Rancho Bravo

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Rancho Bravo montre que Blutch a lu beaucoup de bandes dessinées (Blueberry, Jerry Spring, Mac Coy, etc.) et pas seulement Pif ou Picsou (cf. Mademoiselle Sunnymoon).
Ça, on le savait déjà, mais avec Rancho Bravo on voit aussi que Blutch a vu beaucoup de films du type de ceux passant à la dernière séance sur FR3 le mardi soir (veille d’un jour sans école n.d.l.a.)
Le jeudi, dans la cour de récré, Blutch Cassidy dit le Kid rejouait le film avec ses copains et comme ils savaient que c’était pour de faux, ils rigolaient bien.
Aujourd’hui avec son copain scénariste J.-L. Capron, il continue. Mais comme c’est un grand maintenant, les histoires il les dessine (vachement bien) au lieu de les mimer dans la cour de récré.

Un avant-propos sur l’enfance qui n’est pas inutile, car la question fondamentale qui taraude Rancho Bravo concerne tous les petits cow-boy, explorateurs de l’espace, hommes qui valaient trois milliards, Goldorak, Chevaliers du Zodiaque, Power Rangers, etc … C’est à dire tout les individus mâles immergés dans le fameux contexte microcosmique de la cour d’école, qui se demandent : Puis-je jouer avec les filles sans y perdre ma virilité, celle durement acquise depuis la maternelle, face à mes copains ?
Les auteurs n’hésitent plus une seconde et (depuis la puberté, semble t-il …) disent « oui » !
Il y a donc plein de filles canons (de revolver) et super bien roulées (comme des cigarettes) dans Rancho Bravo. A tel point qu’elles font même la couverture (en couleur).
Au travers de cette dizaine d’histoires parues dans Fluide, Blutch et Capron finodent joliment et joyeusement sur un genre : le Western !
C’est la première fois que Blutch, à ma connaissance, travaille avec un scénariste. Mais on sait que Blutch aime les genres : péplums, westerns, etc … Comme il aime le genre féminin et le genre masculin (cf. Péplum, Mademoiselle Sunnymoon et Mitchum n°2).
Blutch et Capron sont donc deux auteurs du même genre et Masculin-Féminin est le vrai sous-titre (cinématographique) en filigrane de cet album.

Conclusion, ami lecteur, Rancho Bravo pourra t’éviter d’aller aux matchs de foot, de conduire une GTI rouge (ou noire) avec jantes en alliage, de prouver à tes amis, les piliers de comptoir, que tu peux boire 10 canettes de bière d’affilé, à la moyenne d’un rot à la minute, et surtout t’éviter de t’asseoir sur les strapontins du métro jambes bien écartées pour montrer que tu es un vrai cow-boy descendant de (ou du ?) cheval et empêcher ainsi les autres (les cultivateurs à foi jaune) de s’installer à côté de toi.
Rancho Bravo, t’ouvrira alors de nouvelles frontières joyeusement explorées par deux pionniers, des vrais, pas des coyotes.

Site officiel de Fluide Glacial
Chroniqué par en août 1997