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Mister o / Mister i

de

En début d’année dernière, Lewis Trondheim avait annoncé qu’il arrêtait de dessiner, et qu’il allait désormais se consacrer au scénario.[1] Le scénario, et l’édition, puisque depuis cet été, Lewis Trondheim se retrouve directeur de la collection Shampooing chez Delcourt, qui (selon le livret de présentation) «lave la tête et fait des bulles». Et d’inaugurer la chose avec deux publications du maître de maison, la réédition de Mister o (déjà publié en 2002) accompagné d’un nouveau venu, Mister i.

Les deux albums fonctionnent sur un même principe : une grille (serrée) de dix cases par six, et une variation sur un thème immuable, Mister o et sa crevasse à traverser, Mister i et sa faim à satisfaire. Bien sûr, tout le plaisir de la chose réside dans les mises en scène plus ou moins élaborées qui, systématiquement, les conduiront à l’échec. Au fil des pages, Trondheim met en place une galerie de personnages et animaux plus ou moins virulents ou vindicatifs, avec le défi de trouver de nouvelles manières inattendues de mener la séquence à son terme. C’est simple, distrayant et particulièrement cruel et sanglant.

On connait la propension de Lewis Trondheim à s’instaurer des contraintes, et ces albums n’y échappent pas — d’ailleurs, sur son site officiel, il décrit ainsi la génèse de Mister o : «En 1999, Libération me demande de faire 6 demi-pages au environ de Noël. Je fais ce machin idiot. Trois ans plus tard, je décide de faire les 24 pages restantes pour cet album extra-terrestre.»
Si au final, le tout est un peu répétitif et pas vraiment inoubliable, on saluera tout de même la performance, et cette volonté d’un auteur de toujours vouloir expérimenter et explorer son medium.

Notes

  1. Il avait tenu le coup 80 jours avant de craquer et de pondre Désoeuvré, un carnet en forme d’explication sur sa crise de la quarantaine.
Site officiel de Lewis Trondheim
Site officiel de Delcourt (Shampooing)
Chroniqué par en novembre 2005