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Journal d’Italie (t.1)

de

David B. a longtemps fait le journal de ses nuits, de celles où il rêvait, notant scrupuleusement ses aventures oniriques.[1] En 2005, peut-être pour avoir franchi une frontière autre,[2] autrement réelle, il raconte ses jours en Italie, dans leurs marges de pénombre ou de clair-obscur.

On marche, on va de ville en ville,[3] on découvre, on rencontre, on se déplace non pour se laisser attraper par l’Histoire et ses trous noirs sous forme de monuments attire-touriste, mais par des histoires au gré de passages que sont des portes, des ponts, que furent des livres, des films ou des paroles, réminiscences se précisant soudainement ici, faisant de silencieux échos dans ces recoins citadins oubliés des regards.

Il y a aussi les rencontres, plus franches dans une certaine mesure, plus à l’essentiel dans ce qu’elles feront dire, avouer, confesser peut-être, puisque l’un est de passage sur ces terres, puisque l’un ne comprend pas tout, puisque l’un est voyageur non sédentaire. Un voyage en péninsule, pour cette immersion physique et le constat plus ou moins conscient d’un pays autre que, d’un pays outre que.

Que quoi ? Moins d’un pays qu’une façon de vivre, qu’une appréhension de la vie, qu’un savoir faire et un savoir dire ou ne pas dire. Passer de l’habitude à l’inédit, qui ferait soudainement apparaître des structures oniriques ici, dans un quotidien,[4] alors que là-bas on ne les voyait plus. Oui, dans ce cas-là, voyager devient un rêve que l’on peut noter dans un carnet, un journal puisque le mot «nuitnal» n’existe pas.

David B. marchait seul la nuit, il marche aujourd’hui le jour et accompagné.[5] Un retour de David B. dans un pays autre, moins des rêves qu’en train de rêver, pour révéler des histoires laissant songeur par leur qualité de songes et qu’il n’avait pas hanté en bande dessinée depuis de nombreuses années.

Notes

  1. Voir Le cheval blême, premier livre de la collection «Ciboulette», publié par L’Association en 1992.
  2. Sentimentale.
  3. Trieste, Bologne.
  4. Les journaux, mais aussi celui du présent vécu.
  5. Ilaria, sa compagne, raconteuse d’histoires elle aussi.
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Chroniqué par en février 2010