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Ego Comme X (n°9)

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La variété des styles et des thèmes qui s’exprime dans le n°9 de la revue ego comme x n’empêche pas de relever quelques constantes ou points communs (en dehors de l’aspect autobiographique qui se trouve au cœur même du projet de la revue) explicables par la jeunesse des intervenants et le fait qu’ils vivent tous dans des contrées francophones (France, Belgique, Quebec) opulentes et pacifiées. D’où la domination de souvenirs d’enfance ou d’adolescences excluant tout caractère exceptionnel ou spectaculaire. Il n’est donc pas étonnant que Cathy Dal Magro livre un quasi-remake du récit de Simon Hureau publié dans le n° précédent, racontant la galère de touristes désargentés cherchant un lieu pour dormir.

Avec des intervenants venus de Palestine, de Birmanie ou de Sierra Madre, la teneur des récits aurait été sensiblement différente. Pour preuve, quand, dans ce qui s’apparente bien plus à un roman-photo qu’à une bande dessinée, Grégory Jarry questionne un dessinateur serbe comme Aleksandar Zograf, régulièrement publié dans Lapin, celui-ci raconte une histoire de bombes qui menacent d’exploser près du plus grand marché aux puces des Balkans. Dans ce cas, les enjeux nous semblent autrement plus importants que les voyages de Simon Hureau, même quand il traverse un pays moins balisé que l’Italie comme le Cambodge[1] .

Si les expériences relatées ont tendance parfois à se ressembler ou à se jouer sur un mode mineur, elles n’en perdent pas pour autant tout intérêt. Comme dans les genres plus anciens et plus codifiés (western, policier, SF, etc.), ce sont les variations et leur mise en forme qui retiennent l’attention. Pour ma part, j’ai été plutôt sensible aux histoires réalistes narrativement traditionnelles (Frédi Astèr, Cathy Dal Magro, Stéphane Rey, Jimmy Beaulieu), tout en appréciant l’onirisme de Lucas Méthé ou l’humour de Prunelle (« j’ai pas de télé, oui c’est un choix mais qu’est-ce que j’me fais chier. »).
Graphiquement, on repère ici ou là de vagues influences bien dans l’air du temps (Blutch, Sfar) ou plus inattendues : quelques dessins de « Photomatons » le récit d’ouverture de Bert & Nathalie, peut-être le plus réussi, font penser à Frédéric Poincelet, absent de ce numéro tout comme les principaux fondateurs de la revue, Fabrice Neaud et Xavier Mussat, très occupés à préparer leur prochain livre mais dont on aurait aimé avoir quelques nouvelles.

Dernier point, un peu annexe : la revue a modifié sa maquette et, surtout, adopté un papier bouffant qui permet un plus grand confort de lecture.

Notes

  1. Palaces, ego comme x, été 2003, 152 pages.
Site officiel de Ego Comme X
Chroniqué par en décembre 2003