[SoBD2018] Revue de Littérature

de

Renaud Chavanne : Le titre suivant dont nous allons parler est Dave Gibbons, Comics – Les Secrets d’un maître, écrit par Tim Pilcher et Gibbons lui-même. Comme l’horloge tourne, nous ne pourrons pas nous attarder trop longuement. Je précise que ce livre était selon nous un autre candidat crédible pour le « Prix Papiers Nickelés SoBD ». C’est un ouvrage traduit de l’américain, publié aux éditions Eyrolles.

Florian Rubis : Les deux auteurs sont Britanniques…

Renaud Chavanne : Il est vrai que Pilcher et Gibbons sont Britanniques, et j’aurais dû dire traduit de l’anglais. Dans la version anglaise du livre, le nom de Dave Gibbons n’apparaît pas dans le titre du livre, mais il est mentionné comme auteur. C’est un ouvrage didactique, c’est-à-dire qu’il se destine à l’enseignement de la bande dessinée.

Florian Rubis : Dans sa catégorie, je trouve que c’est ce que l’on peut faire de mieux. On a tous en tête les deux tomes de L’Art de la BD, de Duc, qui, je crois, était connu dans le milieu de la bande dessinée précisément en tant que manuel d’apprentissage. C’était le livre que l’on utilisait quand on cherchait à faire de la bande dessinée. On n’avait que ça à se mettre sous la dent. L’ouvrage de Gibbons et Pilcher est l’ouvrage que j’aurais rêvé avoir quand j’étais jeune, co-écrit par un grand maître de la bande dessinée britannique contemporaine, dessinateur de Watchmen avec Alan Moore, de Martha Washington goes to War, avec Frank Miller, et de bien d’autres choses, ayant collaboré avec les plus grands scénaristes anglophones. Comics – Les Secrets d’un maître traite de tous les aspects du travail de Gibbons, avec beaucoup de détails, y compris en ce qui concerne le lettrage, la colorisation, et ceci via différentes techniques plus ou moins modernes ou traditionnelles.
Mais cet ouvrage a un autre intérêt. Il n’est pas seulement didactique : il démontre une vraie volonté de cultiver la mémoire du médium, ce qui est plutôt rare en général dans la bande dessinée. Dave Gibbons salue, ne serait-ce que brièvement, ses maîtres, de grands anciens, de fameux auteurs britanniques que l’on connaît peu de ce côté-ci de la Manche, c’est-à-dire ceux du « Big Four » : Franck Hampson, Frank Bellamy, Don Lawrence et Ron Embleton. Par exemple, Gibbons nous parle dans une superbe page avec illustration à l’appui de l’usage de la monochromie chez Bellamy, notamment dans Fraser of Africa, qui est son Jungle Jim. J’ai trouvé admirable chez Gibbons la manifestation d’un tel souci de la mémoire du médium. D’autant plus que l’on sait quelle est l’importance des dessinateurs britanniques qui travaillent souvent sur le marché américain. Il faut bien se rendre compte que tous ces dessinateurs ont beaucoup d’héritiers, et pas seulement Dave Gibbons. On peut compter parmi eux Chris Weston ou Steve Dillon, notamment. Beaucoup ont travaillé chez DC et Marvel. Ce fut le cas de Bryan Hitch avec Mark Millar sur The Ultimates, aux concepts développés dans des films des Marvel Studios. Ces grands auteurs britanniques du « Big Four » ont eu en définitive une postérité considérable, qui est très largement méconnue chez nous. Dave Gibbons, Comics – Les Secrets d’un maître permet de connaître un peu mieux tout cela, c’est vraiment formidable.

Renaud Chavanne : Il existe de nombreux ouvrages didactiques pour apprendre à dessiner, les personnages de manga par exemple, ou à écrire un scénario. Mais beaucoup de ces livres n’ont finalement pas beaucoup plus d’intérêt que les quelques exercices qu’ils peuvent amener à faire. Celui-ci, bien au contraire, est remarquable.
En ce qui me concerne, j’ai repéré plusieurs choses qui m’ont étonné, y compris d’un point de vue théorique. Ainsi, Gibbons, un dessinateur qui collabore souvent avec des scénaristes, commence son travail en écrivant. Son premier appui, ce n’est pas un dessin. Il fait d’abord de petites cases, l’équivalent d’un chemin de fer dans la presse. Mais il ne dessine pas d’images sur son chemin de fer, il n’y met que des mots. Je veux dire que l’ouvrage, outre son aspect didactique, permet de comprendre que le premier déclencheur d’un artiste comme Gibbons, en tout cas celui qu’il formalise lorsqu’il évoque son travail, ce ne sont pas des images, mais des mots.
De même, Gibbons nous explique que, selon lui, la temporalité constitue la problématique primordiale. Le rythme, la rapidité ou le ralentissement : c’est comme ça qu’il voit la bande dessinée. L’autre chose importante pour Gibbons est la notion de récit, autrement dit le découpage qu’il organise rigoureusement d’un bout à l’autre.
J’ai moi-même beaucoup travaillé sur la composition, et j’ai pu observer qu’il est très rare que les auteurs parlent de leur façon d’organiser les images. Ils sont très peu nombreux à le faire. Gibbons, lui, consacre quatre pages à cette question. Il a formalisé, verbalisé et conceptualisé son travail. C’est une chose plutôt rare et notable.
Et tout ça dans un livre qui est très agréable à consulter. C’est un beau livre, et on prend aussi du plaisir à la regarder. J’ai personnellement une préférence pour les travaux non définitifs de Gibbons. Je veux dire que dans le travail achevé de Gibbons, la mise en couleur me laisse relativement froid, je n’y trouve pas beaucoup d’intérêt. En revanche, les moments préliminaires de crayonnés et d’encrage dégagent, en ce qui me concerne, une vigueur et un plaisir pour l’œil beaucoup plus important. C’est un autre des mérites du livre que de nous les donner à voir.

Antoine Sausverd : Gibbons se pose en relais, car il parle de son expérience, de ses influences et des dessinateurs qui l’ont marqué, images à l’appui. Et il dit pourquoi. Il expose sa pratique du dessin, en montrant comment cette pratique a pu évoluer dans le temps, puisqu’il commence à avoir un certain âge, et qu’il a connu la période pré-numérique. Il raconte ainsi comment on faisait une bande dessinée quand on n’avait pas d’ordinateur, en utilisant le fax par exemple. Le livre est aussi intéressant pour cela, car il relate l’histoire du métier. Cela dit, je voudrais aussi signaler que ce livre, qui offre des recommandations pour la pratique de la bande dessinée, reste tout de même circonscrit aux comics américains. C’est-à-dire que les conseils qui sont donnés sont valables pour une pratique bien spécifique de la bande dessinée. Parfois ce sont des recettes assez directives, sur l’interlignage dans les bulles par exemple, ou la façon dont on construit les récits, mais très manifestement destinées aux comic books, et pas une autre forme de bande dessinée.

Florian Rubis : Oui, mais comics entendus également comme bande dessinée d’expression anglophone, y compris d’auteur. N’oublions pas que Dave Gibbons a aussi été son propre scénariste, par exemple pour le récit partiellement autobiographique The Originals.

Harry Morgan : Je ne peux qu’abonder dans le sens des gens qui ont parlé avant moi. Cet auteur est à la fois un praticien qui nous livre ses secrets, un historien et un théoricien. Comme dit Renaud il est extrêmement rare que les praticiens parlent sur le plan théorique. Au fond, ce que j’ai retenu c’est qu’un auteur de bande dessinée qui est dessinateur ne pense pas en dessins, il ne raisonne pas en dessins. Il pense en cases, et c’est ça que montre Gibbons avec ses histoires de petits papiers et de chemin de fer.

Florian Rubis : Un livre à conseiller chaudement, des ouvrages comme celui-ci sont rares.

Renaud Chavanne : Je précise pour finir que la traduction de ce livre est de Jean-Marc Lainé. L’ouvrage fait partie de ces livres qui sont des copies, page pour page, de la version originale. L’éditeur français achète intégralement les droits du livre, y compris la maquette, et le traducteur doit ensuite remplacer scrupuleusement, pavé de texte par pavé de texte, l’anglais par le français. Chaque paragraphe de la version française se termine exactement là où il se termine dans la version anglaise. Évidemment, cela se traduit par des économies lors du portage du livre en français.

Florian Rubis : Et ce n’est pas un exercice aisé pour le traducteur, car l’anglais est plus synthétique que le français…

Renaud Chavanne : Restons dans le domaine de la littérature anglophone et parlons brièvement, si vous le voulez bien Messieurs, d’un livre qui, disons, ne nous a pas déplu : Super-War, Marvel vs DC Comics, du journaliste américain Reed Tucker, traduit chez Fantask. Cet ouvrage nous raconte la rivalité entre les deux grandes maisons de comic books, les deux majors que sont Marvel et DC.

Manuel Hirtz : C’est ce qu’on appelle un bon travail de journaliste, extrêmement agréable à lire, très bien documenté, sérieusement fait. Je serais un peu plus circonspect par le fait que l’auteur ne se préoccupe en aucune façon de la qualité des œuvres. Pour lui une œuvre importante est une œuvre qui se vend bien. Par ailleurs il s’amuse à créer des effets dramatiques, à mettre en scène une opposition entre DC, la maison des gentils garçons bien proprets sur eux avec leur cravate, et Marvel, repère de hippies. Cela me semble, si j’en juge par les innombrables interviews et articles qu’il m’a été donné de lire, une vision quand même très excessive de la réalité.

Florian Rubis : Reed Tucker insiste sur cet antagonisme supposé, qui a été minoré par les acteurs eux-mêmes. On se souvient des interviews de Stan Lee où il racontait qu’il allait manger avec Carmine Infantino, alors que l’un était chez Marvel et l’autre chez DC.

Manuel Hirtz : Il oublie que des auteurs passent d’une maison à l’autre, souvent et sans trop de souci.

Renaud Chavanne : Non, il évoque précisément cette concurrence en signalant que les maisons se chipaient leurs auteurs.

Manuel Hirtz : Mais c’est un jeu. On n’a réellement chipé que Jack Kirby, car lui était vraiment important. Pour les autres, les enjeux n’étaient pas similaires.

Harry Morgan : Pour ma part, je trouve cet ouvrage franchement déplaisant. Il est rare que je sois complètement négatif au sujet d’un ouvrage. Mais là, j’ai eu l’impression de lire la prose d’un vieil adolescent aigri. Il y a là, comme le disait Manuel, une stratégie journalistique qui consiste à dramatiser l’affaire en faisant d’une concurrence entre deux firmes, qui est le principe même de nos économies, une espèce de lutte à mort où l’un doit rester sur le carreau. Pendant tout l’ouvrage, Reed Tucker s’interroge : lequel mettra un genou à terre, DC ou Marvel ? C’est idiot, ce n’est pas comme ça que ça marche. Deux firmes se partagent le marché et, évidemment, essaient chacune de dépasser l’autre. Mais par ailleurs, tous ces gens mangent ensemble, siègent ensemble dans telle ou telle commission et ne sont pas du tout ennemis dans la vie privée. Il y a vraiment dans le livre un côté de règlement de compte, particulièrement contre l’équipe dirigeante de DC, c’est-à-dire tous ces gens qui viennent du fanzinat de la science-fiction : Mort Weisinger, Julius Schwartz, vous connaissez leurs noms si vous vous intéressez aux comics. Mort Weisinger subit vraiment les pires outrages ; page 37, il est décrit comme une espèce d’ordure : « Jim Shooter qui a écrit pour Weisinger dans les années 1960, se souvient que le responsable éditorial l’avait traité comme de la “merde”, et passait son temps à proférer des insultes à son endroit, le traitant par exemple d’attardé ». On trouve des propos de la même veine pages 38, 39 et 40. Ces gens sont décrits comme des dinosaures à cravates. Apparemment, porter une cravate au travail dans le milieu des comics est un très grand crime pour Monsieur Tucker.
Pour le reste, ma foi c’est une histoire factoid par factoid. Les firmes alimentent elles-mêmes le fandom, en pseudo-événements ou en pseudo-scandales, tout simplement parce que c’est bon pour le buzz, et donc bon pour les ventes. Mais tout ceci est semi-blagueur. Enfin, si on avez lu les propos de Stan Lee, très emphatiques, on sait que ce n’est pas sérieux. Mais Reed Tucker semble penser que tout cela est extrêmement sérieux et qu’il s’agit effectivement des étapes d’une guerre ; pas seulement d’une guerre commerciale, mais d’une vraie guerre à mort. Il a donc traité cette histoire-là factoid par factoid, ragots par ragots, sans se rendre compte qu’il est en train tout simplement de décrire une stratégie éditoriale qui est fondée sur autant de coups éditoriaux. J’ai trouvé cet ouvrage franchement déplaisant.

Renaud Chavanne : Ce n’est pas mon cas. C’est vrai que les premières pages sont assez désagréables, avec une sorte de style journalistique branché, un ton qui se veut rigolo, des blagues, etc. La première page ça passe encore, la deuxième on se dit qu’il ne faut pas que ça continue longtemps, au bout de vingt pages on en a assez. Mais ça s’arrête, ça se calme, cette façon de faire disparaît. En ce qui me concerne, moi qui ne suis pas un expert de la littérature de super héros, de comic books, je trouve que le livre donne un panorama de ce qui s’est passé sur une cinquantaine d’années entre DC et Marvel. Il est vrai que l’auteur laisse de côté un certain nombre de concurrents moins importants…

Manuel Hirtz : Plus important aussi, car dans les années soixante, Dell Comics est plus important que Marvel ou DC.

Renaud Chavanne : Tout de même, le livre propose un bon aperçu de la rivalité entre les deux firmes, d’un point de vue économique, et sur une période relativement longue. On observe par exemple la transformation du réseau de distribution, et son impact sur la forme et le contenu de l’objet distribué. La bande dessinée comme les autres arts, dépend de structures qui ne sont pas propres à la discipline artistique elle-même, qui sont propres à sa diffusion, à sa commercialisation. Il est probable qu’un féru de cette littérature de super-héros connaît tout ça par cœur, mais pour quelqu’un qui s’en tient relativement loin, sans pour autant s’en désintéresser, ce livre n’est pas inutile. Il m’a aussi permis de mieux comprendre la notion de continuité. Probablement qu’un amateur de comic books estimera qu’il s’agit d’ignorance de ma part. J’avais bien croisé le terme de continuité dans des articles ou des interviews, mais sans vraiment avoir perçu ce que pouvait bien recouvrir ce mot. Super-War m’a permis de comprendre d’où venait cette notion ; il s’agit d’harmoniser des récits qui se croisent, qui sont créés initialement par des artistes et par des auteurs différents, et dont, pour des raisons commerciales, on finit par regrouper les personnages, les faire se croiser. Ainsi, par exemple, si un personnage A a du succès, et qu’il en va de même pour un personnage B, on va élaborer une histoire ou A affronte B et ainsi augmenter considérablement les ventes. Puis on rajoute à cela un personnage C, et on construit ainsi un réseau croisé d’histoires, initialement créées par des gens différents, parfois reprises par d’autres artistes, et la situation se complexifie. Se constituent ainsi des univers narratifs, habités par de multiples personnages, qui sont à nouveaux croisés, et quelques fois entre maisons d’édition concurrentes. Les firmes concurrentes que sont Marvel et DC aiment bien s’associer pour augmenter leurs chiffres d’affaires. Super-War permet d’observer comment s’élabore cette chose complexe, une sorte de méta-œuvre à laquelle contribue des dizaines, voire des centaines d’auteurs, sur des décennies. Tous travaillent à raconter la même histoire, avec les mêmes personnages. Certes, les récits produits ne sont peut-être pas, dans leur lecture régulière, d’un grand intérêt. Mais le phénomène littéraire, lui, est remarquable. J’ai réalisé cela en lisant ce livre.

Florian Rubis : Cela s’est bâti en plusieurs étapes. Il y a, comme tu l’as dit,le processus du crossover, mais aussi celui du multiverse qui vient de DC. Le livre explique toutes ces différentes étapes.

Renaud Chavanne : J’ai essayé d’éviter le jargon. De même que j’essaie d’éviter le jargon des sémiologues, je tâche de me dispenser de celui des amateurs de comic books.

Florian Rubis : Ce sont bien les gens de DC qui ont inventé le multiverse. Cela tient aussi au fait qu’il y a eu une baisse d’intérêt pour les super héros après la Seconde Guerre mondiale. On a donc recréé certains personnages, avec par exemple deux Green Lantern, deux Flash, et il y a bien fallu harmoniser tout ça à un moment. Comme ce sont des gens qui venaient de la science-fiction qui éditaient cela, ils ont imaginé des univers parallèles.

Renaud Chavanne : Mais c’est curieux, tout de même, ce besoin d’harmoniser. Quelqu’un invente une histoire de Zorro. Si quelqu’un d’autre en fait une deuxième, Jacovitti par exemple, il n’y a pas besoin d’harmoniser quoi que ce soit. On a deux histoires de Zorro, c’est quand même élémentaire. Pour les super héros, on ressent le besoin d’harmoniser. Pourquoi ? Parce qu’il y a des fans, et les fans se demandent : « c’est Hulk ou Superman le plus fort ? ». J’ai trouvé ça très drôle. Et c’est bien raconté dans le livre. On tombe des nues. On s’en contrefiche pourtant de savoir qui est le plus fort. Mais non, ça fait partie des questions que se posent les gens qui achètent ces livres. Alors pour déterminer qui est le plus fort, on fait une histoire où les deux personnages vont s’affronter. Et parfois même entre deux personnages qui viennent l’un de chez DC, l’autre de chez Marvel. Évidemment, cela engage des discussions à n’en plus finir entre les commerciaux des deux firmes, parce que tous veulent savoir si c’est leur personnage qui gagne, afin de s’assurer des ventes supplémentaires par la suite. Tout ça finit donc par faire une histoire où personne ne gagne, et où probablement va arriver un troisième larron qui va leur en mettre plein la figure.

Florian Rubis : C’est toute une histoire ! Il faut attendre un moment avant que Superman et Batman partagent la même histoire, sur un même support.

Manuel Hirtz : C’est ce que j’appelle l’aspect journalistique. Reed Tucker passe au peigne fin les crossovers entre les univers, les uns après les autres. Or, il se trouve que pour un amateur de comic books moyen, comme je le suis, ça n’a aucun intérêt. Parce que les crossovers c’est toujours raté. La rencontre Superman et Hulk c’est nul, c’est idiot. Ils ne vivent pas dans le même monde, ils ne peuvent donc pas se rencontrer. Ces histoires ne sont jamais dessinées par de bons artistes, ni scénarisées par de bons scénaristes, parce que les bons artistes et scénaristes ne veulent pas s’embêter avec de pareilles idioties, enfin !

Dossier de en juin 2020