Peepshow

de

Après Peepshow, le livre, voici Peepshow, le comic. En effet, The Poor Bastard réunit les 6 premiers numéros du comic book à la périodicité erratique de Joe Matt, reprenant le fil de l’histoire là où il l’avait laissé. Si Joe Matt continue à exploiter la veine autobiographique, on sent une évolution dans sa manière d’approcher son travail. Alors que Peepshow présentait une série de pages réalisées au fil des envies, sans volonté narrative globale affirmée, The Poor Bastard tente de raconter une véritable histoire, l’histoire de Joe Matt.

Dans cette approche plus policée, on perd un peu en créativité débridée : les mises en pages sont plus sages, le temps des expériences est passé. Les interrogations sur sa manière de dessiner qui émaillaient Peepshow ont disparu. Joe Matt ne s’amuse plus avec le médium, il l’utilise. On perd également en spontanéité : la narration est plus classique, on ne retrouve plus les explosions qui caractérisaient le premier opus, ces envies de s’exprimer sur tel ou tel sujet. A la place, une visite plus en règle de la vie de Joe Matt, qui n’en est pas moins intéressante.

En effet, ce qui pouvait paraître anecdotique dans Peepshow, ces petits travers évoqués ça et là, tous les défauts de Joe Matt sont ici placés dans un contexte … Certes, les thèmes récurrents du premier recueil permettaient de se faire une idée du personnage, mais la découverte de sa vie au jour le jour le fait apparaître comme nettement moins fréquentable.

Pourtant, ce qui reste remarquable dans le travail de Joe Matt, c’est sa franchise et son honnêteté. Que ce soit pour ses habitudes révoltantes ou ses positions indéfendables dans ses relations avec les femmes, il ne s’épargne pas. A tel point que cette franchise lui vaut parfois l’agressivité des gens qu’il rencontre et qui échouent dans son comic book … et pas toujours sous leur meilleur jour.

Un dernier aspect qui rend ce livre attachant, ce sont également les vicissitudes de la vie de Joe Matt. Si Peepshow le trouvait relativement équilibré, filant le parfait amour avec Trish, il est ici en plein naufrage personnel. On s’apitoie un peu, on rit encore beaucoup, et surtout … on en redemande.

Chroniqué par en avril 1998