Microzine

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Ça fait un moment que je veux vous parler de Microzine. Microzine, dont je ne peux même pas vous affirmer que ça existe toujours, puisque tous les numéros que j’ai datent de 1997, et que je n’ai pas encore écrit pour leur demander s’ils sont vivants, se présente sous la forme d’une petit paquet de photocopies agrafées, dont la taille varie de 3×4 cm à 7,5×10,5 cm.

Microzine est visiblement fait dans la hâte, dans la rigolade et dans les Charentes, loin de tout esprit de sérieux, et sans même la volonté de faire un truc vraiment bien, puisque le truc vraiment bien, dans Microzine, c’est l’idée elle-même : des tout petits fanzines à 1 FF pièce, explorant les possibilités de ce que l’on peut appeler, forcément, la bande dessinée minimaliste …

Et le résultat ? C’est assez laid (mais pas toujours). Le contenu va du détournement d’images à la bd en passant par le photomontage, le jeu de mots, voire l’autocollant de promo (1 FF le paquet de 6). Dans le numéro 4, y’a même un « filtre universel en cadeau » (c’est-à-dire un ticket de bus de la Communauté urbaine de Bordeaux, plié en trois).
L’ensemble est joyeusement pornographique, soigneusement délirant, délibérément absurde. Je le garde, dans un coin de mon tas de bd, parce que ça m’a bien fait rigoler quand on me les a offerts (oh, j’ai rigolé une bonne dizaine de minutes). Mais j’avoue que je ne les ai pas relus très souvent.

Seule exception : l’excellente idée d’un de leurs volumes moyens (5×7,5 cm) intitulé Tribute to Panini. C’est une réplique en tout petit et en mal photocopié d’un album Panini, chaque « page » comportant une photo ou un dessin ou un mélange des deux, troué par un rectangle blanc de 16×32 mm.
On trouve pêle-mêle des boy’s bands à poil, Alain Juppé en train de sourire (sic), des dessins immondes genre « ma p’tite soeur est psychotique », des dessins un peu plus élaborés composant une série intitulée « Les Yeux de La Soupe » (dans un style qui plairait au Psikopat ou à Ferraille), etc …
Et puis, livrés avec, il y a 25 autocollants 16×32 mm, soigneusement emballés sous plastique, permettant de compléter « l’album » (évidemment, on obtient des détournements scandaleux, des grossièretés sans nom, de l’anticléricalisme à la pelle, de l’inspiration situ mal digérée, etc.).

Là encore, le résultat fait sourire (eh, c’est déjà ça, hein …) mais le procédé est vraiment marrant. C’est l’impression d’ensemble que laisse Microzine ; ça casse pas des briques, mais ça pourrait, parce que l’idée est bonne, et qu’il suffirait d’un chouïa de boulot, d’un zeste de réflexion, d’un atome de travail graphique pour que la pochade devienne un joli petit objet intelligent.
C’est pour ça que je vais leur écrire : si ça se trouve, depuis 97, ils ont évolué, et c’est devenu un truc très chouette, ça m’embêterait de passer à côté. Je vous tiendrai au courant.

Contact :
Marie-Laure Bernard — 19 route de Bordeaux — 17120 Cozes

Chroniqué par en janvier 1999