Dupuy & Berberian
Souvent considérée comme secondaire, la mise en couleur en bande dessinée tient plus du coloriage que d’une réelle démarche créative. En associant le nom d’Isabelle Busschaert au côté des leurs sur le prochain Monsieur Jean, Philippe Dupuy et Charles Berberian reconnaissent ainsi à leur coloriste le statut d’auteur. Pour preuve, les pages de Vivons heureux sans avoir l’air primé à Angoulême, où la couleur prend une incontestable dimension narrative.
Teintes tout en subtilité, mise en lumière de la case avec des réhauts de blanc, parfaite maîtrise des 7 contrastes de couleurs (précédemment définis par Johannes Itten), Isabelle Busschaert n’a jamais joué sur le spectaculaire de la mise en couleur de variations subtiles afin de la mettre en résonance avec le récit graphique et narratif de Monsieur Jean, elle offre à ce dernier la profondeur d’un univers mature.
Pour beaucoup l’écriture à quatre mains reste toujours une énigme. Comment travaillez-vous aujourd’hui après plusieurs livres en commun ?
Notre technique d’écriture a indéniablement évolué, puisque nous concevions auparavant des histoires de six à huit pages. Petit à petit, nous avons mis en place un système d’histoires intégrant à la fois les petites anecdotes et les petites historiettes de la vie quotidienne — des éléments qui, dans le même temps, s’inscrivent dans une plus grande histoire. Notre approche de l’écriture a donc changé.
Que l’écriture à quatre mains puisse étonner les gens est surprenant. La plupart des couples en bande dessinée conçoivent l’histoire à deux, même si les rôles de scénariste et dessinateur sont bien séparés et définis. Bien qu’un scénariste affirme tout écrire, le dessinateur retravaille très souvent le découpage et les dialogues en fonction du dessin et de l’expressivité qui s’en dégage.
La bande dessinée est un travail extrêmement laborieux. Nous pouvons affirmer en ce qui nous concerne, que nous ne sommes pas trop de deux, et même trois car nous collaborons avec une coloriste, Isabelle Busschaert. En cela, nous n’avons rien inventé puisque Hergé et Franquin travaillaient déjà en studio. La seule et notable différence entre eux et nous, c’est l’absence de hiérarchie dans notre fonctionnement. Chez nous, il n’existe pas de chef comme Hergé et Franquin l’étaient pour leurs collaborateurs. Il faut d’ailleurs savoir que les scénarii de Franquin étaient conçus grâce au concours de Delporte et toute une bande d’amis. Ils se réunissaient, discutaient de tout pendant une nuit, et une histoire comme La mauvaise tête surgissait au matin.
En ce qui nous concerne tous les deux, c’est notre longévité qui nous étonne. Nous sommes convaincus que cette longévité tient au fait que nous n’avons pas de rôle précis chacun dans notre collaboration. Notre manière d’aborder une bande dessinée n’est donc pas rigide : il s’agit uniquement de circonstances, d’envies, d’idées. La complémentarité fait que nous y trouvons respectivement notre compte, puisque cette manière s’inscrit aujourd’hui dans la durée. Au fil du temps, nous avons construit une sorte d’entité répondant au nom de Dupuy & Berberian. Une entité derrière laquelle, même si nous nous cachons peut-être, nous travaillons surtout. Une entité grâce à laquelle nous pouvons élaborer des projets chacun dans notre coin, et les amener sur le terrain commun afin d’observer leur évolution.
Monsieur Jean, votre personnage, semble à l’image de votre entité. Il commence par se chercher, sa personnalité est indécise, il prend peu d’initiatives, il n’est manifestement pas sûr de lui … jusqu’à ce dernier livre, le quatrième de la série, où il fait montre de réactions et d’une révolte plus exprimées, plus abouties, plus affirmées : Monsieur Jean est aujourd’hui mature.
Toute cette évolution du comportement illustre avant tout le vieillissement du personnage. De toute évidence, quand on est plus jeune on éprouve plus de difficultés à prendre des décisions, et finalement, lorsqu’elles sont prises, c’est toujours «contre» ou pour «se préserver de». Le temps change la manière d’appréhender la vie.
C’est vrai que la personnalité de notre entité est plus affirmée aujourd’hui qu’hier. C’est vrai encore, que nous envisageons et abordons les événements de manière plus déterminée, plus active. Disons que nous avons réellement ressenti le danger de voir notre collaboration devenir caduque au moment de sa maturité, alors que nous constations avoir franchi un cap par rapport à nos aspirations graphiques et narratives.
Auparavant, notre collaboration reposait surtout sur l’angoisse d’affronter seul, l’un et l’autre, la création ou l’élaboration d’un livre. C’est la raison pour laquelle nous avons fait Le journal d’un album. En dessinant et en racontant chacun notre propre histoire au sein de ce livre, en constatant et en assistant à l’articulation de tous les éléments narratifs que nous apportions, nous nous sommes posés la question de la légitimité de notre collaboration. Nous avons ainsi appris, que malgré le franchissement de ce fameux cap vers la maturité, malgré le sentiment que nous avions d’être chacun plus sûr de soi, la collaboration, notre collaboration, était très importante pour nous par ses apports.
Nous possédons deux personnalités vraiment distinctes, et pourtant elles s’accordent beaucoup. Leur réunion est indispensable à l’élaboration d’un univers tel que celui de Monsieur Jean, où nous faisons vivre et évoluer de très nombreux personnages. Notre entité bicéphale nous préserve d’un nombrilisme exacerbé. Elle nous offre de rester dans le domaine de l’observation, de la description de ce monde et de ce qui nous plait, nous énerve ou nous épuise. Notre réunion nous offre un certain recul.
Il existe une part de chacun de nous dans Monsieur Jean. Ainsi, s’il nous arrive de vivre une expérience négative ou positive dans notre vie de tous les jours, nous allons essayer de l’inscrire celle de Jean. Il s’est passé des choses dans nos vies respectives qui marquèrent l’évolution de Monsieur Jean. La collaboration nous permet donc de ne pas coller à l’événement ou à la situation décrite dans l’histoire, et d’amener une distance face à eux. C’est de cette manière que nous envisageons l’écriture du scénario. Une histoire est toujours enrichie de différentes ambiances et approches.
Quelle fut votre motivation première dans l’élaboration de Monsieur Jean ?
L’idée que nous avions à la naissance de Jean, était de le faire évoluer en même temps que nous. Nous voulions pouvoir raconter ses histoires longtemps, avec une implication et une énergie identiques à celles du début. Nous sentions bien et le savions pertinemment, que nous ne resterions pas toujours dans le domaine de la post-adolescence.
Le journal d’un album était nourri de cette volonté. Nous avions tous deux les mêmes préoccupations, mais nous nous sommes dirigés vers des directions différentes dans nos parties respectives et parallèles de la réalisation de ce livre. C’est à ce moment-là que nous rejoignons les questions que nous pouvions nous poser par rapport à notre collaboration. Nous nous interrogions aussi sur la vie de tous les jours, sur la paternité, sur la vieillesse ou plutôt sur la tentation de ne pas vieillir — si cela était possible…
Il nous apparaissait important d’utiliser le personnage de Monsieur Jean pour essayer d’avancer dans nos vies. Pendant que Jean avance, nous pouvons verser dans sa vie la plupart de nos angoisses, et toutes ces petites contrariétés quotidiennes qui nous déstabilisent en ne contribuant plus à faire de nous ce que nous étions auparavant… Le principe du post-adolescent, c’est justement de vouloir prolonger l’adolescence au maximum. Lorsqu’il se rend compte que cette volonté s’avère irréaliste, il le manifeste par une crise de la trentaine.
Il nous semblait absolument important d’aborder cet aspect de nos vies grâce à Jean. Depuis son second livre, Les nuits les plus blanches, et la scène où il relit la lettre qu’il s’était écrite à dix-sept ans pour l’homme qu’il serait à trente, Jean vit notre évolution commune (la sienne et la nôtre).
L’évolution de Monsieur Jean jouant sur l’expression personnalisée de tous les personnages, est vraiment axée sur un nombre important d’évènements anodins de tous les jours.
Ce qui est important pour nous, c’est notre vision du quotidien. Ce sont tous les petits gestes journaliers qui révèlent vraiment ce que nous sommes les uns et les autres. C’est souvent dans nos obligations, quelles qu’elles soient, que nous trouvons finalement de la liberté. À quoi pensons-nous lorsque nous faisons la vaisselle ? Le temps passé à laver nos assiettes peut être livré à de l’introspection ! De la même façon, que se passe-t-il quand nous sommes dans le métro et que nous nous emmerdons ? Nous regardons les gens, nous pensons, nous réfléchissons !
Ces instants de tous les jours ne nous semblent pas importants, mais ils participent pourtant à la construction de notre personnalité. C’est pendant leur écoulement qu’on prend le temps de réfléchir, qu’on rumine des éléments de nos existences, qu’on les met en place, sans qu’il s’agisse pour autant et inévitablement d’introspection. Finalement, c’est en prenant le métro ou le train qu’on s’enrichit puisqu’ils nous offrent la liberté et le temps de lire.
La vie quotidienne n’est pas donc négligeable. Il ne faut surtout pas lui refuser son importance. Les grandes causes, les grandes victoires et les grands idéaux ne sont pas grand-chose si on les isole de la vie quotidienne. Leur réalité ne tient qu’à l’addition de petites causes, de petits idéaux et de petites victoires de la vie de tous les jours. Vraiment, les petits exploits de tous les jours sont les plus admirables !
La narration dans le dernier livre de Monsieur Jean, établie un lien entre le récit volontairement attaché à Jean et à l’anodin, et celui plus classique et romantique, du personnage du peintre.
Il s’agit plus d’une confrontation que d’un lien entre les deux récits. Nous nous sommes servis de l’histoire de ce peintre pour éclairer, d’une certaine manière, les questions que pouvait se poser Jean face au désir de s’impliquer ou non dans sa relation avec Cathy. Nous ne savons pas si l’histoire du peintre est vraie, seulement, elle dévoile une histoire d’amour dans laquelle un type va jusqu’à bout.
L’histoire de Jean est aussi une histoire d’amour, mais c’est une histoire d’amour de tous les jours… A quel point, dans cette vie de tous les jours, avons-nous (et a-t-il) envie d’aller jusqu’au bout ? Bien sûr, il ne s’agit pas ici de questions aussi romantiques et tragiques que celles de ce peintre qui va jusqu’à la mort pour l’amour d’une femme qui ne le lui rend pas. A la lecture de cette histoire, notre Jean va même se convaincre qu’il n’est pas capable de s’installer avec Cathy…
La naissance de ce doute, de cette hésitation dans l’esprit de Jean, crée une sorte de décalage, une sorte de souffle. Nous sommes tous, dans nos vies, quelque peu alourdis par nos tâches de la vie quotidienne, des tâches et des obligations qui ne nous donnent pas le temps de nous impliquer plus que nous ne le voudrions. Simultanément, nous sommes tout le temps confrontés à des histoires qui nous font rêver, des histoires où les gens sont totalement disponibles. Dans un film, par exemple, quand les personnages sont amoureux, ils le sont constamment ! Au cinéma, la course éperdue d’un individu pour retrouver une fille à travers les rues d’une ville, bien qu’irréaliste, nous rend immanquablement romantique.
Malheureusement, il nous est impossible de vivre une telle aventure. Les obligations quotidiennes (toujours elles), même les plus simples, nous l’interdisent. Au mieux pourrions-nous vivre ainsi l’espace d’une journée… mais certainement pas plus, ne serait-ce que parce que nous travaillons. Nous vivons donc par procuration ! C’est cette prépondérance de la réalité que nous voulons développer dans Monsieur Jean, tout en essayant de garder une dimension un peu romantique. Cette réalité, associée à la coloration particulière du récit du peintre, permet à Jean de grandir et motive son geste à la fin du livre.
On retrouve néanmoins beaucoup d’interrogations sur la vie amoureuse, les enfants, la famille…
On retrouve ces interrogations parce que Jean est en phase avec nous ! Il est notre masque ! Il est chacun de nous ! Nous lui attribuons ce que nous sommes et ce que nous observons chez nos proches. En ce qui concerne notre collaboration, nous n’avons jamais décidé de travailler exclusivement ensemble. Nous n’avons jamais dressé le moindre plan, encore moins sur la durée.
Les circonstances s’assemblent au jour le jour, et nous ne croyons qu’en cela. Si nous continuons, c’est pour cette simple raison. Nous ne faisons pas que de la bande dessinée, puisque nous pratiquons également l’illustration ensemble. Il s’établit toujours comme une partie de ping-pong entre nous, dès que nous abordons un sujet ou un projet. Nous avons toujours fonctionné sur un déclic, sur une lueur d’excitation dans le regard de l’autre. Nous devons toujours croire en ce que nous faisons si nous voulons y entraîner le spectateur quel que soit le genre que nous abordons.
Aujourd’hui, justement, tous les genres sont abordés dans la bande dessinée. Il ne semble pas y avoir de tendance prédominante, ce qui est très appréciable. Il est vrai que l’on a un peu parlé, à un moment, de la tendance autobiographique dans la bande dessinée. Mais cette attention exprimait plutôt le rapport des gens avec l’autobiographie en générale. L’autobiographie provoque toujours des réactions car elle dérange un peu. Ce qui dérange en elle — semble-t-il — c’est sa possibilité d’offrir à une individualité la liberté de s’exprimer à la première personne. Rezvani[1] affirme que l’homme aurait plutôt tendance à tenir un journal de bord, une expression un peu froide et technique du cours de la vie, au contraire du journal intime qui relève d’une démarche beaucoup plus féminine.
En ce qui concerne Le journal d’un album, cela s’est vite dirigé vers le journal intime. À cet égard, les réactions furent très rapides et négatives à son encontre. Cette approche du journal intime dérange. C’est indéniable ! Sa tenue par une gamine de douze ans est bien acceptée, alors que c’est loin d’être évident lorsqu’il s’agit d’un garçon : de sa part, cela semble même bizarre… Ensuite, en vieillissant, les personnes qui tiennent un journal se gardent bien de l’avouer et, encore plus de le crier haut et fort.
L’autobiographie s’est retrouvée quelque temps propulsée sur l’avant-scène de la bande dessinée, soit parce que les gens ont soudain eu envie de la défendre, soit parce qu’elle offrait un nouveau terrain à défricher et découvrir. On a longtemps dit que la bande dessinée était préservée de l’autobiographie en tant que mouvement ou tendance, même si des personnes comme Gotlib ou Crumb avaient déjà pratiqué l’autobiographie avec beaucoup de succès populaire.
Lorsque L’Association a édité ses trois ou quatre premiers ouvrages autobiographiques, des éditeurs comme Vents d’Ouest, Delcourt ou encore Glénat, proposaient en majorité aux lecteurs des tombereaux de bandes dessinées de science-fiction. Le discours du ras-le-bol rapidement entendu vis-à-vis de l’autobiographie en bande dessinée, pour quelques livres édités chaque année, n’est donc ni fondé, ni défendable, face à l’édition du trentième tome de la vingtième série de science-fiction sur le marché. Un trentième tome de vingtième série dont l’édition n’engendre aucune remarque cela dit !
Cet écœurement rapide de certains libraires à l’encontre d’un genre, l’autobiographie, qui ne leur prend aucune place sur leurs tables de nouveautés apparaît pour le moins bizarre. D’autant plus que l’autobiographie est une tendance qui n’est pas très répandue dans la bande dessinée, au contraire du cinéma ou de la littérature où elle relève du genre courant.
Mais qu’importe si ce genre n’est pas reconnu dans la bande dessinée ! Même s’il n’est pas juste ou honnête d’affirmer que la reconnaissance n’a pas d’importance, encore faut-il savoir de quelle reconnaissance nous parlons !
Qu’en est-il de la reconnaissance du statut d’auteur ?
En ce qui concerne la reconnaissance du statut d’auteur, bien qu’il ne soit pas très protégé légalement, nous avons néanmoins tout ce qu’il faut pour être intégrés à cette société plus ou moins branlante, tout en restant quelque peu marginaux. Nous n’avons pas de treizième mois, ni de congés payés, parce que nous avons justement choisi de ne pas courir après ces carottes. Quant à la reconnaissance culturelle de la bande dessinée, nous n’avons pas trop à nous en plaindre : certains auteurs de bande dessinée ne furent-ils pas, dernièrement, décorés Chevaliers des arts et des lettres ? Les auteurs sont également reconnus par le ministère des Affaires étrangères puisqu’ils sont appelés à voyager dans le monde entier pour représenter la culture française et la francophonie.
Vos travaux sérigraphiques tel que Joséphine Baker chez Alain Beaulet offrent un regard différent sur votre création, proche de celui que l’on pose sur la peinture.
Ces deux activités n’ont pas grand-chose en commun. L’une des nombreuses différences, par exemple, réside en ce que le peintre ne sait pas franchement où il va quand il se lance dans une image. Il se laisse aller à son impression du moment, travaille la couleur, la laisse évoluer, revient dessus, arrête quelques temps… La réalisation peut durer un mois, une semaine, trois jours. Le temps ne compte pas pour le peintre. Même celui qui ne prend que trois secondes pour laisser une unique trace sur une toile, connaît souvent une longue période d’incubation avant de sortir cette trace.
L’illustrateur de son côté, cherche à tout maîtriser pour atteindre l’image qu’il s’est fixé au départ : au point qu’un accident dans la réalisation se transforme en catastrophe. Le peintre aurait plutôt tendance à intégrer cet accident ou à se laisser porter par celui-ci dans une nouvelle direction. La peinture est en définitive une activité plus ou moins voisine de la bande dessinée, et pourtant, totalement différente. Certaines personnes rapprochent également la bande dessinée du cinéma. Encore une fois, l’une n’a rien à voir avec l’autre, même s’il est question de cadrages dans les deux cas.
La bande dessinée possède un élément particulier qui lui est propre : la bulle. Qu’importe le cadrage mis en place dans une bande dessinée, celui-ci doit invariablement tenir compte de la place que prend la bulle dans l’image. La bande dessinée nécessite une répartition physique des masses, d’autant que la bulle est une écriture au même titre que le dessin.
Si nous devions jouer de mauvaise foi, et chercher absolument à rapprocher la bande dessinée d’un autre moyen d’expression, nous nous dirigerions plus vers la littérature (bien qu’elle ne soit pas plus proche de cette dernière que des autres). La réalité ne souffre pas de comparaison : la bande dessinée est un langage à part entière possédant sa propre intégrité. Toutes ces comparaisons sont stériles, car en définitive peu importe le moyen d’expression, l’essentiel est de s’exprimer.
L’approche personnelle de la lumière dans l’univers de monsieur Jean, par le travail de votre coloriste, Isabelle Busschaert contribue également à l’établissement de la maturité dans la série.
Il y contribue d’autant plus, que nous avons vraiment trouvé en Isabelle la personne qui complète notre manière de voir la vie. Ce choix de collaboration avec une coloriste tient aussi au fait que nous n’avons pas envie de nous épuiser sur le travail d’un album de bande dessinée. Nous voulons garder notre regard le plus frais possible sur l’univers de Jean. Pour cela, il faut que sa réalisation aille relativement vite et que le livre se fasse toujours dans l’envie.
Ce qui nous plait dans cette démarche, c’est que nous ne savons rien du futur de Monsieur Jean. La seule certitude que nous ayons à son sujet, c’est qu’il va avoir un enfant. En dehors de cela, nous ne savons absolument rien de son évolution. C’est ainsi. Nous ne savons rien de ce qu’il adviendra de lui, comme de nous-mêmes. Tout ce que nous désirons réellement, c’est de continuer à vieillir avec Jean…
Propos recueillis par Bruno Canard. Précédemment publiés dans L’indispensable n°4, octobre 1999.
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