Noise

de

Derrière une couverture pas franchement des plus heureuses, et après quelques pages en couleurs qui prouvent, une fois encore, que Nihei Tsutomu n’a rien d’un coloriste, Noise propose un retour aux sources, un voyage au debut des choses.
Qu’on ne s’y trompe pas, on ne trouvera pas ici de révolution particulière — au contraire, l’auteur de Blame ! continue à construire une oeuvre toujours aussi cryptique et lancinante, où l’ambiance claustrophobe et la superbe des personnages prime sur l’intelligibilité et la progression de l’histoire.

Mais d’une part, il faut noter que le récit qui constitue la majeure partie de ce recueil, en s’attachant à décrire «l’avant» de l’univers en décomposition de Blame !, laisse transparaître plus clairement encore les inspirations piranesiennes de Nihei Tsutomu, à tel point que certaines pages semblent tout droit tirées des Carceri d’Invenzione.
D’autre part, ce recueil se conclut sur «Blame», l’histoire qui a révélé Nihei Tsutomu (prix special du jury au concours d’été 1995, organisé par Kôdansha) — un récit embryonnaire, se déroulant dans une métropole curieusement lumineuse et propre. Mais déjà on y discerne les bases de la série à venir, que ce soit dans le héros taciturne au révolver destructeur, dans les architectures gigantesques qui hésitent encore à prendre le devant de la scène, ou encore dans la fascination pour l’esprit dans la machine et les robots aux formes organiques.

Pour sûr, et comme c’est le cas pour beaucoup de recueil de ce genre, Noise est loin d’être indispensable. Pouvant être résumé par «more of the same», il n’y a rien là qui pourrait convaincre les réfractaires aux univers de Nihei Tsutomu, mais ceux qui voudraient se pencher sur le travail de cet auteur pourront le voir comme un condensé de Blame ! — ou une bonne introduction.

Chroniqué par en décembre 2001