Matthieu Bonhomme

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Pour chacun de ses albums, Matthieu Bonhomme doit être considéré comme un auteur complet qu’il soit, ou non, crédité au scénario. Avec Gwen de Bonneval sur Messire Guillaume (Dupuis), Fabien Vehlmann sur Le Marquis d’Anaon (Dargaud) ou seul aux commandes du magnifique Voyage d’Esteban (Milan), il ne peut se contenter de dessiner sans soulever de nombreuses réflexions sur l’écriture-même du récit. Matthieu Bonhomme fait en effet partie de ces rares auteurs qui ont compris que chaque détail visuel, même le plus infime, est à mettre au service d’une histoire et que l’esthétique ne se résume qu’à un seule notion ; celle de plier la forme pour exprimer au mieux le fond.

Nicolas Verstappen : Vous considérez Peyo comme l’un de vos maîtres. Comment son œuvre vous a-t-elle nourrie ?

Matthieu Bonhomme : En tant que lecteur, j’ai adoré toutes ses aventures car elles me permettaient de m’évader entièrement. A le revoir aujourd’hui, je considère que Peyo a toujours réussi à mettre le récit en avant ainsi que le jeu de ses personnages. Il a une science de l’écriture qui toujours se met en retrait. Lorsqu’on lit du Johan et Pirlouit, ou même du Benoît Brisefer, on se laisse complètement embarquer par l’histoire sans s’apercevoir tout de suite de la qualité du scénario. On est dans une vraie démarche de narrateur car on oublie qu’on est en pleine lecture. On voyage, tout simplement, et c’est ce que j’adore chez Peyo.
A y regarder de plus près, je me suis aperçu que c’est un auteur qui a ôté tout le superflu. On ne peut pas s’en rendre compte en feuilletant ses albums. Il faut les lire pour apprécier pleinement son travail car ce qui ce passe dans du Peyo n’est pas visible tout de suite. Il faut observer la progression de ses personnages, leur façon de bouger et de parler, comme dans le cas de Pirlouit qui est le résultat d’un travail extraordinaire. Je les relis beaucoup en ce moment car j’ai un fils de trois ans qui aime jouer au chevalier. Ce n’est pas forcément évident de lui lire une bande dessinée à cet âge mais il se prend malgré tout au jeu… et moi aussi. C’est un vrai bonheur partagé.

NV : Votre admiration s’est ensuite portée vers des auteurs plus réalistes puisque vous allez rechercher des conseils auprès de Christian Rossi après avoir lu ses Jim Cutlass. Comment s’est développée votre relation d’apprenti auprès de lui ?

MB : J’ai grandi en lisant Peyo, Morris et Tillieux. Mon grand frère avait un copain qui faisait du dessin et beaucoup de choses passaient par notre maison comme du Pratt par exemple. J’ai accroché au travail de Rossi en même temps que ceux de Giraud et Arno. Ce dernier était pour moi un réaliste génial. Son réalisme synthétique était magnifique dans ses bonnes phases. Ces auteurs m’ont porté et font encore partie de mes références.
J’ai alors essayé les écoles d’Art mais on nous y faisait comprendre que la Bande Dessinée était bonne pour les nuls et les bras cassés. J’ai eu malgré tout l’envie de continuer dans cette voie et j’avais un le profond désir d’apprendre. J’ai donc fait ce que d’autres avaient fait avant moi ; aller voir un plus ancien pour qu’il m’apprenne ce travail. J’avais entendu que Cosey avait vu Derib, Derib avait vu Jijé, Jijé avait donné ses conseils à Giraud, à Juillard, à Mézières et à Rossi entre autres. Cela ne se faisait plus tellement à mon époque mais j’ai eu l’envie d’essayer et j’ai contacté Rossi car j’étais en fascination devant son travail à ce moment-là. On s’est rencontré et il a répondu présent. Il avait lui-même beaucoup avancé grâce aux conseils qu’il avait reçus et, se sentant redevable, il désirait perpétuer ce rapport. Je me sens aussi investi de cette approche et si un jour un jeune dessinateur me contacte et que je sens qu’il en vaut la peine ou qu’il est prêt à en découdre, je suis prêt à lui donner tout ce que je peux lui apporter pour qu’il avance. J’aurais le sentiment de rendre à un autre tout ce qu’on m’a donné.
Cette expérience m’a fait gagner un temps fou au niveau de ma progression et m’a ouvert les yeux sur ce qu’était vraiment la Bande Dessinée et de raconter une histoire. J’ai appris que nous étions les héritiers d’une tradition, d’une culture. Rossi m’a fait découvrir Milton Caniff, le Frazetta des premières heures, des peintres aussi et de grands illustrateurs américains. Une fois que l’on a vu tout cela, on ne peut plus dessiner de la même manière. On découvre par la même occasion que l’on doit se donner tous les moyens pour créer une bande dessinée et se nourrir du cinéma ou de la peinture.

NV : Pour votre premier passage à la «pratique», vous abordez un univers contemporain. Après l’album Victor et Anaïs, vous ne travaillerez plus sur des ouvrages situés à notre époque. Vous préférez vous plonger dans le passé ?

MB : Les histoires m’ont porté vers autre chose, tout simplement. Je vais d’ailleurs attaquer un univers contemporain prochainement. J’ai une proposition d’album avec Lewis Trondheim au scénario. Ce sera urbain et contemporain, bref, tout ce que je n’ai pas fait jusqu’à présent de manière très poussée. Et puis je veux continuer à développer ma partie scénariste avec un projet personnel dans un univers urbain presque contemporain.
Ce n’est pas un absolu mais j’ai toujours été plutôt attiré par ce que propose l’aventure en Bande Dessinée comme le voyage dans le temps par exemple. J’aime cette évasion car je travaille à Paris, je vois des bus et des voitures toute la journée et tout cela me semble banal. Je n’ai pas encore trouvé mes marques avec le côté urbain. Par contre, lorsque je dessine une vieille planche, une lampe ancienne ou de vieilles pierres, je trouve que ça vit, que c’est charnel et je peux l’investir avec autant de cœur et de chair que si c’était un personnage. Cela me semble avoir une grande importance.
Pour en revenir à Victor et Anaïs, j’étais plutôt dans un travail de commande. J’avais la chance de pouvoir peindre la mer, des balades dans les rochers et ce genre de petites choses. Lorsque je revois ces planches, je les trouve très… bref…

NV : Il fallait bien démarrer quelque part.

MB : C’est vrai. J’ai beaucoup appris en faisant cet album même si je le trouve un peu naze. Il a posé beaucoup de jalons, je me suis coltiné un récit de longue pagination, j’ai dû travailler sur une logique d’efficacité et de rythme. J’ai dû faire des choix et je ne regrette pas du tout d’avoir travailler sur cet ouvrage.

NV : Est-ce ce travail un peu «ardu» qui vous a poussé à vous lancer dans l’aventure de L’Âge de Raison ? Vous passiez à un récit muet et bien plus expérimental que Victor et Anaïs.

MB : Lorsque j’ai commencé Victor et Anaïs, le scénario de cet album n’était pas du tout abouti. J’ai beaucoup travaillé avec le scénariste [Jean-Michel Darlot] et le résultat fut assez concluant. Malgré les difficultés, j’ai endossé la casquette de «co-scénariste» en plus de celle de dessinateur et de metteur en scène. J’ai donc commencé à mettre les mains à la pâte à ce moment-là. Après Victor et Anaïs, je me suis retrouvé sur un projet de série assez ambitieuse avec un scénariste professionnel (même si il était aussi jeune que moi à l’époque) et nous avons aussi beaucoup parlé de l’écriture de scénario. Les deux premiers albums furent très éprouvants car Fabien Vehlmann et moi-même avions beaucoup de choses à prouver.
Après ces deux tomes qui m’avaient poussé à de grandes réflexions sur la technique et l’écriture, je me suis totalement laisser embarquer par des petits croquis que je faisais. J’avais juste envie de gars qui se tapent sur la gueule et L’Âge de Raison s’est créé comme ça. C’était devenu une sorte de récréation dont le scénario a fini par prendre forme. Je ne me sentais pas scénariste mais juste metteur en scène de cette histoire. Je guidais ce personnage sans être capable de le faire parler. A chaque fois que j’essayais de placer des dialogues, cela sonnait faux. A la dernière scène, le personnage rencontre une tribu à laquelle il veut raconter son périple. J’ai finalement dû le laisser dessiner et mimer son voyage car rien ne venait autrement. Au final, ce fut malgré tout mon premier travail de «scénariste» car le scénario peut prendre cette forme muette. Cet album m’a rassuré et son parcours m’a fait beaucoup de bien. Je me suis alors promis de mettre des textes dans mon projet suivant.

NV : Ce projet suivant fut Le Voyage d’Esteban.

MB : Oui mais un peu après avoir poursuivi mon travail sur le Marquis d’Anaon. Je me rappelle très bien de mes débuts sur le Voyage d’Esteban. J’ai dessiné une première case très très facile, assez silencieuse avec la mer et une barque. Ca dure une page, puis deux, puis trois et à un moment je n’ai plus eu d’autre choix que «d’ouvrir le bec» de mon personnage. Et là, à la première bulle prononcée, il y a comme un verrou qui a sauté. A cet instant, au moment où Esteban dit quelque chose comme «C’est quoi ce médaillon ?», tout s’est enchaîné en échappant à mon contrôle. Les personnages ont commencé à parler entre eux et à exister par eux-mêmes. Je suis encore bouleversé par l’état dans lequel je me trouvais ce jour-là car c’était une véritable révélation.[ndlr : on sent en effet un trouble qui s’empare de Matthieu Bonhomme alors qu’il se confie]
Je tenais une forme incroyable car j’adore raconter des histoires, j’ai ça en moi depuis longtemps, mais tout cela était bloqué par des freins psychologiques et de fausses difficultés. Je suis parvenu à m’en libérer à force de me confronter aux récits. Depuis, j’ai le sentiment que tout me semble possible même si je sais très bien que ce n’est pas vrai. Chaque histoire, chaque personnage ont leurs difficultés et le troisième tome d’Esteban que je suis occupé à écrire me donne du fil à retordre. Je croyais l’écrire au fil de la plume comme les précédents mais j’ai dû y revenir, tailler et renoncer à certaines scènes.

NV : Le Voyage d’Esteban a été publié dans la revue Capsule Cosmique qui a malheureusement aujourd’hui disparu. Comment avez-vous vécu la fin de cette aventure éditoriale ? Aussi tragiquement que les autres auteurs qui y participaient ?

MB : Aussi tragiquement, en effet. Encore maintenant, je ne m’en remets toujours pas. C’était une aventure démentielle que je partageais avec les membres dans mon atelier. Sur les sept membres, cinq étaient liés à l’éditorial pur du journal dont les deux rédacteurs en chef. Je ne voulais pas faire partie de la rédaction mais je leur avais dit que je voulais absolument y participer et leur proposer des pages. J’étais intéressé par l’idée de faire des albums plus que du rédactionnel mais j’ai cependant suivi tous les tournants de ce parcours. J’étais transporté par ce projet et j’y avais trouvé une place dès le numéro 0.
Le Voyage d’Esteban a débuté grâce à ce journal et lui est profondément lié. La série démarre avec un bateau qui fonce vers les Mers du Sud où tout est possible. C’est que me proposait la Capsule Cosmique ; une aventure avec mon stylo en guise de harpon, transporté vers l’inconnu au travers d’un souffle épique. Et puis d’un coup tout s’arrête, comme dans le deuxième tome du Voyage d’Esteban. Le bateau reste figé dans la glace et il faut alors trouver une porte de sortie.

NV : D’après ce que j’ai pu entendre, le troisième tome du Voyage d’Esteban verra le jour chez un «gros éditeur» [Matthieu Bonhomme tient à ne pas en révéler le nom pour l’instant]. Pourquoi n’est-il pas publié chez Sarbacane qui s’inscrit dans la continuité directe de la Capsule Cosmique sous la houlette de Gwen de Bonneval ?

MB : Avec Sarbacane, Gwen de Bonneval a prolongé son envie de faire avancer la Bande Dessinée avec ses visions à lui. Son parcours avec Samedi et Dimanche, Basile Bonjour ou encore Monsieur Forme est très cohérent et représente un esprit de la Bande Dessinée à la fois intelligent, grand public, sensible et accessible. Le prolongement de la Capsule Cosmique se marque dans l’envie de donner à des jeunes auteurs talentueux la possibilité d’écrire des albums de qualité pour la jeunesse. Je ne fais pas la suite du Voyage d’Esteban chez Sarbacane sans raison particulière. Avec Gwen, nous avons travaillé sur Messire Guillaume chez Dupuis alors que la Capsule Cosmique existait et nous n’avons pas eu le sentiment que cela tenait de l’incohérence. Le fond de la démarche était le même.

NV : Messire Guillaume était un projet pour le «tout public» qui est passé en «Repérages» à cause de la dureté de son contenu ou aviez-vous dès le départ pensé qu’il devait être édité dans cette collection plus ado/adulte de Dupuis ?

MB : Gwen et moi désirions une aventure «tout public» mais dans laquelle on n’épargne pas une certaine réalité. A partir du moment où l’on place un gamin au Moyen-Âge, il va prendre tout ce qu’il a prendre, c’est-à-dire la violence, le mystère, les monstres et les croyances.

NV : Vous auriez pu aussi vous inscrire dans la lignée de Peyo et écrire quelque chose de plus proche des aventures de Johan et Pirlouit, avec un Moyen-Âge moins violent.

MB : C’est vrai. Nous voulions cependant apporter un certain réalisme. Ca reste pour moi «tout public» mais peut-être pas de «7 à 77 ans». Plutôt de «10 à 77ans». Pour ne rien vous cacher, nous avions déjà imaginé être dans la collection «Repérages» au moment de présenter le dossier à tel point que j’ai dessiné les pages d’essai à l’homothétie de ce format spécifique. Messire Guillaume est donc arrivé là assez logiquement.

NV : Durant ces divers projets, vous avez poursuivi votre collaboration sur le Marquis d’Anaon avec Fabien Vehlmann. Ce dernier dit dans le Casemate #5 (juin 2008) que sans vous, il aurait fait de Jean-Baptiste [le Marquis] «un bête héros sans peur et sans reproche». Qu’avez-vous apporté à ce personnage ?

MB : Je suis assez surpris par sa déclaration. En tout cas, c’est très gentil de sa part. Lorsqu’on a démarré ce projet, je me suis rendu compte que je ne parviendrais pas à dessiner quelque chose en quoi je ne croirais pas. J’ai donc mis à nouveau la main à la pâte en essayant de comprendre qui était le Marquis d’Anaon, d’où il venait. Si ses réactions ne sont pas crédibles, il ne serait qu’un personnage de papier et non pas une personne. A certains moments, je signalais à Fabien que dans telle ou telle situation sa réaction serait différente de celle Jean-Baptiste. Ce qui compte, c’est de savoir ce que l’on ferait nous-même à la place du personnage. J’ai donc tiré le personnage vers une forme de réalisme des situations. C’était vrai pour les premières heures en tout cas. Aujourd’hui ça roule tout seul.

NV : J’ai aussi été frappé par le graphisme de Jean-Baptiste qui est assez peu conventionnel. Il a le visage fort rond dans le premier album, loin des traits des aventuriers «classiques» du Neuvième Art au profil athlétique. Ce choix visuel était-il clairement réfléchi ?

MB : Jean-Baptiste est «un héros qui n’est pas un héros». En réalité, il n’est que le personnage principal de la série. Au départ, je me suis fixé sur son caractère pour trouver sa tête et ce caractère m’évoquait celui d’un ami d’enfance. J’ai donc repris le visage de cet ami et ça a bien donné sur les croquis mais moins dans l’album. Au fil des tomes, Jean-Baptiste a pris son autonomie. Son visage devient plus fin ; il mute progressivement. Depuis les tomes 4 et 5, je crois que je l’ai bien en main. En fait, le personnage s’est trouvé graphiquement en même temps qu’il se trouvait psychologiquement.

NV : Dans le Casemate #5, vous expliquez que vous vous basez sur des visages de personnes existantes pour vos personnages (comme Ruffin qui s’inspire de Raffarin et Delambre de de Villepin). Est-ce important de chercher des détails dans le réel ?

MB : Dans le cinquième tome du Marquis, c’était important car il y a une petite communauté d’expatriés français au Caire. C’étaient de grands bourgeois, des politiques, des nobliaux. J’aurais pu en dessiner un mais au moment d’en dessiner dix, je n’étais pas certain de les typer et de les différencier correctement. Je me suis demandé à qui ils me faisaient penser et je me suis naturellement tourné vers les politiques plus ou moins véreux. Les personnages ont ensuite pris leur autonomie lorsque je leur ai rajouté une barbe ou une perruque.

NV : J’ai eu le sentiment qu’il y avait un sous texte plus politique dans ce nouveau tome du Marquis. Fabien Vehlmann, au travers des Cinq Conteurs de Bagdad et de la Chambre de Kheops, semble vouloir mettre les cultures orientales et arabes à l’honneur. Vous placez d’ailleurs Jean-Baptiste dans le rôle de l’étranger dérangeant et mal vu par les autochtones (et ce très clairement dans la page 25). Désiriez-vous dénoncer par là une forme d’ethnocentrisme occidental ?

MB : Il y a une réflexion humaniste de fait car Jean-Baptiste est comme ça. Ce personnage est ouvert aux autres peuples et aux autres cultures. C’est un peu sa marque de fabrique. Lorsqu’on est en Egypte, on ne peut que s’apercevoir du rayonnement que cette civilisation a eu durant des millénaires. Aujourd’hui, on peut y visiter de magnifiques mosquées. L’Islam a été diabolisé après le 11 septembre à cause de quelques extrémistes. Il est intéressant de noter que la culture arabe et américaine ne sont en rien comparables en terme de richesse. Les Américains prétendent avoir la «Raison» de leur côté avec seulement quelques siècles d’existence et l’on peut comprendre que cela soit perçu comme quelques chose de blessant par le monde arabe. Le personnage de Jean-Baptiste n’est pas militant là-dessus et il vit cela au travers de son époque. Si l’on compare ce qu’étaient la Cour et les grands bourgeois du XVIIIème siècle et la richesse des pays arabes, on se rend compte que l’Occidental, malgré ses parfums, était sale. En Orient, il y a le culte des bains, un art de vivre et des productions magnifiques.

NV : C’est d’ailleurs l’idée reprise dès la première case puisque vous représentez un Paris bruyant et sale.

MB : C’était en effet quelque chose d’important. Fabien m’avait dit que Paris devait être sale et bruyant comme au Caire mais pas plus.

NV : Vous utilisez deux techniques graphiques différentes selon vos albums. Le Voyage d’Esteban et Messire Guillaume semblent être travaillés au crayon noirci informatiquement tandis que le Marquis d’Anaon fait ressortir un encrage plus classique. Comment définissez-vous ce genre de choix esthétique ?

MB : Pour chaque série, j’essaie de trouver la technique la plus adéquate. Je change aussi régulièrement afin d’être dans des «états» de dessin différents. Pour le Voyage d’Esteban et Messire Guillaume, je pars d’une planche encrée à la plume sur laquelle je rajoute un peu d’effet de crayon. Dans le premier Marquis, il y avait des flash-backs au crayon mais j’ai renoncé à cet effet car il n’était pas adapté à cette série. J’aime le côté visuel plus classique sur cette série à cause de mon affection pour l’héritage de la Bande Dessinée. Je veux m’inscrire dans cette lignée et je l’assume complètement.

[Entretien réalisé le Jeudi 26 Juin 2008 à la librairie Slumberland tome IV]

Entretien par en septembre 2008