ces œuvres sont liées par l’érotisme.

Hervé Brient : Blue a-t-il été bien reçu par le lecteur habituel d’IMHO ?

Benoît Maurer : Oui. Cela n’a pas été un échec. Pourtant, ça a été un livre un peu compliqué, un peu cher à produire, parce que l’auteur avait fait des inserts couleur à l’intérieur, ce qui complique tout. De plus, étant donné qu’il était plutôt sexuellement explicite dans les dialogues, nous avons dû le mettre sous blister. Ce dernier point a été un peu embêtant dans l’optique de faire découvrir le titre. Je pense que nous avons dû faire 1 200, 1 300 ventes. Pourtant, je pensais en vendre un peu plus, vu que l’auteur était connu ici. En plus, je crois que quelques jours avant la sortie de Blue, Tonkam a annoncé l’arrêt de la commercialisation d’Asatte Dance. Je me suis alors dit que je n’avais pas eu une bonne idée, finalement. Et non, ça n’a pas eu de conséquence pour nous.

Hervé Brient : La plupart des livres d’IMHO sortent dans un même format, le A5, en broché, dos carré collé sans rabat. Le résultat fait un peu cheap, non ? Ne serait-il pas préférable de rajouter un euro ou deux au prix de vente et de travailler un peu plus les couvertures, même sans aller jusqu’au cartonné de Cornélius ou des derniers Lézard Noir ? Les dorures de Palepoli rendent bien, mais elles sont un peu gâchées par la simple carte de la couverture, non ? Pourquoi pas une  jaquette ou des rabats ?

Benoît Maurer : Oui, tu peux dire qu’il n’y en a pas un qui dépasse, à part les Tori Miki et un Mizuno Junko. Ensuite, les jaquettes, ce n’est pas mon truc. Concernant les rabats, nous en avons mis pour Nekojiru Manju mais cela a augmenté nettement le prix de production. Je suis toujours resté dans la logique qu’il ne faut pas vendre les mangas trop chers. Malheureusement, dans ton compte d’exploitation, pour rentabiliser un manga à 9 euros, il faut en vendre une certaine quantité. Nous avons mis pas mal de temps à augmenter nos prix : nous sommes passés à 10 euros, puis à 12 euros. Mais nous faisions toujours des prix assez serrés, surtout que certains de nos ouvrages étaient en couleur. Puis, en 2012, lors de notre vague de sorties, la situation a changé. Les éditeurs relevaient tous leurs tarifs. Cornélius ou Le Lézard Noir commençaient aussi à vendre des livres à plus de 20 euros. Donc là, nous nous sommes dit qu’il fallait faire très simple : 14 euros quand il n’y a pas de cul, 18 euros quand c’est du hardcore, donc en gros tous les Kago Shintarô, et maintenant, on s’y tient. Il est vrai que j’étais habitué à acheter des mangas peu chers. Quand tu es gamin, tu regardes le prix, c’est normal. Néanmoins, par rapport à notre lectorat, il faut reconnaître qu’il n’y a pas eu réellement de différence sur les ventes entre le moment où nous étions  à 9 euros et celui où nous sommes passé à 14 euros sur le même livre. Sur la réédition de La Jeune fille aux camélias, il y a bien eu une ou deux personnes qui ont protesté. La première version était à 9 euros, la réédition, avec la partie couleur et le bonus de fin, était à 14. Pourtant,  cela n’a pas changé d’un iota sur les ventes. Donc, à partir du moment que tu as un lectorat plus ou moins adulte, qui a de l’argent et qui ne se pose pas de question quand il y 5 euros de différence, et bien, tu rajoutes ces 5 euros sur le prix de vente, ce qui change tout à la fin sur ton résultat financier. Ceci dit, parfois, nous faisons des couvertures un peu particulières, plus travaillées, comme pour Palepoli.

Hervé Brient : Tout à fait, je pense aussi à Palepoli avec ses belles dorures, mais un petit rabat, pour rigidifier le tout et pour donner un peu plus de cachet à la couverture, n’aurait pas fait de mal.

Benoît Maurer : Non, pas du tout. Étant donné que nous avons des coûts plus bas sur des couvertures qui sont justes un peu plus épaisses que la «normale», nous en profitons pour mettre un peu plus d’argent sur le papier intérieur, afin d’avoir une bonne qualité d’impression. Je trouve que nos livres se tiennent très bien comme ça. Tu as là des livres qui se prennent bien en main, qui sont relativement lourds. Mindgame, que nous venons de faire est plus gros que l’édition japonaise parce que nous avons utilisé un papier qui est un peu différent. Du coup, il va faire dans les cinq centimètres d’épaisseur.
La jaquette, cela ne m’a jamais excité. Après, je comprends son intérêt par rapport aux éditions japonaises. Notamment, cela donne de la souplesse au livre étant donné que tu as une couverture qui est fine, mais bon…

Hervé Brient : Rappelons qu’IMHO, ce n’est pas que du manga, il y a aussi d’autres collections.

Benoît Maurer : Bah ! Aujourd’hui, c’est quasiment que du manga avec juste un ouvrage sur le cinéma par an.

Hervé Brient : Pourtant, n’y avait-il pas une volonté de diversification annoncée à vos débuts ?

Benoît Maurer : C’était surtout un éparpillement qui n’était pas nécessaire, à mon sens. Même si l’on a réussi à toucher un public sur certains domaines, cela demande beaucoup de travail. Il y a un moment, du moins à notre échelle, qui fait que multiplier les collections n’est plus une bonne idée. Mais bon après, j’ai toujours eu le défaut de m’éparpiller, de vouloir faire simplement pour voir ce que ça pourrait donner. Hier encore, je parlais avec Julien Sévéon[21] de relancer un titre sur l’actualité du cinéma. Mais bon, c’est un problème personnel, on va dire (rires).

Hervé Brient : Pourtant, IMHO avait commencé une belle collection de livres destinés à la jeunesse faits par des auteurs japonais.

Benoît Maurer : Là, c’est un peu dommage parce que nous sommes arrivés un peu trop tôt sur ce créneau qui  commence à bien fonctionner avec, par exemple, Nobi Nobi. Mais je ne chercherai pas à la relancer, la Jeunesse, c’est trop compliqué. IMHO n’aura pas de nouvelle collection et les seules à rester actives sont Cinéma et Manga.

Hervé Brient : Donc, les essais sont arrêtés pour l’instant ?

Benoît Maurer : Ils sont arrêtés tout court. La cuisine aussi.

Hervé Brient : La cuisine, voilà quelque chose qui m’avait surpris, quand j’avais vu qu’IMHO avait publié trois guides.

Benoît Maurer : Oui, moi aussi (rires).

Hervé Brient : D’où ma question, pourquoi des livres de cuisine, même illustrés ?

Benoît Maurer : L’auteure, Isabelle Boinot est très influencée par le Japon. C’était d’ailleurs une superbe idée, ça a bien marché. Malheureusement, on ne peut pas décliner une collection à l’infini.

Hervé Brient : Dans les projets à vos débuts, il y avait aussi celui d’aborder l’univers du jeu vidéo.

Benoît Maurer : Là, c’est plutôt devenu mon «job», je le fais plutôt sur la partie magazine avec 2B2M. Avec la création de la structure presse, une bonne partie de mes envies se sont transformées en magazines.

Hervé Brient : Cet entretien touche à sa fin. Peux-tu nous dire ce que tu prévois pour IMHO en 2015 ?

Benoît Maurer : D’essayer de sortir les livres prévus. Je ne vais pas dire à l’heure parce que je vais me faire tuer mais déjà de les sortir. Car il est vrai qu’avec le lancement de magazines comme Kaboom, il se passe  actuellement en magazine quelque chose qui est de même ordre d’IMHO en terme éditorial, en matière d’exigence de qualité, sur les articles, sur ce que l’on peut mettre en avant, etc. Du coup, il est vrai que sur IMHO, pour le moment, il y un petit flottement. Cela me fait penser à une discussion avec Stéphane Duval, il y a deux ans, au moment où nous étions très actifs de notre côté. Le Lézard Noir était un peu entre parenthèses, Stéphane était un peu «déprimé» à ce niveau, il ne savait pas s’il allait continuer, il ne voulait pas forcément fêter ses dix ans d’édition, etc. Finalement, je ne sais pas trop ce qui lui est arrivé, mais il est reparti dans une nouvelle direction. Du coup, c’est un peu l’inverse actuellement, où nous, nous avons du mal sortir les livres et où lui, il en sort plein. Mais il ne faut pas s’inquiéter, hein !

[Entretien réalisé à Paris le 2 octobre 2014.]

Notes

  1. Le lecteur curieux pourra comparer avec la présentation proposée sur l’ancienne version du site.
  2. Un entretien concernant la défunte revue est disponible sur le site cinemasie.com.
  3. À ce sujet, voir le manifeste sur le site de Frédéric Boilet.
  4. Shôgakukan seul à l’origine, puis avec Shûeisha et ShoPro à partir du début des années 2000.
  5. Il s’agit du conte de Cendrillon en version trash/mignon, une chronique est disponible sur du9.
  6. Junkudo est une librairie japonaise parisienne située dans le quartier d’Opéra, et a été pendant longtemps le centre névralgique des fans de mangas de la première heure.
  7. L’œuvre nous narre histoire d’une orpheline recueillie par un cirque de monstres. La jeune fille va subir de nombreux tourments de ces derniers.
  8. Un «road-manga» déjanté, mortel et survitaminé situé dans un futur proche.
  9. À ce sujet, voir cette chronique sur du9.
  10. L’histoire d’un groupe de jeunes amateurs de litchi aux activités quelque peu sanguinaires.
  11. Une courte série composée de gags muets nonsensiques d’une page.
  12. Les mangas de Shitaro Kago sont caractérisés par la présence de nombreuses scènes ero-guro, un jeu permanent sur les apparences et une appétence certaine pour la scatologie.
  13. Aurélien Estager, le principal et fidèle traducteur/interprète des éditions IMHO.
  14. Benoit Maurer a aussi dirigé pendant un an et demi (mi-2009-début 2011) la librairie Village Vanguard située dans le onzième arrondissement de Paris et qui proposait un mélange de littérature alternative, d’ouvrages américains et japonais ainsi que de nombreux produits dérivés.
  15. Il s’agit du titre le plus excessif édité par IMHO qui met en scène de nombreuses perversions sexuelles faisant plus que flirter avec la mort.
  16. Son auteur, Sugiura Shigeru est un des rares mangaka de la période pré-Tezuka, c’est-à-dire d’avant les années 1950, à avoir été traduit en Occident.
  17. Manga réalisé principalement avec des trames, sans encrage, mélangeant poésie, imaginaire et onirisme.
  18. Les titres Nekokappa et Tohu-Bohu mélangent univers oniriques et situations surréalistes, le premier étant dessiné avec un trait noir, chargé, alors que le second propose un graphisme rond faussement à destination des enfants. Palepoli est un recueil de courts gags décalés, nonsensiques, surréalistes. Une chronique du titre est disponible sur du9.
  19. Le terme «stompfest» est issu du monde du jeu vidéo. Il fait référence à une communauté regroupant une «élite» de joueurs ayant pour habitude de piétiner/écraser les nouveaux arrivants dans un jeu massivement multijoueurs, mais en le faisant avec style.
  20. Il s’agit d’un one-shot de Yamamoto Naoki, l’auteur de la cultissime – du moins en France – série érotique Asatte Dance. Blue mélange comédie romantique et porno soft.
  21. L’auteur du livre sur Oshii Mamoru sorti chez IMHO fin 2012.
Hervé Brient
Entretien par en novembre 2014